L'Algérie comptait trois millions de diabétiques en 2010 contre un million en 1993 alors que le ministère de la Santé indique qu'il y a un risque de comptabiliser près de 4,2 millions de diabétiques en 2025 si les mesures de préventions ne sont pas engagées. Tels sont les chiffres avancés hier par M. Kouadri, président de la Commission de santé et des œuvres sociales, du travail et de la formation professionnelle de l'APN à l'occasion d'une journée parlementaire sur le plan national de lutte contre le diabète. Selon le même responsable, 21,8% des rétinopathies sont d'origine diabétique, 75% de diabétiques meurent des suites de cardiopathies, 30 à 40% ont des complications rénales alors que 14% des dialysés sont diabétiques. Les statistiques font ressortir que le diabète constitue la première cause d'amputation dont le coût est estimé entre 350 000 et 900 000 DA pour le diabète du pied. Au total, 7800 à 13 000 opérations d'amputations sont enregistrées annuellement en Algérie. Trois facteurs essentiels concourant à augmenter le nombre de diabète en Algérie. Il s'agit, selon Djamila Nadir, chargée du programme maladies non transmissibles au niveau du ministère de la Santé, du vieillissement de la population, la dégradation de la qualité alimentaire, la malnutrition, le stress et la sédentarité. Raison pour laquelle la spécialiste a recommandé à l'assistance de redoubler d'effort en matière de sensibilisation, dépistage précoce des personnes à risque, d'amélioration de la qualité de la prise en charge des diabétiques en matière d'examens de contrôle et de suivi et agir sur le régime alimentaire en d'encouragement à l'activité physique régulière. Chose que confirme le docteur Boudiba, endocrinologie et diabétologie au CHU Mustapha-Pacha. «Si le traitement actuel du diabète reste encore partiel, cela est lié à l'environnement hygiéno-diététique de plus en plus néfaste», a précisé le spécialiste. Sentence de Mme Nadir : «Il est urgent que notre pays élabore des programmes et plans d'action complets et intégrés». Concernant le dépistage, Rachid Malek, chef de service médecine interne au CHU de Sétif, affirme que 60% des personnes atteintes passent par ce qui est appelé par le «pré diabète». Selon lui, le dépistage est le moyen le plus fiable. Ce genre d'examen a touché plus de 400 000 personnes âgées de 35 ans et plus à l'échelle nationale lors d'une campagne organisée par le ministère de la Santé en 2006. Plus du tiers des sujets qui se sont présentés souffraient d'un surpoids et plus du quart étaient obèses. «Les facteurs de risques du diabète les plus fréquents sont les antécédents familiaux et l'hypertension artérielle», a noté le spécialiste. BEAUCOUP DE MOYENS, PEU DE RESULTATS Pour le Pr Mohamed Belhadj, diabétologue au CHU d'Oran, le circuit des soins est constitué de quatre niveaux de prestation. Il s'agit des salles de soins encadrées par des médecins généralistes, les polycliniques assurant des consultations spécialisées, les établissements hospitaliers publics et les CHU. Mais ce système est miné par des dysfonctionnements malgré les moyens financiers déboursés par l'Etat. D'où l'importance, dira-t-il, de l'éducation thérapeutique. Selon le professeur, les maisons de diabétiques jalonnant le territoire national s'éloignent de leur mission. S'ajoute à cela l'absence d'encadreurs qualifiés qui pose le problème de formation des paramédicaux.