Dans une déclaration faite jeudi à Ramallah, Mahmoud Abbas a réitéré la position palestinienne de ne pas vouloir recourir à la violence et que les Palestiniens tendent toujours la main aux Israéliens pour réaliser la paix. Plus d'une semaine après l'attentat au couteau commis par Muhannad Al Halabi, dans la vieille ville d'El Qods, au cours duquel il a réussi à tuer deux colons israéliens et à blesser gravement deux autres, les Palestiniens ne décolèrent pas. Les manifestations et les heurts avec les soldats de l'armée israélienne d'occupation et les hordes de colons extrémistes juifs se multiplient et gagnent chaque jour en intensité. Et comme au plus fort moments des deux Intifadhas palestiniennes (1987 et 2000), les martyrs palestiniens tombent quotidiennement et les hôpitaux commencent à éprouver des difficultés à faire face à la situation du fait du nombre sans cesse croissant de blessés. Hier, vendredi, les heurts entre les jeunes Palestiniens et les colons armés protégés par des forces de l'armée israélienne se sont renouvelés dans presque toutes les villes et les villages de Cisjordanie occupée avec un nouveau lot de martyrs, de blessés et de prisonniers. Hier en début d'après-midi, au moins sept jeunes Palestiniens sont morts et des dizaines d'autres ont été grièvement blessés, par balles réelles ou des en caoutchouc tirées par des soldats israéliens. Un martyr est tombé dans la ville d'El Khalil, au sud de la Cisjordanie occupée, après avoir réussi à poignarder un officier israélien. Les six autres ont été signalés à Ghaza, où les jeunes ont décidé de participer en masse au soulèvement populaire de Cisjordanie. Ils ont été abattus de sang-froid par des soldats israéliens postés près de la ligne de frontière du côté israélien, alors qu'ils ne présentaient aucun danger réel. Ils jetaient des pierres de derrière la clôture de séparation à l'est de la ville de Ghaza et à l'est de Khan Younès, au Sud. Des pierres qui ne pouvaient faire aucun mal à des soldats surarmés et à l'abri. Panique en Israël Les services de santé à Ghaza ont indiqué que des dizaines de blessés ont été évacués vers l'hôpital Al Shifa et les hôpitaux de Khan Younès. Ce massacre est survenu juste après la prière du vendredi. Lors de son prêche dans une mosquée de Ghaza, Ismaïl Haniyeh, premier responsable du mouvement Hamas dans l'enclave palestinienne a estimé qu'une troisième Intifadha est lancée en Cisjordanie occupée et que Ghaza était prête à y participer avec tous les moyens disponibles et a appelé à son renforcement. De son côté, le gouvernement israélien a renforcé son dispositif sécuritaire en Cisjordanie occupée et particulièrement dans la ville sainte. Cette dernière était transformée en véritable caserne, où la vie civile avait disparu. L'Esplanade des mosquées a été interdite aux hommes de moins de 45 ans. Des dizaines d'attaques à l'arme blanche exécutées par des jeunes Palestiniens, dont certaines ont fait des morts parmi les Israéliens, ont été signalées depuis le début des incidents violents que vivent les territoires occupés. Des incidents causés par la volonté des Israéliens de judaïser El Qods et la forte répression que subit le peuple palestinien. Ces attaques ont suscité une panique au sein des Israéliens. Cette panique vécue par la population israélienne a été relatée par des médias israéliens. La police israélienne aurait reçu 25 000 appels en moins de 24 heures de citoyens «inquiets» signalant soit une personne, un véhicule ou un objet suspect. Cette peur les a poussés à débourser d'importantes sommes d'argent pour acquérir des moyens de «défense». Abbas pour la résistance pacifique Dans la ville d'El Qods occupée et annexée par Israël en 1967, les lycées juifs sont restés fermés hier pour le troisième jour consécutif. C'est à El Qods qu'il y a eu le plus grand nombre d'attaques à l'arme blanche. Cette peur est derrière aussi plusieurs meurtres de jeunes Palestiniens, hommes et femmes qui, pourtant, ne portaient aucune arme blanche lorsqu'ils ont été assassinés par des Israéliens. C'est le cas d'une jeune fille gravement blessée hier à un arrêt d'autobus à Affoula en territoire israélien. Cette scène filmée et partagée par des milliers de citoyens à travers les réseaux sociaux montre le mensonge des autorités israéliennes ayant déclaré qu'elle a été blessée après avoir poignardé un soldat israélien. Dans une déclaration faite jeudi à Ramallah, Mahmoud Abbas a réitéré la position palestinienne de ne pas vouloir recourir à la violence et que les Palestiniens tendent toujours la main aux Israéliens pour réaliser la paix. Mais il a prôné, en même temps, la résistance populaire pacifique et a demandé aux Israéliens de s'éloigner des Lieux Saints. Il a dit aussi que les Palestiniens hisseraient leur drapeau sur la mosquée El Aqsa et l'église du Saint Sépulcre à El Qods comme il a été hissé sur le fronton du siège des Nations unies. Les messages de Mahmoud Abbas ne trouvent pour le moment aucun écho au sein du gouvernement israélien. Le Premier ministre, Benyamin Netanyahu et son gouvernement de droite — qui ont pendant longtemps poussé les Palestiniens à choisir la violence pour mieux les discréditer au plan international — ne paraissent pas pressés d'apaiser une situation qui de jour en jour devient de plus en plus incontrôlable.