Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas va consulter aujourd'hui la Ligue arabe, réunie en Libye. Il doit informer les ministres de la Ligue de l'état des négociations avec Israël, relancées après 26 mois d'interruption. Mahmoud Abbas exposera son refus de poursuivre les pourparlers palestino-israéliens si le moratoire sur les constructions de colonies en Cisjordanie n'est pas prorogé. Mahmoud Abbas assure qu'il veut continuer de négocier mais ne peut le faire tant que la construction de nouvelles habitations pour les colons juifs ne sera pas gelée pour «trois ou quatre mois de plus afin de donner une chance à la paix», assure son porte-parole. «La colonisation est un obstacle aux négociations et crée un climat dans lequel on peut reprocher à Israël seul de faire obstruction au processus», ajoute-t-il. Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu explique pour sa part qu'un retrait du président de l'Autorité palestinienne serait dramatique. Lancés il y a cinq semaines à Washington, les pourparlers de paix directs sont déjà dans une impasse, après l'expiration, le 26 septembre, du moratoire de dix mois sur la colonisation en Cisjordanie, que le Premier ministre israélien a refusé de proroger. Ce dernier est confronté à la pression de l'aile droite de sa coalition, qui n'accepterait pas un nouveau gel des colonies. Le président égyptien, Hosni Moubarak, a de son côté mis en garde contre «une escalade de la violence et du terrorisme dans la région et dans le monde si les pourparlers échouent». A Washington, le porte-parole du département d'Etat, P. J. Crowley, a déclaré que Hillary Clinton s'était entretenue ce jeudi avec Mahmoud Abbas. «Ils ont parlé de l'état des négociations et des avancées.» Les médias rapportent que Washington a fait des propositions très généreuses à Israël en matière de sécurité afin de persuader Netanyahu de proroger le moratoire d'au moins deux mois. Sur le terrain, les tensions demeurent vives dans les territoires palestiniens occupés. Hier, deux du Hamas, présentés comme les auteurs de l'assassinat de quatre colons israéliens fin août, ont été tués tôt dans la matinée lors d'une opération de l'armée israélienne à Hébron, en Cisjordanie occupée. Un responsable du Hamas a confirmé la mort des deux militants, Nachat Al Karmi et Mamoun Al Natchi. Dans un communiqué, le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, a décrit ce raid comme «une riposte rapide au meurtre des quatre Israéliens». Il a ajouté qu'Israël «continuerait à agir partout, sans compromis et avec détermination contre les organisations terroristes» afin de maintenir le calme en Cisjordanie. Originaires de la colonie juive de Beït Haggaï, les quatre Israéliens, deux hommes et deux femmes, ont été tués dans une embuscade alors qu'ils circulaient en voiture près d'Hébron le 31 août, deux jours avant la reprise des pourparlers directs entre Israéliens et Palestiniens à Washington. Cette attaque avait été revendiquée à Ghaza par les Brigades Kassam, la branche armée du mouvement islamiste Hamas. Sami Abou Zouhri, porte-parole du mouvement qui contrôle la bande de Ghaza depuis plus de trois ans, avait salué avec satisfaction cet attentat présenté comme «une réponse naturelle aux crimes de l'occupation» israélienne de la Cisjordanie. Le Premier ministre palestinien, Salam Fayyad, avait condamné cette attaque «contraire aux intérêts palestiniens» et promis de prendre des mesures pour empêcher que de tels attentats se reproduisent.