Le coup d'Etat perpétré au Burkina Faso n'a pas encore vécu mais trois jours après la prise du pouvoir par les soldats du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), une sortie de crise semblait se dessiner samedi soir. Le coup d'Etat perpétré au Burkina Faso n'a pas encore vécu mais trois jours après la prise du pouvoir par les soldats du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), une sortie de crise semblait se dessiner samedi soir. Après deux jours de négociations à Ouagadougou, les présidents sénégalais et béninois semblaient avoir arraché aux putschistes de l'ancienne garde prétorienne de Blaise Compaoré un retour en fonction des institutions de transition. Avant de quitter le pays, le médiateur et président béninois Thomas Boni Yayi a promis « une bonne nouvelle au monde entier » pour ce dimanche. Aujourd'hui, pourtant, des violences ont éclaté soudainement dans le hall de l'hôtel où avaient lieu les négociations. Une centaine de sympathisants du général Diendéré sont venus faire pression sur les médiateurs, pénétrant dans l'établissement où ils ont saccagé le mobilier, avant de quitter les lieux. L'ambassadeur de France à Ouagadougou, Gilles Thibault, se trouvait à l'intérieur de l'hôtel lors de l'incursion. « Je suis avec mes collègues, nous allons bien. Nous ne sommes pas pris en otage, nous sommes libres », a-t-il déclaré sur son compte Twitter. Un retour à un pouvoir civil pourrait probablement permettre réinstaller sur son fauteuil présidentiel jusqu'à des élections qui, selon le schéma établi, pourraient être décalées d'un mois – la date du 8 novembre est désormais évoquée à la place du 11 octobre – en revanche la démission de son premier ministre, le lieutenant-colonel Isaac Zida, paraît désormais scellée. Ses anciens frères d'armes du RSP qui l'avaient placé à la tête de l'Etat après la chute de Blaise Compaoré le 31 octobre 2014 ayant fait de sa démission un préalable. A trop vouloir s'émanciper de son mentor, le général Gilbert Diendéré, M. Zida s'est brûlé les ailes. Samedi, ce dernier était encore prisonnier des putschistes Qui est Gilbert Diendéré, nouvel homme fort du Burkina Faso C'est un homme de l'ombre mais pas un inconnu qui est devenu l'homme fort du Burkina Faso, jeudi, au terme d'un putsch contre le gouvernement de transition. Ancien chef d'état-major particulier de Blaise Compaoré, Gilbert Diendéré, 55 ans, a toujours été dans le sillage de son chef, fidèle parmi les fidèles depuis sa prise du pouvoir en 1987. Soupçonné d'avoir été à la tête du commando qui a abattu le capitaine Thomas Sankara, « le père de la révolution burkinabée » lors du coup d'Etat d'octobre 1987, il l'a accompagné jusqu'à son exfiltration vers Yamoussoukro en Côte d'Ivoire, en 2014. Voire pour autant la main de Blaise Compaoré derrière la prise d'otages de Michel Kafando, président de transition, et le lieutenant-colonel Isaac Zida, son Premier ministre, mercredi 16 septembre au palais Kosyam de Ouagadougou ? « Je n'ai pas eu de contact avec lui [Blaise Compaoré], ni avant ni après le coup d'Etat, a assuré Gilbert Diendéré lors d'un entretien Il ne m'a pas appelé, je ne l'ai pas appelé non plus. » Il n'empêche que l'influence du « beau Blaise », chassé par une insurrection populaire le 31 octobre 2014, reste pregnante au Burkina Faso. On ne gouverne pas un pays pendant vingt-sept ans, de 1987 à 2014, sans y conserver des amitiés fidèles et des appuis solides. Considéré comme le personnage « le mieux renseigné du pays », agissant sans relâche dans les arcanes du pouvoir, Gilbert Diendéré fut longtemps celui qui éventait les vrais ou faux coups d'Etat dont le régime Compaoré se disait parfois victime. Proche des réseaux français, il lui arrivait de sauter en parachute avec l'ancien ambassadeur de France, Emmanuel Beth, en poste à Ouagadougou. « Il a servi d'intermédiaire lors de la crise malienne et pendant les conflits en Côte d'Ivoire, en Sierra léone ou au Liberia, indique un spécialiste de la région. Il avait aussi un contact privilégié avec Kadhafi. » Discret malgré sa taille – il mesure 1,95 m et chausse du 51 –, le militaire, toujours vêtu d'un treillis et d'un béret rouge, est un homme calme, timide et reconnu comme un fin stratège. Ecarté des affaires quelques semaines après la chute de son mentor, il a été démis fin novembre 2014 de ses fonctions de chef d'état-major particulier du président, puis écarté du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) – ancienne « garde prétorienne » du président Compaoré – qu'il dirigeait depuis 1987, et dont les hommes ont retenu en otage Michel Kafando et Isaac Zida, mercredi. Malgré tout, il était incontournable lors des négociations sur l'avenir du RSP lorsque celui-ci mettait sous tension le