Les projections de films ont fait leur apparition dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, c'est-à-dire en 1945. A Mouzaïa, à une dizaine de kilomètres à l'ouest de Blida, les cinéphiles étaient mieux nantis puisque dès 1929, la ville avait sa salle des fêtes avec toutes les commodités, scène, loges des artistes, buvettes, toilettes pour hommes et dames et le balcon pour une certaine classe de l'époque, et où se produisaient des artistes venus d'outre mer. Des bals, des soirées artistiques, des pièces de théâtre étaient aussi organisés par les colons. Les projections de films ont fait leur apparition dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, c'est-à-dire en 1945. «C'était les actualités d'abord, puis un film muet», se souvient Ammi Ikhlef, 80 ans. Et de préciser : «Une rangée était réservée aux Arabes qui avaient la possibilité de se payer une place de cinéma.» L'autre salle de cinéma, située à la rue Ahmed Bensalma, était la plus fréquentée puisque c'est dans cette salle, un hangar aménagé, qu'il y a eu la projection des plus grands classiques du cinéma mondial. Mahmoud se souvient de ce temps-là et raconte : «J'avais 13 ans en 1958 et avec une bande de copains nous étions des habitués jusqu'à l'indépendance de cette salle de cinéma. C'était l'époque des films burlesques de Charlie Chaplin, Laurel et Hardy et tant d'autres artistes du cinéma muet que nous vénérions. Puis vint le cinéma parlant et l'introduction des films western surtout, et nos acteurs préférés étaient John Wayne, Burt Lancaster, Alan Ladd, Kirk Douglas et Robert Mitchum, pour ne citer que ceux-là. Pour 25 ou 30 centimes, nous nous payions une soirée pour oublier la misère et les injonctions du jour.» Notre interlocuteur se souvient aussi des déplacements jusqu'à Blida où deux salles mythiques, le Versailles et l'Olympia accueillaient les jeunes de la région de la Mitidja. Dès 1963, la salle des fêtes, située à la rue Ali Maskar, baptisée alors salle El Houria, devenait l'unique salle de cinéma de la ville de Mouzaïa après l'abandon de celle de la rue Ahmed Bensalma. Les recettes des entrées de la salle des fêtes seront versées jusqu'à l'année 1970 dans les caisses du club de football de Mouzaïa qui en fera sa principale source financière. Au début des années 1990, les projections de films vont cesser et la salle deviendra un lieu pour la célébration des mariages et autres meetings politiques. Aménagée maladroitement et sans études techniques fiables, son plafond perdra son liège pour de la tôle, ses sièges ont disparu et de la faïence tout autour de ses murs sert de sous-bassement d'où une sonorité médiocre. Quant au matériel de projection, sans entretien et abandonné, il ne sert plus à rien !