Environ 150 ouvriers de la Sorest (Société de réalisation de l'Est) se sont rassemblés hier devant le tribunal de Belouizdad en signe de solidarité avec trois de leurs collègues qui devaient comparaître dans l'après-midi. Ces derniers ont été traduits en justice par le directeur de l'entreprise, qui les accuse d'être derrière les troubles internes qui secouent Sorest, suite à de récents mouvements de protestation. Les participants au rassemblement étaient venus démontrer que l'ensemble des travailleurs est concerné et pas seulement les trois inculpés. Pour Ahmed M., un ferrailleur rencontré sur place, le directeur utilise la stratégie du bâton pour faire peur aux travailleurs et les dissuader de manifester d'une manière ou d'une autre, leurs revendications. Pourtant, il s'agit bien de revendications légitimes, selon notre interlocuteur qui n'hésite pas à exhiber son bulletin de salaire. Moins de 22 000 dinars par mois à un ouvrier qui cumule 13 ans de service. Un autre ouvrier détaille ce bulletin sur lequel le salaire de base inscrit ne dépasse pas 14 000 dinars. La détresse était visible sur ces visages abimés par les aléas du temps passé sur les chantiers de construction. Pourtant, la Sorest, société de bâtiment, née de la restructuration de la défunte Sonatiba, ne manque pas de projets. Les manifestants ne comprennent pas que la grille des salaires n'évolue jamais dans leur entreprise, si ce n'est de l'injustice, disent ceux que nous avons rencontrés. En audience, le juge a ajourné l' affaire en attendant d'établir le constat sur place.