Plusieurs responsables israéliens, dont des ministres du gouvernement de Benyamin Netanyahu, ont fait porter la responsabilité de la mort d'un couple de colons — survenue dans la nuit de jeudi à vendredi, suite à des tirs ayant ciblé leur véhicule dans la région de Naplouse en Cisjordanie occupée — au président palestinien Mahmoud Abbas en personne. Le couple de colons, accompagné de quatre enfants, avait été mortellement atteint par des balles tirées par des éléments des Brigades du martyr Abdelkader El Hosseini, près de la colonie d'Itmar bâtie sur des terres palestiniennes, au sud de Naplouse, une des villes les plus grandes de la Cisjordanie occupée. Les Brigades du martyr Abdelkader El Hosseini, une des branches militaires du Fatah, a revendiqué cet attentat dans la même soirée. Des sources israéliennes avaient indiqué peu après l'opération que le colon tué est un officier de réserve de l'unité Matkal, spécialisée dans le renseignement. Juste après l'annonce de la mort des deux colons, des centaines d'autres se sont répandus sur les routes de la Cisjordanie occupée. Ils ont saccagé un grand nombre de véhicules palestiniens et agressé des citoyens. Ils ont aussi brûlé des dizaines d'arbres sur des terres agricoles de plusieurs villages palestiniens. Au cours de la même nuit, des groupes de colons israéliens, qui n'avaient pas besoin de cet incident pour mener des campagnes violentes contre les Palestiniens et leurs biens, ont essayé de pénétrer dans le village de Houarra près de Naplouse, mais ont fait face à l'opposition des habitants. Au même moment, d'importantes forces israéliennes renforcées par quatre bataillons ont mené une vaste campagne de recherche pour retrouver les auteurs de l'attentat. Les agressions des soldats israéliens et des colons armés contre les citoyens palestiniens se sont poursuivies durant la journée d'hier. Deux citoyens, dont le photographe d'une agence de presse italienne, ont été blessés par balles réelles au cours de la manifestation hebdomadaire de Kafr Kaddoum, en début d'après-midi. Un autre jeune Palestinien a été blessé aussi par balle réelle près de Bethlehem en Cisjordanie occupée. Des actes de vandalisme sont signalés un peu partout en Cisjordanie occupée. Plus de 200 véhicules palestiniens ont été endommagés par des jets de pierres. Fin juillet, des colons israéliens avaient brûlé vif le bébé Ahmad Dawabcheh, dont le père et la mère ont succombé à leurs blessures, contractées dans l'incendie de leur maison. Un incident sur lequel est revenu le président Mahmoud Abbas au cours de son discours devant l'Assemblée générale des Nations unies, le 30 septembre passé. Un discours dans lequel Mahmoud Abbas a annoncé que sa direction n'était plus liée par les accords signés avec Israël, puisque celui-ci les viole quotidiennement. «Nous déclarons que nous ne pouvons continuer à nous tenir liés par ces accords, qu'Israël doit assumer toutes ses responsabilités en tant que puissante occupante parce que le statu quo ne peut plus durer», avait lancé le président palestinien du haut de la tribune des Nations unies. Vives critiques israéliennes La décision de la Direction palestinienne de changer le statu quo existant depuis la signature des Accords d'Oslo entre l'OLP et Israël en 1993 est le fruit de la paralysie qui frappe le processus de paix dont s'est servi Israël pour avaler plus de terres palestiniennes, bâtir plus de colonies et changer des réalités sur le terrain pour empêcher toute possibilité de création d'un Etat palestinien indépendant et souverain sur les terres palestiniennes occupées en 1967. Benyamin Netanyahu, chef du plus grand parti de droite israélien, le Likoud, a dit que le discours était plein de «mensonges» et «d'incitation» (contre Israël). Il a dit aussi qu'Israël était prêt à reprendre immédiatement les négociations de paix mais sans condition préalable. Ce que refuse exactement la Direction palestinienne, qui estime qu'elle ne peut plus négocier juste pour négocier. Ce sont les «incitations à la haine débridées de la part des Palestiniens qui conduisent à de tels actes de terrorisme», a déclaré Netanyahu après la mort des colons israéliens. La ministre israélienne de la Culture, Miri Regev, a dit pour sa part : «Chaque parole que prononce Abou Mazen est un encouragement au meurtre de juifs.» Un «peuple dont les dirigeants soutiennent le meurtre n'aura jamais d'Etat», a déclaré de son côté Naftali Bennett, ministre de l'Education et partenaire essentiel de la coalition de Netanyahu. C'est donc une atmosphère explosive qui règne actuellement dans tous les coins et les recoins de la Cisjordanie occupée et dans la ville sainte d'El Qods. Si le gouvernement israélien choisit encore une fois le meurtre et la répression comme seul langage avec les Palestiniens, on peut dire que le conflit palestino-israélien est entré dans une nouvelle étape, qui sera marquée par plus d'effusion de sang des deux côtés, même avec l'inexistence de rapports de force entre les deux parties.