Nous revendiquons le départ du PDG. » Telle était la sentence clamée par les syndicalistes de l'Entreprise du bâtiment de Skikda (EBS, ex-Sonatiba), lors d'un sit-in tenu dernièrement devant les bureaux de la direction. « Nous relevons que la direction continue de faire fi de nos revendications et de nous ignorer alors que nos doléances sont des plus légitimes », avance le secrétaire général de la section syndicale au moment où le PDG tenait à manifester sa disponibilité « à dialoguer avec les représentants des travailleurs », tout en refusant le recours au rassemblement. « Nous leur avons signifié que cet attroupement était illégal », a-t-il souligné. Il ajoutera que les travailleurs de l'entreprise, près de 600, n'ont effectivement pas perçu leurs salaires. « Il est vrai que nos employés n'ont pas perçu l'équivalent d'un mois et demi de salaire. Ce léger retard a été essentiellement causé par des problèmes de trésorerie et de créances, mais nous nous attelons à assainir cette situation dans les plus brefs délais », précisera-t-il. « C'est faux ! », rétorquent les syndicalistes qui précisent : « Nous n'avons pas perçu les salaires des trois derniers mois et il se trouve que c'est au cours de cette période que la direction a acquis un nouveau véhicule, une Mégane. » En plus de certaines accusations, les syndicalistes, appuyés par la présence sur les lieux de plus de 400 travailleurs qui se sont déplacés de Azzaba, Essebt, Hamrouche Hammoudi et Skikda, ont surtout insisté sur « l'urgence de mettre à jour une nouvelle convention collective », tout en précisant que « l'ancienne convention signée remonte à 1994 ». « Depuis son expiration en 1998, nous n'avons cessé d'attendre », ajoutent-ils. Le PDG, quant à lui, a tenu à exhiber devant les travailleurs le projet d'une nouvelle convention en affirmant que « ce projet de convention a été établi en présence du responsable syndical qui l'a signé ». « Nous attendons à ce jour les appréciations qui lui seront réservées », poursuit-il, en précisant que des dispositions ont été arrêtées au niveau central pour l'élaboration d'une convention de branche. Le responsable syndical présent a tenu à signifier qu'il n'a jamais signé de convention ni de projet. Ce bras de fer s'est accentué après les « révélations » du secrétaire général de la section syndicale qui est allé jusqu'à accuser le PDG de « gérer l'entreprise aux dépens des intérêts majeurs de la wilaya de Skikda » et d'expliquer : « Nous n'arrivons pas encore à comprendre le fait que l'EBS laisse ses chantiers en souffrance à Skikda pour aller réaliser plus de 400 logements à Mila. » Des exemples de retards ont été cités. Des syndicalistes ont évoqué « la location d'un moyen de réalisation, un bull en l'occurrence, au profit d'un particulier dans la wilaya de Souk Ahras au détriment des chantiers à réaliser dans la wilaya de Skikda ». Le PDG, dans ses réponses à ces accusations, a tenu à relever que « l'EBS est une entreprise publique économique ». « Ce statut lui octroie le droit de travailler dans n'importe quelle wilaya du pays. D'ailleurs, nous avons réalisé pas mal de travaux dans la wilaya de Tébessa. Pour ce qui concerne le bull, c'est une transaction tout à fait légale, puisque c'est une location rémunérée, faite dans la transparence », tient-il à préciser. Les travailleurs qui ont eu à assister à une confrontation directe entre le PDG et le SG de la section syndicale ont, en dernier lieu, manifesté leur volonté de reprendre le chemin des chantiers en attendant de voir plus clair. Est-ce là la fin des hostilités ou n'est-ce qu'un prélude à la généralisation du malaise à l'EBS ? Les jours à venir apporteront certainement une réponse.