Saïd Djabelkhir n'enfonce certainement pas des portes ouvertes en affirmant que l'Ecole algérienne enseigne l'intolérance et forme des intégristes. Ces soupçons banalisés de longue date par les querelles politiciennes entre profanes d'obédiences idéologiques vaseuses tombe ainsi en désuétude faute d'une revue lucide des contenus et des méthodes d'enseignement par une approche scientifique accomplie. Ces accusations de «corruption éducative» âprement démenties par les ministres consécutifs de l'Education nationale se voient à la lumière des travaux de ce chercheur indépendant outrageusement réaffirmées. Outre son courage intellectuel, cet universitaire impénitent est reconnu pour sa rigueur scientifique, mais il est affligeant et fort préjudiciable à l'opinion publique que la voix tonitruante de ce démissionnaire de l'Education nationale soit boudée par les médias et n'ait que rarement droit de cité ; au palais de la culture Moufdi Zakaria, l'islamologue prononce son intervention qui porte sur «l'image d'Autrui, entre l'enseignement et la société algérienne» devant une salle vide, face à une audience formée essentiellement par les organisateurs et leur étroit entourage, la majorité des autres intervenants avaient quitté les lieux et la flopée de journalistes «obligés» de couvrir la rencontre l'ignorent superbement dans leurs lapidaires comptes rendus. Pourtant, Saïd Djabelkhir nous livre une étude de grande facture ; courageusement, le libre penseur évoque le tabou de la persistance des velléités esclavagistes dans les communautés traditionnelles. Le conférencier désigne ainsi sans ambages l'intolérance, l'intégrisme religieux et le racisme patent qui mine notre société. Le chercheur entame son intervention par une dissection en règle des programmes de philosophie et d'éducation religieuse inculqués aux élèves des lycées algériens. S'appuyant sur une riche documentation et arguments concrets à l'appui, Djabelkhir nous livre une analyse critique détaillée du contenu pédagogique censé orienter l'éducation religieuse et morale de la gent juvénile. Méthodique, le chercheur examine - citations à l'appui - les cours enseignés graduellement de la première année secondaire jusqu'à la terminale ; ce laborieux exercice n'est pas vain puisqu'il permet de déceler une volonté tacite de consacrer un enseignement intégriste sciemment élaboré. Le conférencier y relève entre autres aberrations un grave précédent dans les manuels du secondaire, où les élèves sont invités à découvrir la «littérature» de Sayed Kotb, le fameux théoricien des Frère musulmans. «Comment la ministre de l'Education peut-elle proposer une telle lecture quand ses homologues au gouvernement interdisent clairement l'importation et la diffusion des ouvrages du célèbre takfiriste djihadiste ?» s'interroge un assistant à la conférence, abasourdis par la révélation du chercheur. Fidèle à une approche scientifique rigoureuse, le chercheur met en rapport également l'enseignement de la philosophie prodigué en parallèle durant cette même graduation. A la lumière de l'analyse, on se rend compte que l'entreprise d'endoctrinement est sciemment élaborée et que l'amalgame y est pleinement perceptible justement - injustement, serait-il mieux de dire - pour consacrer l'enseignement de l'islam intégriste, d'une part, et étouffer dans l'œuf toute velléité d'épanouissement de la pensée critique chez les jeunes apprenants. «L'autre» est dès le jeune âge «diabolisé», selon Saïd Djabelkhir avant que d'autres groupes sociaux ne prennent le relais de cette diabolisation érigée en politique systématique et systémique ; le chercheur cite à ce propos une «presse jaune» composée d'intervenants incultes et qui perpétuent la médiocrité de leur «mauvaise éducation» en l'exposant au grand public et leurs «relais télévisuels» sont également mis à l'index pour leurs honteuses pratiques notoirement racistes, non seulement envers les étrangers de confession non musulmane et les Africains de couleur, mais pareillement contre des Algériens même, dès que ces derniers s'inscrivent dans une posture critique de la pensée dominante imposée par le pouvoir politique…