Les nouveaux textes introduits dans la réglementation de l'urbanisme et de la construction après le séisme de mai 2003 ne sont pas respectés. Le respect des normes de construction anti-sismique semble être le dernier des soucis de la plupart des constructeurs dans la wilaya de Boumerdès. Malgré l'existence d'un cadre juridique draconien, les particuliers et certains promoteurs immobiliers continuent toujours d'ériger des constructions qui risquent de s'écrouler à la moindre secousse. Les exemples illustrant la démission de l'Etat et le non-respect des normes de l'urbanisme sont visibles à travers presque toutes les localités de la région. Il est vrai que le séisme de mai 2003 a incité les pouvoirs publics à revoir la réglementation, mais les textes sont loin d'être appliqués sur le terrain. Le comble est que même les services de l'Etat ne se fient pas aux règlements qu'ils sont censés faire respecter. Nos informations font état de plusieurs dizaines d'édifices publics qui sont érigés sans permis de construire ces dernières années à travers la wilaya. Des lycées, des CEM, des cités d'habitation et des ouvrages hydrauliques ont été construits en violation de la loi n° 04-05 du 14 août 2004 modifiant et complétant la loi 90-29 du 01/12/90 relative à l'aménagement et à l'urbanisme. Les cas les plus édifiants sont ceux de la cité des 850 logements de Sablière, réalisée sans permis construire, du lycée Frantz Fanon de Boumerdès, du lycée et du CEM de Naciria, ainsi que de nombreuses autres cités résidentielles de l'EPLF. Un fonctionnaire de la direction de l'urbanisme justifie cette situation par les problèmes d'accès au terrain. Selon lui, ces constructions seront régularisées dans le cadre de la loi 08-15 du 20 juillet 2008 relative à la mise en conformité des habitations. Néanmoins, cette loi s'est avérée un véritable coup d'épée dans l'eau. Les services de la direction de l'Urbanisme font état de moins de 200 arrêtés qui ont été délivrés par les présidents d'APC depuis la promulgation de la loi. On a appris également que 43 avis favorables seulement avaient été délivrés jusque-là pour la régularisation de projets collectifs achevés. A remarquer aussi que même les projets lancés dans le cadre de la promotion immobilière ne sont pas exempts de reproches. Dans la commune de Boumerdès, plusieurs cités sont en train d'être édifiées de manière anarchique au niveau de la cité Sidi Abdellah et aux abords de l'oued Tatareg. La plupart des promoteurs ont modifié les plans de masse, ne laissant aucun espace entre les blocs alors que tout le monde sait que la distance doit être égale à la hauteur des bâtiments. En cas de catastrophe, on ne pourra même pas y accéder pour évacuer les victimes et les retirer de sous les décombres. En sus de cela, les acquéreurs exigent rarement l'attestation de garantie qui doit être délivrée par le Fonds de garantie de la promotion immobilière, conformément à l'article 10 du décret législatif 93-03. Ces dépassements sont commis aussi par les particuliers dont certains ne respectent guère le plan d'architecture et de génie civil établis avant l'obtention du permis de construire. C'est ainsi qu'on retrouve des villas qui sont transformées en plusieurs appartements proposés à la vente, comme c'est le cas à la cité Foès, au chef-lieu de wilaya, ou ailleurs encore. Cette anarchie qui prend de l'ampleur est à l'origine du blocage de nombreux projets d'aménagement et de raccordement des foyers aux réseaux divers pour permettre aux résidants de mener une vie sans encombre.