A peine une année après son ouverture, la faculté d'Art et Culture de l'université Constantine 3 a failli fermer… faute d'étudiants ! En effet, sur les 72 étudiants inscrits en première année, la faculté a dû en exclure 68 à l'issue du semestre deux, pour cause d'absence. Constatant sans doute le danger qui menaçait sérieusement la pérennité de l'établissement, l'administration s'est rattrapée en élevant le seuil de tolérance des absences (3 selon le règlement) à 7 ; décision qui a permis de repêcher 40 étudiants. Résultat : la survie de la faculté est peut-être garantie pour cette année, mais il s'en sort que la décision a créé un profond sentiment de frustration chez les 28 étudiants restants et qui ont réagi en adressant un courrier à la doyenne de la faculté, sollicitant son arbitrage pour corriger ce qu'ils ont qualifié d'injustice. Mais en matière d'injustice, ces étudiants ont soulevé un autre point non moins curieux touchant le droit à la progression pédagogique. L'évaluation de la progression, telle que pratiquée par la faculté, juge les résultats de l'étudiant sur l'ensemble des unités, en contradiction avec les nouvelles dispositions du système LMD, affirment les concernés. Autrement dit, l'échec dans une matière est étendu de façon à affecter l'ensemble du semestre ! Cette méthode serait contraire à l'esprit et la lettre de l'arrêté ministériel n°712 du 3 novembre 2011 fixant les modalités d'évaluation, de progression et d'orientation dans les cycles d'études en vue d'obtention des diplômes de licence et de master. L'article 25 (chapitre I, titre II) de cet arrêté stipule qu'en matière de compensation, «l'exclusion d'une matière composant une unité d'enseignement ne permet pas l'acquisition de cette unité d'enseignement par le calcul de la moyenne des notes obtenues dans les autres matières qui la composent». Le cas de Sandra B.-M. Dans la même université, plusieurs facultés, dont celle de l'architecture par exemple, se conforment à la règle édictée par le nouveau dispositif LMD. A la faculté Art et Culture, par contre, ce qui s'apparente à une interprétation erronée, mais non intentionnelle, produit des cas qui se disent victimes. C'est le cas d'une étudiante, Sandra B.-M., qui se retrouve du jour au lendemain exclue de l'université, du fait d'un ancien bac. Parmi les 28 étudiants n'ayant pas pu bénéficier de la «grâce», 5 ont comptabilisé les crédits suffisants pour passer, mais devront refaire l'année comme décidé par la doyenne. Sandra, quant à elle, n'ouvre même pas droit à cette option. «J'ai le crédit pour passer, mais je ne passe pas ; je n'arrive pas à comprendre cette façon de faire. C'est une injustice ! J'ai maintes fois tenté de convaincre l'administration de mes arguments et de l'application de la bonne procédure par d'autres facultés, ils n'ont rien voulu savoir. La doyenne n'a même pas accepté de me recevoir», confie-t-elle à El Watan, la voix empreinte de désespoir et de déception. En termes d'arguments, l'article 31, section 1, relatif à la progression dans les études de licence est sans équivoque. Il fixe les conditions à satisfaire pour prétendre à la progression pédagogique comme suit : «…cependant, le passage de la première à la deuxième année de licence est autorisé pour tout étudiant ayant validé au minimum trente crédits avec une répartition minimale de 1/3 dans un semestre et 2/3 dans l'autre semestre». Sandra ne conteste pas son exclusion du module, mais ne s'explique pas son exclusion du semestre à cause d'un module. En face, la faculté, qui s'est permis l'ijtihad pour éviter la fermeture, prétexte de l'orthodoxie sur une question qui ne fait pas l'unanimité au sein de l'université Constantine 3, alors que le rectorat semble ignorer que les facultés appliquent différemment les dispositions réglementaires. Le ministère de tutelle a fort à gagner en se penchant sur ce phénomène d'interprétation des textes qui sans doute produit des injustices.