Gamal Moubarak, le fils du président égyptien Hosni Moubarak, succèdera-t-il à son père ? La question, posée et reposée depuis quelques années sur la scène politique égyptienne, était devenue sulfureuse dans les jours qui ont précédé la tenue cette semaine du congrès annuel du parti au pouvoir, le Parti national démocratique (PND) que tout le monde en Egypte appelle El Watani tout simplement. La presse égyptienne s'était fait l'écho des craintes exacerbées et agacées de l'opposition politique de voir ce congrès, annoncé comme celui de tous les dangers, officialiser son « allégeance politique » à Gamal Moubarak comme futur candidat du PND aux prochaines élections présidentielles en Egypte. Des dissensions qui en disent long sur la crise interne au sein du parti au pouvoir se sont même fait jour dans un des plus grands journaux indépendants, Al Massri Al Youm, où une soixantaine de leaders du PND, présentés comme « importants » mais néanmoins anonymes, ont étalé leurs récriminations à l'égard de la « bande à Gamal » dénonçant ses « pratiques antidémocratiques » au sein de l'appareil du parti et appelant le président à arbitrer sagement dans le sens de l'intérêt supérieur de la nation. Pour finir, à la veille de l'ouverture du congrès, une manifestation de plusieurs dizaines d'opposants politiques a été dispersée sans ménagement au centre-ville. Finalement, au terme des travaux d'un congrès qui a duré trois jours, aucune annonce surprise n'a été faite, pas question d'une officialisation de candidature du PND aux prochaines présidentielles. Gamal Moubarak qui occupe la position de numéro 3 du parti, en tant que secrétaire national du comité politique, a sereinement dirigé les débats et laissé ses partisans répondre, non sans sarcasmes, aux questions pressantes des journalistes : « Il n'existe pas de dissensions au sein du PND, il y a quelques divergences de vue, ce qui renseigne sur la santé démocratique du parti. Si vous faites allusion aux accusations des 58 membres du PND dans Al Massri Al Youm, je vous demanderai les noms de ces personnes et puis je vous rappellerai que le PND compte plus de 2 millions d'adhérents… », avait répété aux journalistes l'un des chefs de file de la tendance des « réformateurs du PND », aussi appelée la « nouvelle garde du Watani » par les partisans de Gamal Moubarak. Agé de 43 ans, Gamal est le fils cadet de Moubarak. Diplômé en administration de l'entreprise de l'université américaine du Caire en 1982, il entame une carrière fulgurante à la Bank of America du Caire et aime à rappeler qu'il avait commencé par être simple guichetier avant de se retrouver à la tête de la branche londonienne de cette banque. Il rentre en Egypte en 1995 et entame son ascension politique au sein du PND à partir de 1999 où il finit par être nommé, en 2002, à la tête du comité politique du parti. Vieille garde La perspective de le voir succéder au fauteuil de président de l'Egypte à l'approche de la présidentielle de 2003 avait mis le feu aux poudres sur la scène politique égyptienne, où les partis politiques, les organisations de défense des libertés démocratiques mais aussi de nombreuses personnalités connues et respectées dans le monde culturel et intellectuel égyptien avaient envisagé cette succession du père par le fils comme une offense et une humiliation inacceptables. Gamal Moubarak, lui, n'a pas cessé de démentir, affirmant lors de conférences de presse retransmises en direct l'année dernière qu'il n'entendait pas se présenter à l'élection présidentielle. Mais il est dans le même temps presque aussi omniprésent que son père sur toutes les grandes questions qui touchent à l'actualité politique, économique et sociale du pays, soignant l'image de marque d'un jeune réformateur moderne et efficace au sein d'un PND, où, dit-on, « la vieille garde » a bien du mal à digérer, elle aussi, cette arrivée fracassante. Et si la question, explosive, de la succession de Hosni Moubarak a fini par être éludée lors du congrès du PND, le président égyptien qui a clôturé les travaux jeudi soir a tout de même annoncé pour l'année prochaine « des amendements constitutionnels parmi les plus importants » qu'ait connus la Constitution égyptienne depuis 1980. Sans apporter de précisions sur les articles qui seront soumis à amendement ni au contenu de ces amendements. Ce qui ne va pas manquer d'aviver les craintes de l'opposition qui réclame plus d'ouverture démocratique et qui pense voir, dans les amendements annoncés, une véritable fermeture du régime.