La politique de rationalisation des dépenses publiques, annoncée par le gouvernement au milieu de l'été, va finir par prendre les contours d'un programme d'austérité accompagné d'un train de mesures qui vont fortement réduire le pouvoir d'achat des citoyens. Le choix des mots pose déjà problème à un Exécutif qui se propose de recréer une économie productive dans un pays qui n'a jamais remis en cause sa dépendance totale à la rente pétrolière. «Le gouvernement n'envisage pas d'adopter la politique d'austérité qui a toujours engendré la pauvreté. L'Algérie n'est pas arrivée à ce stade», déclarait Sellal, le 23 juillet dernier, sur la télévision publique. Le discours officiel est appelé à être actualisé à l'occasion de cette rentrée qui réserve à l'opinion publique quelques révélations et développements de la conjoncture nationale. Des dispositions de l'avant-projet de la loi de finances 2016 dont font état des médias, ces derniers jours, nous apprennent que le «dispositif» mis en place par le gouvernement pour faire face à la crise va mettre à contribution la population dans nombre de secteurs de la vie quotidienne. Même si cette communication informelle choisie par les autorités focalise sur certains aspects non essentiels dans la vie des citoyens, comme la connexion 3G ou l'acquisition d'ordinateurs portables, le relèvement des taxes toucherait certains chapitres qui ne sont pas anodins, comme le carburant, l'électricité et l'eau. La dépense consentie par les automobilistes pour l'achat des vignettes est déjà assez lourde et son augmentation passerait presque inaperçue. Si le citoyen ne se préoccupe pas, au vu de la conjoncture économique, de l'accès à internet de dernière génération, il n'en est pas de même des secteurs névralgiques, comme le transport et l'énergie. Le relèvement du prix du gasoil entraînera mécaniquement celui du ticket de bus. Pour les populations active ou scolarisée, l'incidence ne manquera pas de se faire ressentir. Dans un pays où la précarité sociale est une réalité incontestable, avec les difficultés d'accès aux soins, au logement et au travail, de nouveaux coups de boutoir institutionnels aggraveront immanquablement une détresse déjà profonde au sein de la société. Après les longues années de gabegie doublée de prédation, le contexte national s'alourdit d'une crise financière rendue fatidique par la chute des cours du pétrole. Les autorités savent qu'elles évoluent sur un terrain qui, sans être une poudrière, est extrêmement sensible. A la complexité de la mission de redémarrage économique du pays, s'ajoute celle de la communication à mettre en œuvre pour «préparer» la société à des lendemains de disette. Dans l'appareil de l'Etat, la démarche ne semble pas cohérente, ce qui ne rassure pas sur la bonne conduite des affaires publiques dans une conjoncture aussi cruciale. Une aile du pouvoir plaide pour le langage de vérité, avec le risque de «sonner» l'opinion publique, tandis que le gouvernement opte pour les ballons-sondes et des annonces à dose homéopathique sur son plan anticrise. Efficace et uni quand il s'agissait de vaincre l'adversité politique pour prolonger son règne, le pouvoir en place paraît moins armé pour adopter une stratégie coordonnée de gestion de la crise économique.