Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH), qui plaide pour la mise en place d'un cadre juridique réglementaire et des mécanismes de prise en charge, a déclaré que «le gouvernement a opéré l'an dernier une expulsion sous le couvert d'un programme de rapatriement volontaire des migrants». Une fillette étanche sa soif avec de l'eau usée puisée dans un caniveau, dans un quartier bougiote, en se servant d'un gobelet en plastique ramassé à même le sol. Sous le pont des Quatre Chemins, qui sert de toit à des familles de migrants, une maman plie son linge pendant que les autres membres de la famille, des hommes, vieux et jeunes, parcourent la ville pour mendier au niveau des carrefours, des cafés et restaurants. Ce sont plus de 250 migrants qui ont rejoint la wilaya de Béjaïa, selon des informations recoupées. Les réfugiés et migrants subsahariens sont de retour depuis plus d'un mois et les pouvoirs publics ne semblent pas s'intéresser aux conditions dans lesquelles ils vivotent. Les grands froids et les crues de l'hiver arrivent, mais les migrants subsahariens et les réfugiés syriens sont déjà exposés à toutes sortes de dangers, à savoir les maladies, les agressions et les accidents de la circulation. Constatant cet état de fait, le Centre d'information et de documentation des droits de l'homme (CDDH) a organisé, hier, une rencontre pour débattre de la question des migrants. Le but étant, selon Hocine Boumedjane, «d'inciter les pouvoirs publics à assumer leurs responsabilités, à prendre en charge les migrants subsahariens en installant des structures d'accueil et à mettre les moyens pour les aider. Car l'Algérie a ratifié pratiquement toutes les lois internationales visant à protéger les migrants et leurs familles». Convaincu que la véritable solution doit être trouvée à la source, c'est-à-dire dans les pays d'origine de ces migrants et réfugiés, Saïd Salhi a estimé que «la démarche entreprise par le gouvernement pour prendre en charge les réfugiés et migrants subsahariens, l'année passée, est un échec». Plus explicite, le militant des droits de l'homme, qui plaide pour la mise en place d'un cadre juridique réglementaire et de mécanismes de prise en charge, a déclaré que «le gouvernement a opéré une expulsion sous le couvert d'un programme de rapatriement volontaire, démarche où les pouvoirs publics nous ont montré un ministre des Affaires étrangères nigérian qui demandait le rapatriement des ressortissants, qui a été organisé par voie terrestre, ce qui a provoqué la mort de 20 personnes». Les participants à cette rencontre, dont des membres du mouvement associatif, des représentants d'organisations humanitaires, des universitaires, ont dénoncé l'absence de l'Etat et l'inexistence d'entité publique et de mécanismes susceptibles de répondre aux besoins urgents des réfugiés et migrants. Des intervenants ont souligné la nécessité de prendre en charge également la scolarité des enfants et le volet sanitaire. A ce propos, les participants ont interpellé le wali de Béjaïa et décidé d'organiser un sit-in au centre-ville pour l'ouverture d'«un centre d'accueil afin que nous puissions les prendre en charge provisoirement et lutter contre toutes les formes d'exploitation et de trafic de réfugiés et migrants».