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De l'ITA, du LMD et de bien d'autres choses : Ou faut-il refuser une bonne idée imposée ?
Publié dans El Watan le 03 - 11 - 2009

« Tu me dis, j'oublie. Tu m'enseignes, je me souviens. Tu m'impliques, j'apprends. » Benjamin Franklin
Un vent nouveau souffle sur l'université de Mostaganem. Après l'université de printemps, tenue du 21 au 23 mars dernier, qui avait regroupé les concepteurs des programmes scolaires, en l'occurrence du secondaire et les universitaires-chercheurs impliqués dans l'élaboration des parcours de formation supérieure licence-mastère-doctorat, plus connue sous l'acronyme « LMD », voilà que les universitaires mostaganémois sont conviés de nouveau à cogiter à haute voie lors d'une université d'automne, organisée le 17 et 18 octobre, autour du nouveau système LMD, appelé à se généraliser et se substituer au système dit classique en voie d'extinction. A la bonheur, c'est franchement revigorant. Cela fait émerger l'activité neuronale de la doucereuse léthargie dans laquelle elle a été malheureusement confinée tout au long de ces deux dernières décennies. De fait, les débats, encadrés ex professo par des experts CRUO, ont été utiles voire fructueux.
La rencontre a effectivement permis aux participants d'accorder leurs violons sur certains outils et concepts incontournables pour l'élaboration des nouveaux parcours de formation. Cette modeste contribution ne constitue ni une réflexion aboutie sur le système LMD ni un compte rendu exhaustif de ces deux journées studieuses vécues à l'université de Mostaganem dont l'objectif se voulait pragmatique. Il s'agissait pour les organisateurs de familiariser les enseignants-chercheurs avec l'approche et la démarche LMD. Je voudrais ici m'appesantir humblement sur quelques idées-forces qui fondent la « philosophie » LMD. Je commencerais par une petite transgression du politiquement correcte chez beaucoup de scientistes. Fats, leur autre signe distinctif, est aussi l'incroyable condescendance qu'ils manifestent envers les agronomes qu'ils prennent, au mieux, pour des bouseux. Le mot « agriculture » est une obscénité qui leur écorche l'âme. Heureusement, ils ne peuvent exprimer le fond fielleux et vaseux de leur pensée : quand ils alignent deux mots dans une langue, ils trébuchent sur le troisième. Bref, il me parait utile de lever un coin de voile sur un non-dit, révélateur de notre propension à faire preuve d'une formidable amnésie quand il s'agit de tirer les leçons de notre propre expérience. Du coup, nous fonçons allégrement, tête dans le guidon, pour d'autres aventures. Je veux parler ici de la similitude, de l'homologie même, entre la philosophie et la pédagogie ayant présidé à la création de l'Institut de technologie agricole (ITA) dans les années 1970 et les principes des formations LMD, aujourd'hui.
L'ITA, ancêtre du LMD ?
L'Institut de technologie agricole (ITA), qui fut créé à Mostaganem en 1969 par Houari Boumediène, avec la coopération technique française, avait pour mission de former des contingents d'ingénieurs agronomes d'application destinés, dans un premier temps à prendre en charge le secteur agricole étatique qui constituait 40% de la surface agricole utile (SAU). La stratégie d'enseignement de masse était basée sur des profils clairement définis. La pédagogie par objectifs, la primauté du terrain, des travaux pratiques sur les apports théoriques, une politique s'articulant sur l'autoformation de l'individu et du groupe, lui-même subdivisé en unités, de base de trois à quatre étudiants, avec un enseignant qui campe davantage le rôle d'un animateur et beaucoup moins celui d'une encyclopédie ambulante sont autant de facettes d'une expérience majeure. L'ITA a été pourtant snobé par les spécialistes des politiques pédagogiques de l'enseignement supérieur. Ce type de formation, dédaigné puis décrié, fut irrémédiablement rejeté à l'algérienne, c'est-à-dire « globalement et dans le détail ». L'institut, dont le sort fut scellé à celui de la révolution agraire, a été phagocyté par l'enseignement supérieur. En lui accordant sa tutelle pédagogique sous le statut d'Institut national de formation supérieure en agronomie (INFSA), puis en l'intégrant sous forme de département des sciences agronomiques.
