En Algérie, l'histoire est une longue série d'aberrations. Au moment où le commun des Algériens sait beaucoup de choses sur la présence romaine, l'histoire numide avait été de tout temps occultée. Cette amère vérité se vérifie clairement à travers l'histoire de la philatélie algérienne. Une injustice qui demeure traînée comme une tache noire. Il a fallu attendre l'année 1992, soit 30 ans après l'indépendance, pour que la Poste algérienne daigne, enfin, consacrer un timbre à l'un des symboles de l'histoire numide. Il s'agit d'une illustration de la fameuse monnaie du grand Aguellid Massinissa, remontant au IIe siècle avant J.-C., portant sur la face un portrait du roi numide et sur le côté pile le dessin d'un éléphant. La série des monnaies, dessinées par Sid Ahmed Bentounes et imprimées chez le Suisse Courvoisier, est parue le 16 décembre 1992. Comme pour rattraper le temps, ce regain d'intérêt pour l'histoire de l'Algérie numide paraîtra dans une seconde émission de deux timbres, dessinés par Kamereddine Krim, parus le 16 juin 1993 et qui seront consacrés à deux monuments très connus. Le premier est le mausolée royal de Mauretanie, à Tipasa. Le second est le mausolée royal d'El Khroub, plus connu par le Tombeau de Massinissa, alors que les nombreux archéologues soutiennent qu'il a abrité la sépulture de son fils Micipsa. Pour la première fois qu'un timbre de ce genre a été imprimé par la Banque centrale d'Algérie, le tirage estimé à 2 525 000 exemplaires est pour le moins appréciable. Peu importe, puisque cette lancée, qui a commencé à intéresser les adeptes de la thématique historique, sera vite interrompue. Il faudra attendre encore onze ans, soit en 2004, pour voir réapparaître encore une fois l'histoire de l'Algérie numide sur des timbres poste grâce à une mémorable série de cinq timbres consacrés aux rois numides, œuvre de l'inévitable Sid Ahmed Bentounes. C'était vraiment une première dans l'histoire de la philatélie algérienne. Ainsi, toute la lignée de Massinissa sera immortalisée. A commencer par le grand Aguellid qui a régné de 203 Av J.-C. à 148 Av J.-C., après avoir vaincu Syphax et repris son royaume, suite à la deuxième guerre punique entre Rome et Carthage, avant de se distinguer dans la fameuse bataille de Zama en 202 Av-J.-C. Il mourut à l'âge de 90 ans, laissant derrière lui un Etat puissant. Dans l'ordre de succession, il y aura son fils Micipsa (-148 à -118), puis son petit-fils Jugurtha (-118 à -105), puis ses descendants Juba I (-50 à - 46) et son fils Juba II (-25 à 23 après J.-C.). Une deuxième série sur les rois numides du même dessinateur est venue compléter cette «saga» en 2005, avec un timbre du dernier roi numide Ptolémée, fils de Juba II (23 à 50), mais aussi, ironie du sort, l'émission d'un timbre consacré à Syphax (-220 à -203), celui-là même qui a réussi à détrôner le jeune prince Massinissa en 205 Av J.-C., lui ravir son ex-fiancée Sophoisbe, et réussir à prendre Cirta, avant de connaître la défaite et l'exil à Rome. En 53 ans d'histoire philatélique, dix timbres seulement ont été consacrés à l'Algérie numide. Une histoire tronquée si l'on sait que le magnifique monument funéraire du Medracen, situé dans la wilaya de Batna, dont la construction remonte à 300 Av-J.-C., a été superbement oublié. Parmi les victimes de l'amnésie historique, figure la célèbre personnalité du chef des Numides Tacfarinas, celui qui a mené la révolte dans l'actuel sud-est constantinois dont il est originaire. Ancien auxiliaire de l'armée romaine, Tacfarinas a dirigé la première résistance populaire contre la colonisation romaine entre les années 17 et 24, en réussissant à réunir les tribus numides, auressiennes et maures. Il sera battu et tué sous les murs de la ville d'Auzia (actuelle Sour El Ghozlane).