Les travailleurs de l'entreprise Restaurail, une filiale de la Société nationale des transports ferroviaires, ont observé hier une journée de protestation suivie d'un préavis de grève illimitée déposé auprès de la direction régionale. Les quelque 240 travailleurs, représentant l'essentiel de l'effectif de cette filiale, se sont rassemblés hier matin sur les quais de la gare ferroviaire de Agha en signe de protestation contre ce qu'ils appellent « la dégradation de la situation socioprofessionnelle des travailleurs ». Bien que le réseau ferroviaire n'ait pas été paralysé, les horaires de départ des trains, notamment celui desservant la ligne Alger-Oran, ont subi quelques perturbations. Autre conséquence de cette journée de protestation : les prestations de services à bord des locomotives n'ont pas été assurées par les agents de Restaurail. Parmi les revendications mises en avant par le collectif des travailleurs figurent, entre autres, l'augmentation des salaires et les indemnités y afférentes, l'amélioration des conditions de travail, d'hygiène et de sécurité, la réintégration des travailleurs licenciés et le rétablissement de l'accès aux facilités de circulation à bord des trains et ce, par la restitution des cartes de circulation à l'instar des personnels cheminots. D'autres doléances sont toutefois consignées par les travailleurs dans leur plate-forme de revendications. Il s'agit notamment de la cessation des amputations illégales sur la literie des voitures couchettes, la régularisation définitive de la situation des 102 travailleurs contractuels, l'arrêt du bradage des activités rentables et profitables à la filiale et la constitution d'une commission d'enquête pour déterminer les conditions et les raisons réelles de la dissolution de certaines activités de la filiale. Les travailleurs de Restaurail ont qualifié leurs salaires de dérisoires. « Au moment où le SNMG est porté à 10 000 DA, le salaire de base de certains travailleurs de Restaurail ne dépasse pas les 7000 DA ! », se révolte un travailleur en exhibant sa modeste fiche de paye. Pis, a-t-il enchaîné, « les amputations illégales sur les salaires sont monnaie courante à Restaurail (...). Regardez, pour des draps en lambeaux, datant de 1992, on m'a ponctionné 1300 DA. » Ce qui exacerbe toutefois la colère des protestataires est sans aucun doute la politique salariale, jugée discriminatoire par les travailleurs. A en croire leurs dires, le personnel cheminot est beaucoup mieux rémunéré que les agents de Restaurail. « La SNTF pratique des grilles de salaires à plusieurs vitesses », a lâché un autre travailleur. Selon Tahar Bensaïd, secrétaire général du syndicat de l'entreprise Restaurail, les responsables de la direction régionale de la SNTF n'ont pas daigné recevoir une délégation des travailleurs. « Les travailleurs sont déterminés à faire figure de francs-tireurs. Si la direction continue à tourner le dos aux revendications légitimes des travailleurs, nous allons exécuter notre préavis de grève illimitée », a déclaré M. Bensaïd.