Le Front des forces socialistes (FFS) voit en le retour en Algérie de Rabah Kébir, un des chefs politiques de l'ex-FIS, un coup de publicité bien préparé par le pouvoir. « Le retour de Rabah Kébir est une simple opération de publicité que le pouvoir sait bien préparer. Car la dérive est toujours de mise et les vraies questions sont encore posées », a déclaré Karim Tabbou, chargé de la communication au FFS, lors d'un point de presse organisé, hier, au siège national du parti, à Alger. Pour le FFS, cette opération ne déroge pas à la règle générale adoptée par le régime, en transformant ses échecs répétés en victoires. Si on était dans un véritable processus de réconciliation, a indiqué l'orateur, Rabah Kébir devrait être accueilli à son arrivée à l'aéroport par des procureurs et des juges, et non pas par des photographes. La réconciliation nationale, selon le plus vieux parti de l'opposition, se pose en des termes de démocratie basée sur des règles politiques déterminées. « On ne peut pas imposer le silence par les mécanismes juridiques d'une charte », a affirmé Karim Tabbou. Toutefois, a-t-il souligné, le pouvoir continue dans ses mêmes pratiques, consistant à ignorer les vrais problèmes et faire abstraction sur le devoir de vérité. « Le pouvoir reconnaît les 10 000 personnes disparues, comment il ne reconnaît pas les responsables de ces disparitions ? S'il y a 10 000 disparus, il y aurait au moins 10 000 responsables », a-t-il martelé, avant d'ajouter : « L'avenir risque d'être hypothéqué si les Algériens n'accèdent pas à la vérité. » Abordant la question de la révision constitutionnelle, le responsable du FFS s'est montré encore très critique envers, d'abord, le FLN et son secrétaire général. Le FLN, a-t-il précisé, a piétiné la Constitution en « s'arrogeant le droit de proposer un projet de révision de la loi fondamentale du pays ». « La Constitution stipule clairement que seul le président de la République est habilité à proposer un tel projet. Ce qu'a fait le FLN est une violation de la Constitution », a lancé Karim Tabbou. Il a critiqué, également, l'Assemblée populaire nationale, qui a annoncé son soutien au projet présidentiel avant son élaboration. Le FFS en appelle ainsi à l'élaboration d'une Constitution émanant de la population à travers ses représentants légitimes. Pour cela, selon le conférencier, il faut aller vers une assemblée constituante. « Les éléments nécessaires pour aller à une assemblée constituante se sont présentés : il y a la révision constitutionnelle et les législatives. Donc, il faut élire démocratiquement des représentants de la population qui, à leur tour, élaboreront la première constitution algérienne », a-t-il suggéré. Par ailleurs, le régime de Bouteflika, a-t-il soutenu, est à la solde des Etats-Unis et souffre d'absence de stratégie et de visibilité sur tous les plans. Le 4e congrès aura lieu en 2007 Evoquant la situation interne au FFS, Karim Tabbou a, tout en reconnaissant l'existence d'insuffisances au sein du parti, affirmé que le mouvement de contestation enregistré il y a quelques semaines était un coup fomenté par la police politique. Le FFS, selon lui, reproche aux cadres ayant été derrière ledit mouvement de contestation « d'avoir utilisé une méthode malsaine, alors que les statuts du parti permettent le débat démocratique et contradictoire ». « C'est une opération fomentée pour dévier le FFS de sa trajectoire politique. Le pouvoir a encore sévi par les coups bas et la manipulation », a-t-il martelé. La direction du FFS, après avoir radié des rangs du parti cinq membres du conseil national, s'apprête à annoncer dans les prochains jours d'autres mesures de sanctions contre des cadres ayant participé au-dit mouvement. S'exprimant sur les préparatifs du 4e congrès du parti, retardé déjà de plusieurs mois, le porte-parole du FFS dira qu'un tel événement doit être minutieusement préparé. « Nous ne voulons pas faire de ce rendez-vous un simple acte administratif », a-t-il ajouté. Le 4e congrès, a-t-il annoncé, se tiendra durant l'année prochaine, mais sa tenue est tributaire de la réussite des échéances statutaires du parti. Ainsi, la direction du FFS organisera la conférence nationale des élus vers la fin du mois d'octobre et le début du mois de novembre, l'audit national vers la fin de l'année en cours et la convention nationale thématique au début de l'an 2007.