Défait de façon surprenante samedi dernier à Alger, lors de la finale aller de la Ligue des champions africains (1-2), l'USMA se présentera cet après-midi au stade de Lubumbashi pour limiter les dégâts. Le pessimisme qui s'est installé au sein du monde sportif national tient de plusieurs facteurs. D'abord, il y a évidemment cet insuccès qui pèsera lourd dans la balance face à une formation du Tout Puissant Mazembe, dont on connaît la haute valeur et le palmarès éloquent au niveau continental. Quadruple vainqueur de l'épreuve reine, des joueurs talentueux parmi les meilleurs en Afrique, un jeu spectaculaire et un collectif soudé aura en face une équipe algérienne sans grande expérience, décimée par les suspensions et les blessures, désarticulée dans ses lignes et un moral qui frise le gazon. Il est à craindre un naufrage algérois qui risque de déteindre sur le bon parcours réussi jusque-là par l'USMA. L'équipe composée en partie, cet après-midi au Congo, de réservistes part évidemment avec des chances nulles de ramener le trophée à Alger. Les Algérois n'auront que leur courage à opposer à une machine bien rodée, redoutable dans son style et son efficacité. Même si les miracles existent, la réalisation de celui-ci paraît bien improbable pour l'ambassadeur algérien dont on connaît, en ce début de saison, les limites techniques et physiques. Quelle que soit l'issue, aussi négative soit-elle aujourd'hui, les Unionistes, le staff dirigeant et leurs supporters n'auront pas à rougir au terme de cette aventure palpitante. Ils nous auront fait vibrer ces derniers mois et leur courage mérite le respect. Reste que ce premier essai aura eu au moins la pertinence de montrer les limites africaines de l'USM Alger. Le club de Soustara doit se renforcer en qualité et relever son niveau compétitif. Le pourra-t-il quand on a à l'esprit le faible rendement technique du championnat national et, en corollaire, la disproportion dans la rémunération des footballeurs au vu des mièvreries qu'ils produisent chaque semaine ? L'argent de Haddad suffira-t-il à donner une stature africaine à son équipe, quand on sait qu'il est en train d'investir très peu dans les structures internes, l'infrastructure patrimoniale et la formation de jeunes talents ? L'évidence qui a sauté aux yeux des observateurs au stade de Bologhine, ce jour-là, est que la différence était plus que nette entre une équipe authentiquement professionnelle avec son armada de joueurs africains locaux et un ensemble algérois sans consistance, il faut le reconnaître. C'est à peu près le même écart potentiel que l'on observe entre les deux pourvoyeurs que sont Haddad, un nouveau riche né de la génération spontanée post-AVC de Bouteflika, et son homologue congolais, Moise Katumbi Chapwe, gouverneur du Katanga et richissime diamantifère et minéralier qui a décidé très jeune de faire connaître Lubumbashi, capitale du Katanga, en investissant dans ce qu'il y a de mieux : le football. Il fut président du club à 17 ans. En prenant en charge le TP Mazembe et au fil des années, il a construit un stade, offert au club un avion (B. 737) pour les déplacements et ouvert en 2011 la Katumbi football académie, un centre de formation des jeunes footballeurs à Lubumbashi. Ce club, en construction depuis une trentaine d'années, a disputé, en 2010, une finale de Coupe du monde des clubs à Doha, battu par l'Inter Milan. «Notre objectif, a-t-il soutenu, est de gagner un jour la Coupe du monde des clubs.» Ni plus ni moins. Le TP Mazembe fort de sa domination en Afrique aspire aujourd'hui au niveau mondial. Toute la différence est là, entre un président Haddad qui vogue au gré du temps et des événements sans politique précise pour son club et Moïse Katumbi Chapwe dont le football est une passion et qui a planifié depuis des lustres de faire du TP Mazembe Englebert, un patrimoine commun aux Congolais fratricides et, par extension, une fierté pour l'Afrique et les Africains.