Après la série de contacts entrepris à son retour en septembre dernier à Alger, Rabah Kébir, ancien responsable de l'instance exécutive du FIS dissous, met à profit les veillées ramadhanesques pour rencontrer des leaders politiques. Il a, en effet, été reçu la nuit de dimanche dernier par Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN et néanmoins chef du gouvernement. La rencontre a duré plus de 4 heures. Selon Saïd Bouhedja, responsable de la communication au FLN, qui y a assisté, Kébir a longuement discuté avec Belkhadem sur des sujets qui préoccupent la scène politique nationale. Entre autres questions abordées, la charte pour la paix et la réconciliation nationale et les difficultés rencontrées dans la mise en application des dispositions inhérentes. Kébir a, à l'occasion, évoqué le cas des personnes ayant été éjectées de leurs emplois et qui attendent toujours d'être réintégrées. Dans le même contexte, il a manifesté sa disponibilité à œuvrer, de son côté, à la consolidation du processus de la réconciliation. La question cruciale discutée avec Belkhadem reste cependant sa perspective politique. Autrement dit, Rabah Kébir a vivement sollicité le soutien de Belkhadem afin de pouvoir mettre sur pied son projet de création d'un parti politique qui aura à encadrer la tendance dite modérée de l'ex-FIS. Ambition qu'il a clairement manifestée le jour même de son arrivée à Alger. Reste que les soutiens nécessaires pour sa concrétisation sont difficiles à trouver aussi bien auprès des partis politiques et des pouvoirs publics qu'auprès de ses anciens compagnons au sein du parti dissous qui agissent actuellement en rangs dispersés. M. Belkhadem, le premier homme qui l'a encouragé à revenir au pays dans le cadre de la réconciliation nationale, n'a pas signifié une fin de non-recevoir au projet de Kébir, mais lui a néanmoins demandé d'attendre encore un peu. « Une à deux années », lui a-t-il été indiqué, sans toutefois l'inviter à renoncer carrément à cette idée. Le chef en second du FLN sait pertinemment qu'en vertu des dispositions de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, Kébir ne pourrait pas renouer de sitôt avec la politique. Ainsi, Belkhadem, s'installant dans la précampagne pour les élections législatives de 2007, lui a signifié que les militants de l'ex-FIS, quant à eux, peuvent dès maintenant rejoindre d'autres formations politiques. Ou encore, se présenter sous des listes indépendantes qui pourraient être parrainées par des partis politiques. En toute vraisemblance, Belkhadem voulait récupérer les militants du FIS dissous qui sont restés toujours fidèles à Kébir, en lui promettant de l'aider dans sa perspective de créer un parti politique. Lors de ladite rencontre, Belkhadem n'a cependant pas évoqué la responsabilité des dirigeants du parti dissous dans la crise des années 1990. Omission volontaire ? Rabah Kébir peut-il réussir son pari de reprendre la politique ? Bénéficiera-t-il de l'appui de Belkhadem ? Difficile de répondre. Une chose est sûre : la rencontre s'est déroulée sans la présence de Madani Mezreg, qui, pourtant, ne lâchait pas d'une semelle Kébir depuis son arrivée à Alger.