Les couleurs palestiniennes flottent depuis hier, pour la première fois, au siège de l'ONU à New York, marquant ainsi une étape dans la lutte du peuple palestinien. Les dirigeants palestiniens se sont ainsi montrés conséquents, mais également fidèles à la voie et aux choix adoptés lors d'une réunion que beaucoup avaient alors qualifiée d'historique du Conseil national palestinien (CNP) tenue à Alger en novembre 1988. L'instance palestinienne avait alors reconnu les résolutions des Nations unies, notamment la 242 et la 335 adoptées au lendemain de la guerre de juin 1967, relançant à vrai dire la solution à deux Etats. L'Organisation de libération de la Palestine (OLP) renonçait ainsi à la lutte armée, faisant alors dire en mai 1992 à son défunt leader, Yasser Arafat, qu'il avait tout donné et qu'il ne lui «restait que la feuille de vigne». Le message était d'autant plus clair qu'il intervenait après la première Intifadha, mais également après le lancement à Madrid, en novembre 1991, du premier processus de paix Il y en a eu d'autres, le plus connu d'entre eux, celui dit d'Oslo en 1993, ayant été considéré comme le plus sérieux, mais Israël les a tués les uns après les autres. C'est pourquoi il faut considérer la démarche pour ce qu'elle est : un pressant appel aux instances internationales pour s'assumer et prendre leurs responsabilités, l'Etat palestinien étant reconnu par pas moins de 133 membres de l'ONU. «Ce sera un jour d'émotion et de fierté. Nous allons hisser notre drapeau dans un geste pacifique qui rappellera à tous que la justice et l'indépendance sont possibles au bout du chemin», indiquait hier, dans un message écrit, le leader palestinien Mahmoud Abbas, quelques heures avant son discours devant l'Assemblée générale des Nations unies, soulignant que cette institution «doit nous donner plus que de l'espoir». Et de rappeler que la question palestinienne est la «plus vieille et la plus insoluble» depuis la naissance de l'ONU, il y a 70 ans. Il s'est évidemment gardé d'évoquer certains aspects liés au conflit du Proche-Orient, comme la négation de l'existence même du peuple palestinien et la marginalisation de cette organisation. Il n'a pas non plus évoqué le nombre record de résolutions visant Israël dans le contexte plus large du Proche-Orient. Pour Mahmoud Abbas, signataire côté palestinien des Accords d'Oslo et chef d'une Autorité palestinienne à laquelle il a cessé de croire, «il est temps de donner l'indépendance à l'Etat de Palestine, de résoudre pacifiquement le conflit israélo-palestinien, comme cela fut promis il y a longtemps». En d'autres termes, surmonter l'obstacle israélien et amener Israël à respecter pleinement la légalité internationale. C'est pourtant bien Israël qui a décrété la mort des Accords d'Oslo et tué dans l'œuf une tentative internationale engageant les plus grandes puissances et l'ONU dans ce qu'on avait appelé le quartette. Celui-ci avait, se rappelle-t-on, demandé parmi les mesures dites de confiance, le gel de la colonisation israélienne, une volonté contrariée et même défiée puisque chaque initiative en ce sens était précédée par un acte de colonisation. Les Israéliens ont en outre mis fin à un double discours, qui n'en était pas un à vrai dire, en affirmant leur opposition à la solution dite à deux Etats et même, disent-ils, dans le cadre israélien, amenant de nombreux dirigeants mondiaux et jusqu'aux plus proches alliés d'Israël à mettre en garde contre un nouvel apartheid. La levée des couleurs palestiniennes n'est donc qu'une étape du processus lancé depuis 2012 par les Palestiniens tendant justement à contourner l'obstacle israélien, l'autre étape étant la Cour pénale internationale (CPI) devant laquelle les Palestiniens ont déposé, le 1er avril dernier, leurs premières accusations contre des dirigeants israéliens pour crime de guerre. Que fera alors l'ONU ? .