Le gouvernement cubain déposera, aujourd'hui, pour la 23e année consécutive, un projet de résolution devant l'Assemblée générale des Nations unies réclamant la levée du blocus imposé par les Etats-Unis depuis 1962. La nouveauté, cette année, est que cette initiative intervient alors que La Havane et Washington engagent un processus de normalisation de leurs relations. Un dégel historique amorcé depuis le 17 décembre 2014. Ainsi, ce projet de résolution a valeur de test pour l'Administration Obama. «Va-t-il voter en faveur de la levée du blocus, s'abstenir ou s'opposer comme elle le fait depuis toujours», s'est interrogé l'ambassadeur de Cuba à Alger, Angel Raul Barzaga Navas, hier lors d'un point de presse. «Si la cohérence est respectée et au regard du processus de normalisation, elle ne devra pas s'y opposer, mais il faut attendre», estime-t-il. Le diplomate cubain a relevé, par ailleurs, que le rétablissement des relations diplomatiques entre son pays et les Etats-Unis n'a pas, pour le moment, abouti à un sérieux début de démantèlement du blocus économique, commercial et financier sur l'Ile verte : «Mis à part quelques mesures concernant les télécommunications, le commerce et des visites restreintes, le blocus est toujours maintenu dans ses mesures les plus dures.» L'ambassadeur cubain à Alger juge «indéfendable» l'argument selon lequel la levée du blocus relève exclusivement des prérogatives du Congrès. «Le président Obama jouit d'un pouvoir exécutif qui lui permet de prendre des mesures sans solliciter l'accord du Congrès. Il peut autoriser l'utilisation du dollar comme monnaie dans les transactions, la circulation des personnes et des marchandises, peut lever l'interdiction sur les produits achetés à des pays tiers contenant plus de 10% d'origine américaine, autoriser l'exportation des produits cubains vers les Etats-Unis et les compagnies américaines à investir à Cuba», a, entre autres, énuméré l'ambassadeur. Pour lui, le président américain devra «sortir de la politique des pas timides s'il veut aller vers une véritable normalisation entre nos deux pays». «Il ne peut y avoir de normalisation sans une levée totale d'un blocus injuste qui a eu de terribles conséquences pour notre pays», a interpellé l'ambassadeur cubain. Le représentant de Cuba en Algérie a enfin souhaité que le 70e anniversaire de la création de l'Organisation des Nations unies (ONU) sera l'occasion de mettre un terme à cette «injustice infligée au peuple cubain». Barack Obama avait, lui-même, reconnu devant l'Assemblée générale de l'ONU que «pendant 50 ans, les Etats-Unis ont mené vis-à-vis de Cuba une politique qui a échoué à améliorer la vie du peuple cubain».