L'Algérie remet en cause l'Accord d'association conclu avec l'Union européenne (UE), dont l'entrée en vigueur est intervenue en septembre 2005. La question sur l'équilibre des échanges ainsi que le retour sur investissement dudit Accord a été à l'origine d'une polémique qui continue d'enfler aujourd'hui encore. L'idée de sa remise en cause cristallise enfin. Du moins dans ses deux volets économique et commercial, pour lesquels l'Algérie demande clairement une réévaluation. C'est officiel : l'Algérie considère nécessaire de réévaluer les volets économique et commercial de l'Accord d'association avec l'UE qui «n'a pas réalisé les objectifs attendus en matière d'investissements européens en Algérie», estime-t-on à l'issue d'un Conseil des ministres tenu hier. Justifiant ses desideratas, l'Algérie estime que «le doublement de nos importations à partir de l'espace européen n'a pas été accompagné de la hausse attendue dans les investissements européens en Algérie». Mais pas seulement. Le Conseil des ministres a convenu que la chute de près de la moitié des revenus extérieurs du pays, du fait de la crise du marché pétrolier, «rend davantage nécessaire cette évaluation que l'Algérie réalisera conjointement avec l'UE conformément aux dispositions de l'Accord», lit-on dans le communiqué du Conseil des ministres présidé par Abdelaziz Bouteflika. L'idée de revoir certains contenus de l'Accord d'association n'a pas manqué de ressurgir, remettant au goût du jour les ratages d'une convention que l'Algérie aurait pu éviter. Des organisations politiques, patronales et syndicales avaient pourtant sonné le tocsin en 2005, mettant en garde contre un Accord plutôt avantageux pour la partie européenne. Dix ans plus tard, l'Algérie se réveille en sursaut et découvre les grosses pertes dues à ce partenariat mal négocié en amont. Bien que largement justifiée par les mauvaises statistiques du commerce extérieur, la demande algérienne devrait faire l'unanimité parmi les 28 membres de l'Union européenne. Pour un accord de principe, cela semble déjà gagné. Lors de la récente visite en Algérie de la haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, Federica Mogherini, la partie européenne a officiellement notifié son accord à la demande algérienne, ouvrant ainsi la voie aux discussions pour adapter les échanges économiques et commerciaux entre les deux parties, aux termes de l'Accord d'association basé sur la réciprocité des intérêts et sur les avantages mutuellement partagés, rappelle la même source. Il faut dire que les exportations algériennes hors hydrocarbures vers l'UE, constituées essentiellement de produits énergétiques et miniers dérivés, ont enregistré une «timide amélioration» par rapport aux importations en provenance de cette zone, depuis l'entrée en vigueur de l'Accord d'association en 2005. En chiffres, les exportations algériennes hors hydrocarbures se sont établies à seulement 12,3 milliards de dollars en près de 10 ans contre 195 milliards de dollars d'importations. Un calcul différentiel fait ressortir une balance qui penche plutôt en faveur du partenaire européen.