Qui a dit : «Les livres permettent de pleinement explorer un sujet et vous immergent dedans d'une manière plus profonde que la plupart des médias» ? ç'aurait pu être El Jahidh, celui qui, à nos yeux, a écrit le plus beau texte de l'humanité sur les merveilles du livre et de la lecture. Mais, à son époque, on ne parlait pas encore de médias. Alors quel savant taciturne ? Quel implacable érudit ? Quel rat de bibliothèque, volontiers chauve et myope ? Non, il s'agit d'un fringant jeune homme qui se trouve être l'une des premières fortunes au monde, qui se nomme Mark Zuckenberg et a inventé le «réseau social» sur internet. Fidèle à son goût des défis, il a décidé, début 2015, de lire un livre toutes les deux semaines et de lancer un club de lecture virtuel. Ce n'était donc pas pour rien qu'il avait nommé son réseau facebook… Au moment où le 20e Salon international du livre d'Alger a débuté, introduisant pour la première fois dans son programme la question de l'édition numérique, il était au moins intéressant de le relever. Au cas où cela pourrait amener des personnes – et pas seulement des jeunes –, à ne pas négliger tout ce qu'un bon bouquin peut leur apporter et rapporter au lieu de propos généralement éphémères et vains dans les méandres de la cybernétique. Intéressant aussi quand une panne nationale d'internet a récemment chamboulé le train-train de nos petites existences et le fonctionnement de nos grandes institutions. Notre vie tiendrait donc à un fil aussi ténu qu'une fibre optique noyée dans les algues ? Avec les nouvelles technologies de communication, chantées sous toute la gamme des éloges, on nous promettait de fabuleux progrès. Dites-moi donc en quoi le vieux téléphone à fil serait moins moderne que le tralala d'internet puisque lorsque l'international se coupait, on pouvait au moins appeler sa famille, ses amis ou son boulot à Hussein Dey, Bouchegouf ou Tamanrasset ? Dans quel horrible degré de dépendance sommes-nous tombés ! On devrait retenir cette leçon de choses quand la crise secoue le heurtoir de notre maison qui n'est, bien sûr, ni grecque ni espagnole. L'année 2015 correspond au centenaire d'un monsieur qui s'appelait Edmond Charlot. Rien à voir avec le personnage de cinéma, bien que… Il vivait à Alger où il avait créé une petite maison d'édition et une librairie à la rue Charras (auj. Hamani). Roblès, Camus, Saint-Exupéry et d'autres écrivains y passaient souvent. Parce qu'il était au moins favorable à l'indépendance de l'Algérie, l'OAS avait plastiqué son petit et mythique temple du livre que l'Etablissement Arts et Culture de la wilaya d'Alger, voilà quelques années, avait eu l'intelligence de rouvrir avant de l'abandonner à nouveau. Cette libraire se nommait Les Vraies richesses. Parce qu'enfin, c'est avec le livre et le savoir que l'on peut découvrir et exploiter le pétrole. Alors que le contraire est impossible.