En évoquant les subventions alimentaires ou celles touchant les carburants, l'eau et l'électricité, le ministre des Finances reste sur ses gardes et ne s'avance pas, contre toute logique économique, sur un calendrier qui permettrait à l'Exécutif de se délester d'un poids qui pèse lourdement sur les équilibres budgétaires. Malgré son discours sur l'austérité, le gouvernement ne compte pas effectuer de changement immédiat dans sa démarche économique et sociale, préférant s'accrocher encore au système de subventions et de dépense publique. Il se refuse ainsi, selon les déclarations du ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, à rogner sur les subventions malgré les recommandations du FMI, estimant, selon ce que déclare le ministre, que cela pourrait constituer «un grand danger». Un risque social que le ministre ne nomme pas, mais que le gouvernement n'est apparemment pas prêt à prendre, au vu des répercussions qu'il pourrait avoir sur la stabilité politique du pays dont se targuent depuis des années les pouvoirs publics. Une stabilité qui a été maintenue à maintes reprises à coups de milliards de dinars de subventions, notamment lors des différents épisodes de ce que l'on nomme le Printemps arabe ayant touché les pays voisins. Le gouvernement veut maintenir la paix sociale ainsi achetée grâce à la rente pétrolière malgré la pression économique dont il est l'objet depuis plus d'une année, suite à l'effondrement des cours du baril. En évoquant les subventions alimentaires ou celles touchant les carburants, l'eau et l'électricité, le ministre des Finances reste sur ses gardes et ne s'avance pas, contre toute logique économique, sur un calendrier qui permettrait à l'Exécutif de se délester d'un poids qui pèse lourdement sur les équilibres budgétaires. La politique des subventions des carburants a d'ailleurs été évoquée avec insistance par le gouvernement, avant qu'il ne décide, en fin de compte, de faire l'impasse sur les mesures annoncées et prévues dans la loi de finances complémentaire pour 2015, à l'image de la carte de consommation plafonnée des carburants. Selon M. Benkhalfa, «le changement doit être progressif». Evasif, il a déclaré jeudi, en marge de son passage à l'APN, lors de l'adoption de l'ordonnance portant loi de finances complémentaire pour 2015, que la définition d'une échéance précise n'est pas possible. La dépense publique est maintenue à moyen terme. Par ailleurs, le ministre parle de garder le cap et insiste sur un passage graduel de la politique économique actuelle à une nouvelle approche, plus rationnelle. Il a souligné, selon l'APS, que le gouvernement va passer graduellement, dans sa politique budgétaire, d'une dépense publique massive à des financements basés sur les ressources du marché, même si le cap de ces dépenses «sera maintenu» à moyen terme afin d'atteindre les objectifs de croissance hors hydrocarbures. «L'ordonnance portant loi de finances complémentaire pour 2015 s'inscrit dans les orientations du Conseil des ministres de décembre 2014 (…). Nous allons maintenir le cap pour les trois ou quatre années à venir», a indiqué M. Benkhalfa à l'APN, lors de la séance consacrée au vote de cette ordonnance. «Ce cap s'articule autour de trois orientations : la valorisation des ressources, l'encouragement des entreprises créatrices de valeur ajoutée et la sauvegarde des progrès en termes de politique sociale», a-t-il précisé. Cette politique sociale «ne sera en aucun cas secouée de manière brusque» en dépit de la baisse des prix du pétrole et des revenus extérieurs de l'Algérie, a-t-il promis. Le passage d'une économie basée quasi-exclusivement sur la dépense publique vers une économie financée par les ressources extrabudgétaires se fera donc «de manière progressive», selon le ministre. Pour ce faire, «l'Algérie a besoin d'une mobilisation soutenue des ressources internes», a-t-il ajouté dans une déclaration à la presse, en insistant de nouveau sur le fait que le programme de mise en conformité fiscale volontaire, lancé en août dernier pour tenter de bancariser l'argent informel, «ne représente ni une amnistie fiscale ni un encouragement du blanchiment d'argent». Par ailleurs, évoquant le projet de loi de finances pour 2016, approuvé récemment par le gouvernement, il a avancé que ce texte révisera à la baisse le prix du marché du baril de pétrole, établi à 60 dollars dans le cadre de la LFC 2015. La poursuite de l'assainissement des comptes d'affectation spéciale (CAS) se fera dans le cadre de ce texte qui introduira, en outre, «un retour à la taxe intérieure sur la consommation (TIC) dans l'objectif d'encourager la production nationale», a-t-il dit, sans fournir plus de détails.