gouvernement de transition auquel il disait « être prêt à apporter son soutien », lors d'un entretien à la radio nationale, en février. Et après la transition ? « On verra, avait-il répondu. Je me mettrai à la disposition des nouvelles autorités élues démocratiquement. » Porté jeudi à la tête du nouveau pouvoir, le général a justifié son putsch par la « grave situation d'insécurité pré-électorale qui régnait au Burkina ». Il a assuré que les putschistes ne font pas front commun avec le Congrès pour le progrès et la démocratie (CDP), le parti de Blaise Compaoré – dont son épouse Fatou a été députée – avant d'être exclu par les autorités de transition. Ce coup d'état a certainement mis un terme aux espoirs de l'élection présidentielle prévue le 11 octobre. Reste à savoir si Gilbert Diendéré entend maintenant rester au premier plan ? « Il n'est pas exclu qu'il profite des dissensions au sein du CDP pour se maintenir, analyse René Otayek, politologue au CNRS. Il n'a pas pris le pouvoir pour s'en défaire. » L'ombre de Blaise Compaoré derrière les putschistes En vingt-quatre heures, le faux nez du mouvement de protestation « corporatiste » des soldats d'élite du Régiment de sécurité présidentiel (RSP) est tombé. Un putsch en bonne et due forme a bien eu lieu au Burkina Faso. L'unité de soldats fidèles à l'ancien président Blaise Compaoré, dont la dissolution venait d'être décidée par une commission proche du pouvoir de transition mis en place après le renversement de l'ex-chef de l'Etat en octobre 2014, s'est effacée au profit d'un Conseil national pour la démocratie (CND). Le pays, qui se préparait à des élections le 11 octobre, a découvert l'existence de cet organe par une annonce à la télévision faite par un militaire inconnu. Puis, le véritable visage, plus familier, du pouvoir militaire a été révélé : il s'agit du général Gilbert Diendéré, ancien chef d'étatmajor particulier de Blaise Compaoré. Cet officier d'élite connaît tous les secrets de la scène politique du Burkina Faso des trente dernières années, de Sankara à Compaoré. Un général qui s'est rendu indispensable Ce n'est pas sa première expérience de coup d'Etat. Il a déjà été le témoin de celui qui a entraîné la mort, en 1987, du « Che Guevara noir », le capitaine Thomas Sankara. Pendant plusieurs décennies, il a aussi joué un rôle-clé lorsque le Burkina s'est impliqué clandestinement dans les guerres civiles du Liberia ou de Sierra Leone, puis dans la rébellion en Côte d'Ivoire. Ou encore, lorsqu'il a fallu négocier la libération d'otages au Mali et traiter avec les armées occidentales qui interviennent au Sahel. Après deux jours de négociations à Ouagadougou, les présidents sénégalais et béninois semblaient avoir arraché aux putschistes de l'ancienne garde prétorienne de Blaise Compaoré un retour en fonction des institutions de transition. Avant de quitter le pays, le médiateur et président béninois Thomas Boni Yayi a promis « une bonne nouvelle au monde entier » pour ce dimanche. Aujourd'hui, pourtant, des violences ont éclaté soudainement dans le hall de l'hôtel où avaient lieu les négociations. Une centaine de sympathisants du général Diendéré sont venus faire pression sur les médiateurs, pénétrant dans l'établissement où ils ont saccagé le mobilier, avant de quitter les lieux. L'ambassadeur de France à Ouagadougou, Gilles Thibault, se trouvait à l'intérieur de l'hôtel lors de l'incursion. « Je suis avec mes collègues, nous allons bien. Nous ne sommes pas pris en otage, nous sommes libres », a-t-il déclaré sur son compte Twitter. Un retour à un pouvoir civil pourrait probablement permettre réinstaller sur son fauteuil présidentiel jusqu'à des élections qui, selon le schéma établi, pourraient être décalées d'un mois – la date du 8 novembre est désormais évoquée à la place du 11 octobre – en revanche la démission de son premier ministre, le lieutenant-colonel Isaac Zida, paraît désormais scellée. Ses anciens frères d'armes du RSP qui l'avaient placé à la tête de l'Etat après la chute de Blaise Compaoré le 31 octobre 2014 ayant fait de sa démission un préalable. A trop vouloir s'émanciper de son mentor, le général Gilbert Diendéré, M. Zida s'est brûlé les ailes. Samedi, ce dernier était encore prisonnier des putschistes Qui est Gilbert Diendéré, nouvel homme fort du Burkina Faso C'est un homme de l'ombre mais pas un inconnu qui est devenu l'homme fort du Burkina Faso, jeudi, au terme d'un putsch contre le gouvernement de transition. Ancien chef d'état-major particulier de Blaise Compaoré, Gilbert Diendéré, 55 ans, a toujours été dans le sillage de son chef, fidèle parmi les fidèles depuis sa prise du pouvoir en 1987. Soupçonné d'avoir été à la tête du commando qui a abattu le capitaine Thomas Sankara, « le père de la