Le premier prix Assia Djebar pour le roman a été attribué mercredi soir sous le chapiteau de l'hôtel Hilton, en marge du 20e Salon international du livre d'Alger (Sila) qui ferme ses portes ce soir au Palais des expositions des Pins Maritimes (Safex), à l'est de la capitale. Dix ministres ont assisté à la cérémonie de remise des prix. Pour la langue arabe, Abdelwahab Aïssaoui a été distingué pour son roman Sierra Muerte (Les montagnes de la mort) publié par la maison de la culture d'El Oued. Pour tamazight, le prix est revenu à Rachid Boukhroub pour Tislit n'oughanim (La poupée de roseau) publié par les éditions Amel. Amine Aït El Hadi a décroché le prix pour son roman L'aube au-delà paru en français aux éditions Aden. «Dans Sierra Muerte je raconte l'histoire de républicains espagnols qui ont été internés dans la région de Djelfa par le régime de Vichy après avoir fui l'Espagne. Le campement de Djelfa s'appelait Aïn Asrar. J'ai pu retrouver des témoignes de ces détenus qui étaient originaires d'une vingtaine de pays. Au début des années 1940, presque mille détenus étaient dans ce campement. J'ai tenté avec mon texte de relier la chronique de la guerre d'Espagne et son rapport avec l'Algérie et avec le gouvernement de Vichy», a expliqué Abdelwahab Aïssaoui. Rachid Boukhroub s'est inspiré du patrimoine kabyle pour raconter une histoire qui ressemble à un conte dans Tislit n'oughanim. L'auteur s'est dit fier d'avoir eu un prix au nom d'Assia Djebar. «Dans notre région, nous avons organisé un salon du livre dédié à cette romancière. C'est une dame qui mérite tout notre respect. Elle a laissé beaucoup de choses pour nous. Je pense qu'il faut traduire ses œuvres. Et vous avez remarqué qu'il existe peu d'études critiques algériennes sur son travail», a relevé Rachid Boukhroub. Merzac Bagtache, qui a présidé le jury, a estimé que les trois romans ont été primés pour la qualité de l'écriture. «Il y a aussi la structure du roman lui-même, le style et les sujets. Des sujets qui portent sur la femme, le terrorisme, l'Algérie qui se développe. Créer le prix Assia Djebar est la meilleure manière de rendre hommage à cette dame que nous avons enfin pu rapatrier. C'est aussi une occasion d'ouvrir les horizons devant les nouveaux auteurs», a relevé Merzac Bagtache. Chaque prix est doté d'une somme d'un million de dinars. Le prix Assia Djebar du roman est cofinancé par l'Entreprise nationale des arts graphiques (Enag) et l'Agence nationale de l'édition et de publicité (Anep). Des professionnels ont proposé durant le Sila la création d'une fondation pour Assia Djebar qui sera chargée de la constitution du comité chargé de discerner chaque année le prix littéraire.