Alger réclamait cette visite depuis longtemps : le 17 septembre, la haute représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Federica Mogherini, fera escale en Algérie dans le cadre de sa tournée régionale – elle était en Tunisie en mars et au Maroc en juillet. La dernière fois qu'Alger a reçu un chef de la diplomatie européenne, c'était en 2012. A l'époque, Catherine Ashton s'était réjouie «des réformes engagées (par l'Algérie) pour aller de l'avant». Jeudi prochain, Federica Mogherini arrivera donc avec sous le bras trois dossiers importants : sécurité et lutte antiterroriste, énergie, migration. Et inévitablement, il sera un peu question de l'Accord d'association (AA) signé en 2002, que l'Algérie aimerait «revoir». Le mécontentement des autorités, qui s'exprimait depuis un an par des voix détournées (via le patronat notamment), est devenu très formel en juin dernier, lors de la réunion du Conseil d'association à Bruxelles. En clair, l'Algérie estime «avoir donné plus qu'elle n'a reçu» en matière d'investissements et d'échanges commerciaux. Dans les faits, l'UE reste son premier partenaire : les importations algériennes auprès de l'UE ont représenté 48,88% des importations globales pour plus de 13 milliards de dollars. Les exportations, 71, 27% du total pour, là encore, un peu plus de 13 milliards de dollars. Alors qu'en dix ans, le volume global des importations a triplé, la proportion des produits en provenance du nord de la Méditerranée, elle, n'a pas changé. Quant aux investissements, le commissaire en charge de l'énergie et du climat, Miguel Arias Canete, s'était engagé en mai dernier à Alger à ce que l'UE injecte plus d'argent dans l'exploration et la production gazières. Alors, où est le problème ? Le pouvoir algérien semble convaincu que son poids géopolitique et sa contribution à la gestion des problèmes régionaux et internationaux (sécurité et lutte contre le terrorisme, Mali et sécurité énergétique) ne sont pas suffisamment reconnus par l'UE. Pour preuve, certains irritants politiques qui semblent périodiquement obscurcir le ciel, en général sans nuage, d'une relation géopolitiquement incontournable mais qui est loin – s'accordent à souligner les deux parties – d'avoir pleinement matérialisé son potentiel. Sous la pression de la chute du prix du baril, les espoirs liés à l'AA (réformes et diversification économiques, flot des IDE européens..) reviennent logiquement sur le tapis. Lors du dernier Conseil d'association, Federica Mogherini avait confirmé à son homologue algérien la disponibilité de l'UE à se pencher ensemble sur la mise en œuvre de l'Accord. L'objectif ? Repenser les réformes économiques sans lesquelles les promesses de l'AA ne resteront éternellement que des espoirs déçus.