Aujourd'hui, les principes et concepts qui régissaient l'enseignement agricole à l'ITA ont leurs pendants dans le système LMD. De la notion de tutorat à celle d'employabilité en passant par l'importance accordée à la définition du profil de sortie des produits des nouvelles formations universitaires, on s'y méprendrait tellement les parcours du système LMD apparaissent être des liftings du système et de la politique pédagogique, désormais passés à la trappe, mais qui ont longtemps été pratiqués pour la formation d'ingénieur d'application en agronomie à Mostaganem même. C'est probablement cette proximité qui explique que c'est la faculté des sciences exactes et des sciences de la nature et de la vie l'université de Mostaganem qui compte en son sein le département des sciences agronomiques, qui présente l'offre la plus étoffée en parcours LMD. Le plus remarquable durant ces journées d'étude aura été le mutisme assourdissant de spécialistes des sciences de l'éducation qui ont une connaissance approfondie de l'ancien système appliqué à l'ITA et sont aujourd'hui aux avant-postes pour la mise en œuvre du nouveau.
De la gestion des débats
En vérité, les arrêts sur images auxquels nous voudrions procéder visent aussi à pallier les frustrations générées par quelque président de séance, un tantinet tatillon, qui a cru devoir transformer le débat en échanges lapidaires de questions-réponses entre conférencier et participants. Une idée à partager est toujours sous-jacente à tout questionnement lors d'une plénière dans un amphithéâtre bondé de matières grises. Le désir de convaincre, exacerbé par la difficulté de concilier entre concision et improvisation, incite les intervenants à des développements avant d'accoucher de la question. A défaut de séduire, ils auront donné à leur idée quelques chances de germer ultérieurement. Il existe bien d'autres moments de la vie où les prémices sont autrement bien plus longs que l'acte lui-même ! Pour autant, ils ne sont pas désagréables !
Souvent des brimades injustifiées, mais magistralement orchestrées du haut d'une estrade, ne font qu'annihiler l'intérêt qu'un conférencier a réussi à susciter au sein de l'auditoire. Il n'est pas moins vrai que certaines prises de parole tournent à de fougueuses palabres, donnant définitivement raison à Plutarque : les tonneaux vides font plus de bruits. Ce n'est donc pas une sinécure que de gérer un débat dans un auditorium. Néanmoins, entre deux excès, il faut toujours obstinément rechercher le délicat et mouvant juste milieu. Ne jamais oublier que l'intolérance déborde vite des esprits rigides et bornés, surtout s'ils sont prompts à s'échauffer sans raison apparente, elle dégouline et se répand sur la scène sans retenue, elle exhibe sa splendide laideur sous un faciès haineux. Tout cela est pure bêtise car garder le sourire revient moins cher. C'est l'unique dépassement qu'il convienne de craindre lorsqu'on a l'honneur d'arbitrer des débats passionnants et enthousiastes entre universitaires.
Trois, cinq et huit !
Le titre iconoclaste de ce paragraphe résume la configuration globale des parcours LMD. Ces trois chiffres n'ont pas fini de hanter les rêves d'avenir de légions de bacheliers. Trois pour le nombre d'années à ficeler une licence, deux années supplémentaires pour décrocher le mastère et, s'il lui reste encore un peu de tonus, l'étudiant rempilera pour trois autres années. Il décrochera alors le doctorat. Ce sésame en poche, il pourra embrasser une carrière universitaire, choisir d'escalader les façades abruptes de la haute administration ou, si le cœur lui en dit, il optera pour le monde de l'entreprise. C'est un lieu commun que les plus conservateurs ressassent à volonté en rappelant que l'Algérie n'a fait qu'emprunter un passage obligé. Le système LMD est d'inspiration anglo-saxonne, son adoption par l'Europe a eu raison de toute velléité de résistance en nous l'imposant au nom de la désormais sacro-sainte harmonisation, exigée par la mondialisation. Cela dit, est-il raisonnable de traîner les pieds devant un changement inéluctable, au risque de faire avorter une idée prometteuse ?
