Une semaine après la plus grave catastrophe aérienne qu'ait connue la Russie, les causes du crash de l'Airbus A321 n'ont pas été officiellement établies. Cependant, la piste évoquée est celle de la bombe placée à bord de l'appareil. Hier, la Russie a commencé à enterrer ses premières victimes. C'est dans la nuit du 1er au 2 novembre que l'Airbus A321 de la compagnie Russe Metrojet, assurant la liaison entre Charm El Cheikh et St Petersbourg, a disparu des écrans radars, 23 minutes après son décollage de l'aéroport de la célèbre station balnéaire égyptienne. L'appareil a percuté le sol après s'être disloqué en vol alors qu'il était à 10 000 mètres d'altitude dans le Nord Sinaï ; il en résultera la disparition tragique de 224 passagers et membres d'équipage dont de nombreux enfants. Les restes de l'appareil ont été retrouvés assez rapidement au sud de la ville d'Al Arish, dans une zone hautement disputée entre les autorités égyptiennes et les terroristes de Daech. Ces derniers n'ont d'ailleurs pas attendu longtemps avant de revendiquer la responsabilité du crash de l'avion civil russe dans un message en ligne. Un temps écartée vu que l'appareil se trouvait en dehors de la bulle opérationnelle des missiles antiaériens portatifs dont disposent les terroristes de l'Etat islamique au Sinaï, la piste de l'attentat a rejailli ces derniers jours à cause d'une accumulation d'indices. La piste évoquée comme probable est celle de la bombe à bord. Le fait que l'appareil ait perdu la queue et que de nombreux restes de passagers aient été retrouvés criblés d'éclats métalliques et partiellement brûlés confirme cette piste. Un satellite infrarouge américain avait aussi pris une image d'un flash au moment où les pilotes perdaient le contrôle de l'appareil. Candy Crush Si les autorités russes et égyptiennes se refusent à tout commentaire allant dans ce sens, privilégiant la théorie de l'incident technique, ou invitant l'opinion publique à attendre les résultats de l'enquête, la Grande-Bretagne et l'Allemagne ont pris des mesures plus radicales en interdisant à leurs compagnies aériennes de survoler le Sinaï. En effet, les experts britanniques privilégient fortement l'option de l'attentat à la bombe. Des experts affirment même que ce cas est similaire à celui de Lockerbie. L'expert en accidentologie aérienne, Julian Bray, pense qu'une bombe a été dissimulée dans un bagage et munie d'un retardateur ou d'un détonateur barométrique. L'autre option, selon lui, est que l'engin explosif a été dissimulé dans un container à nourriture livré par une société de catering externe. Les enquêteurs ont d'ailleurs longuement interrogé les personnels de catering. Mais, plus globalement, c'est l'infrastructure aéroportuaire de Charm El Cheikh qui est décriée par les observateurs et même les passagers. Des touristes britanniques se sont plaints cette semaine de l'incurie du personnel de sécurité de l'aéroport, trop laxiste selon eux. Une photo montrant un agent de sécurité jouant au jeu Candy Crush sur son téléphone portable a été très largement partagée sur les réseaux sociaux. C'est le directeur de l'aéroport qui en fera les frais, il sera démis de ses fonctions et remplacé par un pilote. En attendant la fin de l'enquête, les hypothèses qui restent sont celles de l'erreur humaine, de l'incident technique ou de la bombe. Victimes Pour la deuxième fois en deux jours, une manifestation hostile à Al-Sissi en visite en Grande-Bretagne, a rassemblé plus de 200 personnes près de Downing Street. Dans la foulée des Britanniques, l'Irlande a également demandé à ses compagnies de suspendre leurs vols vers et en provenance de la station balnéaire égyptienne, dont l'aéroport accueille chaque jour des milliers de touristes venus passer des vacances au bord de la mer Rouge. Un vol de la compagnie aérienne Jetair qui devait décoller hier de Bruxelles pour Charm El Cheikh a été reporté d'au moins 24 heures. En Europe, d'autres compagnies maintenaient toutefois leurs vols, comme Egypt Air à Rome, tandis qu'en Suisse les tour-opérateurs proposaient toujours jeudi des voyages vers Charm El Cheikh. La Russie a commencé hier à enterrer ses premières victimes à Novgorod, une ville de 200 000 habitants, située à 200 km au sud de Saint-Pétersbourg (nord-ouest)