Des forces spéciales israéliennes ont pris d'assaut, hier matin, la mosquée El Aqsa et agressé les fidèles et les étudiants qui s'y trouvaient. La garde jordanienne chargée de sécuriser les lieux a subi le même sort. Les forces d'occupation israélienne ont utilisé des balles en caoutchouc, des bombes lacrymogènes et fumigènes pour les forcer à quitter les lieux. Elles ont imposé par ailleurs un siège autour de l'Esplanade des Mosquées, interdisant aux Palestiniens de moins de 45 ans d'y accéder. Les forces d'occupation israéliennes sont entrées dans la mosquée El Aqsa dans le but, en réalité, de la vider de ses fidèles, à quelques heures de la célébration de la nouvelle année juive. C'est ce qui a provoqué les affrontements entre les deux parties. Les heurts avec les citoyens palestiniens étaient violents et ont fait plus de 100 blessés parmi les hommes et les femmes qui tentaient de faire face à ce nouvel assaut contre ce troisième lieu saint de l'islam. Selon le correspondant de l'agence de presse palestinienne officielle Wafa, toute la ville sainte est devenue une véritable caserne tellement la présence militaire israélienne est importante. Les échauffourées et les heurts dans la ville sainte ont rappelé aux Palestiniens l'atmosphère qui régnait durant l'Intifadha populaire qui a pris le nom d'El Aqsa déclenchée en septembre 2000, qui a duré plusieurs années durant lesquelles le langage de la violence s'est imposé. Des milliers de Palestiniens avaient été tués, blessés ou emprisonnés. A l'époque, Ariel Sharon, chef de l'opposition israélienne représentée par la droite, n'a jamais cru au processus de paix et a tout fait pour qu'il échoue. Pour y parvenir. Il avait alors effectué une visite provocatrice sur l'Esplanade des Mosquées. Alibi mortel La même droite actuellement au pouvoir, à sa tête le Premier ministre Benyamin Netanyahu, utilise les mêmes moyens pour créer de nouvelles tensions et pousser les Palestiniens à la révolte. Cela lui donnerait un alibi pour justifier la répression du peuple palestinien. Il pourrait ainsi tenter de faire oublier la victoire politique obtenue par l'OLP à l'ONU, avec l'autorisation donnée aux Palestiniens de hisser leur drapeau à son siège, à New York. Le ministre israélien de l'Agriculture, Ori Ariel, était en tête des extrémistes juifs qui ont ciblé la mosquée El Aqsa hier matin. Le président Mahmoud Abbas a fermement condamné l'attaque israélienne. Son porte-parole, Nabil Abou Roudeina, a déclaré, suite à cette nouvelle agression, que «la ville sainte d'El Qods (Jérusalem-Est) et les lieux saints musulmans et chrétiens sont une ligne rouge». «Nous ne resterons pas les bras croisés devant ces agressions», a-t-il poursuivi. Nabil Abou Roudeina a ajouté que le président Abbas a entrepris des contacts intensifs avec toutes les parties locales, régionales et internationales, particulièrement la Jordanie, le Maroc et l'Organisation de la coopération islamique «pour faire face aux attaques que subit la mosquée El Aqsa». Baril de poudre L'imam de la mosquée El Aqsa et mufti des terres palestiniennes a appelé à plus de mobilisation sur l'Esplanade des Mosquées «pour faire échouer les plans de l'occupant visant à imposer aux Palestiniens musulmans un partage de la mosquée El Aqsa». La judaïsation de la ville sainte d'El Qods, abritant la mosquée El Aqsa, se poursuit sans relâche depuis son occupation et son annexion par Israël, en 1967. Cette judaïsation ne pourra être complète qu'en cas de domination totale de la mosquée El Aqsa, troisième lieu saint de l'islam, qui, depuis quelques mois, est la cible favorite des colons et des extrémistes juifs. Le but final est de construire ce qu'ils appellent un «temple juif» à sa place. Les Palestiniens restent très attachés à leur ancienne ville et à la mosquée en particulier. Ils veilleront à faire échouer les plans israéliens, même au prix de nouveaux milliers de morts. A noter que la Jordanie et l'Egypte ont condamné, hier, l'attaque des forces d'occupation israéliennes. «Le gouvernement jordanien condamne l'assaut perpétré par des forces spéciales de l'armée de l'occupation israélienne contre la mosquée El Aqsa (...) exprimant son rejet catégorique de ces actes», a déclaré Mohamed Momani, ministre de l'Information et porte-parole du gouvernement, dont le pays est gardien du lieu saint selon le statut de 1967. M. Momani a dénoncé «des tentatives de la part d'Israël de changer le statut» et a appelé l'occupant israélien à «arrêter ses provocations» et à «empêcher les agressions contre les lieux saints». «La répétition des agressions israéliennes (pourrait) être l'étincelle qui risque de raviver le conflit et l'extrémisme et enterrer les espoirs de tout règlement politique», a-t-il dit. En agissant de la sorte, c'est visiblement ce que cherche Tel-Aviv.