L'Afrique bouge. Les peuples africains ne sont plus ce qu'ils étaient. Ils ne veulent plus être soumis aux dictatures, aux hommes providentiels, au clanisme, au tribalisme. Ils veulent être les maîtres de leur destin, vivre dans une démocratie authentique, être libres. Le peuple burkinabé vient d'en faire la démonstration. Le chef de la garde présidentielle, le général Gilbert Diendéré, vient de faire un coup d'Etat, mettant fin à une période de transition qui devait se terminer le mois prochain avec l'organisation d'élections législatives et présidentielle libres. Le putsch a eu lieu deux jours avant la publication d'un rapport d'une commission d'enquête sur l'assassinat, il y a 15 ans, du charismatique président Thomas Sankara, auquel avait succédé, à l'époque, son «compagnon» et second, Blaise Compaoré. A l'époque des faits, Diendéré était chargé de la répression des manifestations pro-Sankara. A-t-il perpétré le coup pour empêcher la publication d'un document qui les mettrait en cause, lui et Compaoré, c'est-à-dire la voie ouverte pour le TPI ? De toute évidence, les Burkinabés n'avaient pas à entrer dans ces considérations. Il y a de cela 11 mois, ils étaient descendus massivement dans la rue pour exiger la démission de Compaoré et ont tenu le coup, malgré une sanglante répression, jusqu'à ce qu'il se soit enfui en voiture à l'étranger, en prenant soin d'embarquer avec lui un précieux pactole. C'est cette formidable victoire que veut remettre en cause l'apprenti dictateur. Mais la réaction populaire a été extraordinaire et une belle leçon pour les rares peuples africains du Nord ou du Sud qui subissent le joug de potentats. C'est un signe que les peuples sont plus déterminés que jamais à ne pas se laisser faire. On l'a déjà vu en Côte d'Ivoire, lorsque Laurent Gbagbo a cherché, par la violence, à remettre en cause la victoire par les urnes de son adversaire Alassane Ouatara, ou au Sénégal où Abdoulaye Wade a tenté de s'accrocher au pouvoir malgré sa défaite électorale face à Macky Sall. Ce sont là des signes révélateurs des nouvelles mentalités qui s'imposent en Afrique, tournées vers une démocratie totale et le respect absolu des libertés. C'est la preuve que l'Afrique subsaharienne est tournée vers l'avenir, qu'elle entre de plain-pied dans le XXIe siècle, contrairement à l'Afrique du Nord marquée par la régression que tout le monde connaît. Le FMI et la Banque mondiale sont d'accord pour dire que l'Afrique est le continent de demain et qu'elle sera la locomotive de l'économie mondiale. Le cas de l'Ethiopie, qui était parmi les dix pays les plus pauvres du monde et qui a aujourd'hui un taux de croissance à deux chiffres, est significatif et un exemple qui étonne la planète.