Le système LMD diversifie l'offre de formation, il hisse l'étudiant au rang d'acteur et lui ouvre la voie pour atteindre la station que son souffle et ses capacités intrinsèques lui permettent, licence, mastère ou doctorat. Du fait de la souplesse inhérente à la mobilité induite sur les huit années de formation, il serait presque plus judicieux de parler d'itinéraire de formation que de parcours. A-t-on alors le droit de se refuser à adopter une méthode potentiellement efficace pour des raisons de pure forme et qui parfois tiennent de la sensiblerie et au confort douillet du système classique dans lequel beaucoup de récalcitrants s'avachissent ? Presque comme un clin d'œil à l'histoire, cette université d'automne, inaugurée un 17 octobre, a mis en exergue le caractère révolutionnaire des formations LMD. La « philosophie » LMD résulte d'une vision qui redéfinit les rôles de l'apprenant et de l'enseignant. Elle est en rupture avec celle passéiste qui se complaît à considérer l'étudiant modèle comme un élément passif infantilisé devant un enseignant ânonnant un savoir aussi écrasant qu'inopérant. La démarche est innovante, mais paradoxalement redore le blason de l'enseignant en lui restituant sa véritable dimension, celle d'une mission quasi sacerdotale de transmettre plus une envie d'acquérir des compétences en accédant à divers savoirs que d'inonder l'étudiant sous un savoir encyclopédique prédéfini. Programmes ?
Non merci ! Curriculum, oui !Indubitablement, les programmes des parcours LMD sont loin d'être une simple reconfiguration des parcours classiques, autrement dit, leur saucissonnage en 3, 5 et 8 ans. Les programmes LMD sont l'expression d'une alchimie entre différentes activités et notamment un cocktail entre unités d'enseignement fondamentale, transversale, méthodologique et de découverte. Un peu comme pour la mayonnaise, on en connaît les ingrédients, mais l'on sait surtout qu'une bonne dose de feeling est nécessaire pour qu'elle monte. Pour élaborer des programmes LMD pertinents, il convient tout de même de s'appuyer sur des analyses perspicaces des réalités, physiques, biologiques et socio-économiques régionales ou nationales. Le mot « programme » est utilisé par commodité. Son seul emploi suffit à dépiter certains puristes, qui lui préfèrent celui de « curriculum ». Effectivement, la mise en œuvre du système LMD doit s'accompagner d'un changement de mentalité, se traduisant, pour le moins, par l'usage judicieux des mots. C'est si vrai que je ne trouve pas mieux que de paraphraser André Breton pour dire qu'entre le déjà ancien système et celui du LMD, il n'est pas question de changer de règle du jeu mais c'est le jeu qui change ! L'écueil à éviter est constitué principalement par les démarches individuelles pour l'élaboration des nouveaux parcours de formation et la confection des programmes correspondants.
Un parcours n'a pas vocation à satisfaire aux exigences carriéristes des uns et des autres, ni aux obsessions scientifiques de quelques mandarins. Loin de nous l'idée de nous adonner à une séance d'autoflagellation en noircissant plus que de raison la réalité de l'université algérienne, mais il est notoire que beaucoup d'enseignants ne savent plus travailler en équipe. Ils sont encore moins capables d'inculquer à leurs étudiants cette aptitude à mobiliser des compétences individuelles pour réussir un objectif commun. D'où l'inaptitude des sortants de l'université à intégrer efficacement des équipes pluridisciplinaires et à être rapidement opérationnels. Les formations concoctées rapidement par les adeptes du travail en solo virent souvent au « copier-coller », qui s'étend aux contenus et plonge ces racines dans les formations « classiques ». J'entends encore cet enseignant ulcéré et vociférant contre le rejet de « son » magistère et répétant avec une désarmante bonne foi « pourtant j'ai tout pris sur internet ! » A Mostaganem, des voix se sont fait entendre pour demander la réhabilitation de méthodes de travail impliquant les structures institutionnelles. Seront-elles écoutées ? Le système LMD est probablement une belle opportunité historique pour l'université algérienne, pour la saisir, elle doit se départir de sempiternels conciliabules autour de problématiques mal posées et autres interminables tergiversations.
C'est sans doute pour inviter à une adhésion réfléchie mais débouchant rapidement sur une action déterminée, que le professeur Seddiki, recteur de l'université Abdelhamid Ben Badis, avait clos ces journées avec une pensée frappée du sceau du bon sens, en rappelant qu'il n'y a pas de vent favorable pour celui qui ne choisit pas sa destination. J'espère, quant à moi, n'avoir pas complètement démérité en semant à tous vents ces modestes réflexions comme de bien légères graines de pissenlit… Elles finiront bien par germer. Et voilà pour l'optimisme assumé !
L'auteur est université de Mostaganem


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