Baisse des réserves de change et nette dépréciation du dinar, sont les principaux axes du rapport semestriel présenté, hier, par le gouverneur de la Banque d'Algérie. Les finances publiques de l'Algérie ont été fortement affectées par la chute des prix du pétrole à travers notamment le creusement du déficit budgétaire et la baisse des avoirs du Fonds de régulation des recettes (FRR) au premier semestre 2015, a affirmé, hier, le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci. Parallèlement à la contraction des recettes de la fiscalité pétrolière, le solde global du Trésor s'est détérioré davantage pour atteindre un déficit de 902,8 milliards de dinars à fin mai 2015 contre un niveau de 463 DA au premier semestre 2014. En conséquence, les ressources du FRR ont chuté à 3.441,3 milliards de dinars à fin juin 2015, subissant une érosion drastique de l'ordre de 1.714,6 milliards de DA entre fin juin 2014 et fin juin 2015, soit une réduction de 33,3% en l'espace de douze mois après plusieurs mois d'efforts soutenus d'épargne budgétaire. Ainsi, les recettes de la fiscalité pétrolière ont atteint 1.254,9 milliards de dinars à fin juin 2015 contre 1.518,3 milliards de dinars au second semestre 2014 et 1.870 MDS DA au premier semestre de la même année. Selon Mohamed Laksaci, les réserves de change se sont établies à 159,027 milliards de dollars à fin juin 2015 contre 178,938 milliards de dollars à fin décembre 2014. A fin juin 2014, début de la chute des prix du pétrole, les réserves de change étaient de l'ordre de 193,269 milliards de dollars. Ce sont donc quelque 34,242 milliards de dollars qui viennent fragiliser la manne financière en raison de « l'impact du choc externe sur la balance des paiements extérieurs de l'Algérie depuis le quatrième trimestre 2014 », affirme Laksaci. Cependant, le niveau des réserves de change « reste adéquat pour faire face au choc externe en situation de très faible dette extérieure située à 3,353 milliards de dollars à fin juin 2015 », a souligné le gouverneur de la Banque centrale. Par ailleurs, la tendance baissière a également caractérisé le dinar qui a enregistré une dépréciation de 22 % par rapport au dollar américain. Cependant, la monnaie nationale s'est appréciée de 6%par rapport à l'euro au premier semestre 2015 comparativement à la même période de 2014. Selon le gouverneur de la Banque d'Algérie, ces tensions « impactent significativement les cours de change des pays émergents et en développement ». Par ailleurs, la relative flexibilité du cours du dinar sur le marché interbancaire des changes permet d'absorber, en partie, l'effet de la chute des prix du pétrole dans un souci de prévenir toute appréciation du taux effectif réel dommageable pour la stabilité macro-économique à moyen terme, a expliqué Laksaci, affirmant que les interventions de la Banque d'Algérie sur le marché « s'inscrivent dans cet objectif stratégique ». Sur un autre chapitre, et concernant la relance du crédit à la consommation, Laksaci indique que cette opération est tributaire de l'entrée en service de la centrale des risques, prévue pour la mi-septembre. La nouvelle centrale des risques qui constituera « un important outil d'aide à la gestion des risques de crédits » par les banques de la place, contribuera aussi « à la reprise effective du crédit à la consommation », a affirmé Laksaci. Le retour du crédit à la consommation avait été décidé par la tripartie de février 2014 (gouvernement-UGTA-patronat) après avoir été suspendu en 2009 pour ne pas alourdir la facture des importations et encourager la production nationale. Le crédit à la consommation aux ménages, dont les conditions et les modalités ont été fixées en vertu d'un décret exécutif publié au Journal officiel en mai dernier, concerne les biens fabriqués par des entreprises exerçant une activité de production ou de service sur le territoire national et qui produisent ou assemblent des biens destinés à la vente aux particuliers. En ce qui concerne l'inflation, son taux est passé de 3,82% en décembre 2014 à 4,62% en mars 2015 pour clôturer le premier semestre 2015 à 5,18%, selon la même source. Par ailleurs, une série de mesures ont été prise par la Banque d'Algérie pour faire face à l'acuité du choc externe. La Banque centrale effectuera également en novembre et décembre 2015 des exercices de stress tests des banques de la place sur la base des résultats des audits financiers en cours dans le cadre du développement des instruments de surveillance macro-prudentielle. La plus haute institution financière du pays a, en outre, incité les banques à développer leurs capacités à accompagner la création et le développement des PME productives et de dynamiser leur activité de conseil à la clientèle notamment l'expertise en matière d'analyse de projets pour promouvoir le développement des crédits d'investissement.