93 millions de personnes diabétiques dans le monde sont atteintes de rétinopathie diabétique, dont 40% souffrent d'un œdème maculaire diabétique. Seulement, un patient sur trois s'en préoccupe, selon les résultats de cette étude internationale. Les premiers résultats du projet Baromètre sur la rétinopathie diabétique (RD) et l'œdème maculaire diabétique, réalisés dans 41 pays, dont l'Algérie — seul pays du Maghreb — ont été rendus publics, le 17 septembre à Nice, lors d'une conférence de presse organisée par un panel d'experts d'organisations internationales, dont la Fédération internationale du diabète (IDF), la Fédération internationale sur le vieillissement, l'Agence internationale pour la prévention de la cécité (IAPB) et l'Académie de médecine de New York ainsi que les initiateurs de cette étude de grande envergue. La première phase des résultats de cette investigation, qui concerne 8 pays, dans un premier temps, met en exergue toutes les difficultés et l'impact des complications du diabète sur la vie privée, professionnelle et sociale des patients. Cette évaluation est axée sur le management de la rétinopathie diabétique et l'œdème maculaire diabétique. Il s'agit d'un engagement international pour préserver une bonne vision à travers la sensibilisation, l'accès au traitement et à l'éducation thérapeutique des patients, ont précisé les organisateurs. Un tiers des adultes atteints de diabète à travers le monde, environ 93 millions de personnes, sont atteints de rétinopathie diabétique et avec la croissance du diabète, le nombre de personnes va continuer à augmenter, ont souligné les experts. Cette étude, conduite par 1451 professionnels de la santé, diabétologues, ophtalmologistes, endocrinologues et autres, a touché 3590 personnes atteintes du diabète à travers 41 pays en Europe, en Amérique, en Afrique, en Asie, en Océanie et en Moyen-Orient. L'étude en question est financée par le laboratoire Bayer Pharma, qui contribuera également à la diffusion des résultats. Le laboratoire n'est pas impliqué dans la collecte ou l'analyse des données relatives à cette recherche, ont tenu à préciser les organisations participantes. Pour l'Algérie, dont les résultats n'ont pas été communiqués dans cette première phase, l'enquête a été menée par 96 médecins, ophtalmologues et diabétologues dans le secteur public et privé, et a touché près d'une cinquantaine de patients diabétiques. A travers l'analyse présentée par les experts concernant cette première phase de l'étude qui représente une évaluation qualitative et quantitative des patients et des professionnels de santé en Ouganda, en Allemagne, au Bengladech, en Roumanie, au Mexique, en Argentine, au Japon et en Arabie Saoudite, il est aujourd'hui urgent, plaident les spécialistes, pour la mise en place de programmes nationaux de santé publique et à long cours pour la prise en charge du diabète et la prévention de toutes ses complications, notamment ophtalmiques qui constituent un sérieux problème pour la vie des patients. Généraliser le dépistage systématique chez toute personne diabétique est le mot d'ordre des experts qui ont également appelé les professionnels à plus d'engagement pour la sensibilisation et la prise en charge de leurs patients. Ces derniers doivent être informés sur tous les risques des complications liées à la maladie, a informé le Dr David Cavan, de la Fédération internationale du diabète, chargé de la politique des programmes. 40% de ces diabétiques perdent la vue suite à une rétinopathie diabétique aiguë après 10 à 15 ans de diabète, 17% sont touchés par les maladies cardiovasculaires suivies de l'amputation (16%), l'insuffisance rénale (13%) et la neuropathie (4%). L'étude a donc montré, a-t-il encore indiqué, que presque tous les diabétiques sont conscients que la perte de la vision est une des complications du diabète, mais seulement un patient sur trois semble en être préoccupé, et l'étude a montré que 22% des personnes interrogées estiment que la perte de vue est due au vieillissement et 76% d'entre elles affirment ne pas avoir accès aux consultations spécialisées. La prévention et l'éducation thérapeutiques sont les deux axes principaux sur lesquels les systèmes de santé doivent s'appuyer, d'autant que ces résultats montrent toutes les défaillances à ce niveau. Il signale aussi que bien que les patients pensent faire tout ce qu'ils peuvent pour éviter la perte de la vue, mais un patient sur trois considère ne pas bien gérer son diabète. L'absence d'informations pour justement sensibiliser le patient est aussi révélée dans cette étude par les professionnels de la santé qui, eux-mêmes, estiment ne pas avoir assez d'informations à fournir aux patients. Il en ressort aussi que les ophtalmologues sont rarement impliqués dans l'éducation thérapeutique. Ce sont plutôt les médecins diabétologues et les généralistes qui l'impliquent dans leurs programmes. Mais il reste que les patients, rapportent les experts, consultent tardivement et l'accès au spécialiste, notamment l'ophtalmologue, reste encore difficile, surtout dans certaines régions rurales.