révolution burkinabée » lors du coup d'Etat d'octobre 1987, il l'a accompagné jusqu'à son exfiltration vers Yamoussoukro en Côte d'Ivoire, en 2014. Voire pour autant la main de Blaise Compaoré derrière la prise d'otages de Michel Kafando, président de transition, et le lieutenant-colonel Isaac Zida, son Premier ministre, mercredi 16 septembre au palais Kosyam de Ouagadougou ? « Je n'ai pas eu de contact avec lui [Blaise Compaoré], ni avant ni après le coup d'Etat, a assuré Gilbert Diendéré lors d'un entretien Il ne m'a pas appelé, je ne l'ai pas appelé non plus. » Il n'empêche que l'influence du « beau Blaise », chassé par une insurrection populaire le 31 octobre 2014, reste pregnante au Burkina Faso. On ne gouverne pas un pays pendant vingt-sept ans, de 1987 à 2014, sans y conserver des amitiés fidèles et des appuis solides. Considéré comme le personnage « le mieux renseigné du pays », agissant sans relâche dans les arcanes du pouvoir, Gilbert Diendéré fut longtemps celui qui éventait les vrais ou faux coups d'Etat dont le régime Compaoré se disait parfois victime. Proche des réseaux français, il lui arrivait de sauter en parachute avec l'ancien ambassadeur de France, Emmanuel Beth, en poste à Ouagadougou. « Il a servi d'intermédiaire lors de la crise malienne et pendant les conflits en Côte d'Ivoire, en Sierra léone ou au Liberia, indique un spécialiste de la région. Il avait aussi un contact privilégié avec Kadhafi. » Discret malgré sa taille – il mesure 1,95 m et chausse du 51 –, le militaire, toujours vêtu d'un treillis et d'un béret rouge, est un homme calme, timide et reconnu comme un fin stratège. Ecarté des affaires quelques semaines après la chute de son mentor, il a été démis fin novembre 2014 de ses fonctions de chef d'état-major particulier du président, puis écarté du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) – ancienne « garde prétorienne » du président Compaoré – qu'il dirigeait depuis 1987, et dont les hommes ont retenu en otage Michel Kafando et Isaac Zida, mercredi. Malgré tout, il était incontournable lors des négociations sur l'avenir du RSP lorsque celui-ci mettait sous tension le gouvernement de transition auquel il disait « être prêt à apporter son soutien », lors d'un entretien à la radio nationale, en février. Et après la transition ? « On verra, avait-il répondu. Je me mettrai à la disposition des nouvelles autorités élues démocratiquement. » Porté jeudi à la tête du nouveau pouvoir, le général a justifié son putsch par la « grave situation d'insécurité pré-électorale qui régnait au Burkina ». Il a assuré que les putschistes ne font pas front commun avec le Congrès pour le progrès et la démocratie (CDP), le parti de Blaise Compaoré – dont son épouse Fatou a été députée – avant d'être exclu par les autorités de transition. Ce coup d'état a certainement mis un terme aux espoirs de l'élection présidentielle prévue le 11 octobre. Reste à savoir si Gilbert Diendéré entend maintenant rester au premier plan ? « Il n'est pas exclu qu'il profite des dissensions au sein du CDP pour se maintenir, analyse René Otayek, politologue au CNRS. Il n'a pas pris le pouvoir pour s'en défaire. » L'ombre de Blaise Compaoré derrière les putschistes En vingt-quatre heures, le faux nez du mouvement de protestation « corporatiste » des soldats d'élite du Régiment de sécurité présidentiel (RSP) est tombé. Un putsch en bonne et due forme a bien eu lieu au Burkina Faso. L'unité de soldats fidèles à l'ancien président Blaise Compaoré, dont la dissolution venait d'être décidée par une commission proche du pouvoir de transition mis en place après le renversement de l'ex-chef de l'Etat en octobre 2014, s'est effacée au profit d'un Conseil national pour la démocratie (CND). Le pays, qui se préparait à des élections le 11 octobre, a découvert l'existence de cet organe par une annonce à la télévision faite par un militaire inconnu. Puis, le véritable visage, plus familier, du pouvoir militaire a été révélé : il s'agit du général Gilbert Diendéré, ancien chef d'étatmajor particulier de Blaise Compaoré. Cet officier d'élite connaît tous les secrets de la scène politique du Burkina Faso des trente dernières années, de Sankara à Compaoré. Un général qui s'est rendu indispensable Ce n'est pas sa première expérience de coup d'Etat. Il a déjà été le témoin de celui qui a entraîné la mort, en 1987, du « Che Guevara noir », le capitaine Thomas Sankara. Pendant plusieurs décennies, il a aussi joué un rôle-clé lorsque le Burkina s'est impliqué clandestinement dans les guerres civiles du Liberia ou de Sierra Leone, puis dans la rébellion en Côte d'Ivoire. Ou encore, lorsqu'il a fallu négocier la libération d'otages au Mali et traiter avec les armées occidentales qui interviennent au Sahel.