L'ex-candidat à la présidentielle de 2014, Ali Benflis, a qualifié le projet de révision constitutionnelle piloté par la présidence de la République de «ravalement de façade» qui n'est pas à la hauteur de la gravité de la crise qui secoue le pays. Dans un communiqué sanctionnant la réunion du bureau politique de son parti, Talaie El Houriat, Ali Benflis a estimé que «la nation est confrontée à une véritable crise de régime du fait de la vacance du pouvoir». Et, de ce fait, «le dépassement d'une crise de cette nature et de cette ampleur ne peut être circonscrit dans les limites de ravalements constitutionnels de façade». L'ancien chef de gouvernement, sous Bouteflika, livre ainsi sa vision de sortie de crise. Pour lui, une telle crise «exige comme tâches nationales prioritaires le règlement de cette problématique de la vacance du pouvoir, de la religimitation de toutes les institutions et de leur remise en état d'assumer l'intégralité de leurs prérogatives constitutionnelles». Ces trois tâches ne peuvent être accomplies qu'à travers «le retour au choix du peuple souverain». Un retour conditionné par l'organisation d'élections «définitivement et effectivement mises à l'abri de la fraude». Talaie El Houriat souligne le fait que la fraude électorale est un instrument utilisé par le régime politique en place dans le but de se maintenir au pouvoir «en dépit de ses défaillances, de ses échecs et de la perte d'autorité, de crédibilité et de confiance auprès des citoyennes et des citoyens». Cette pratique ne peut être combattue, selon lui, par la mise en place d'une commission de surveillance. Le bureau politique de Talaie El Houriat estime que «la fraude, comme pratique honteuse et malsaine du régime politique en place et comme crime contre la volonté populaire souveraine, ne pourra être bannie du système politique national que par la mise de tous les scrutins à venir hors de portée de toute immixtion, interférence ou détournement de la part du régime politique en place et de son appareil politico-administratif». Cette formation renouvelle dans ce sillage sa demande de «création d'une instance nationale indépendante de préparation, d'organisation et de contrôle de l'intégralité des processus électoraux à venir, comme cela est le cas dans de très nombreux pays dans le monde, y compris dans notre voisinage immédiat». Dans un autre registre, le parti de Benflis se dit «préoccupé par l'escalade dans le langage de menace, de chantage et d'intimidation qui a pris pour cible toutes les positions critiques à l'égard du régime politique en place et les idées contraires ou les opinions divergentes des siennes exprimées par la société civile, les médias ou l'opposition nationale». Il réaffirme ainsi sa détermination «de ne céder à aucune de leurs formes dans la défense de leur projet politique visant la refondation d'un système politique qui est devenu, de toute évidence, l'obstacle majeur devant l'entrée du pays dans la modernité politique et la rénovation économique et sociale». Sur le plan économique, Ali Benflis considère que le projet de loi de finances 2016 s'inscrit dans le même esprit d'austérité visant les couches les plus défavorisées. Cette formation dénonce vivement «l'approche étroitement fiscaliste adoptée par le gouvernement». Pour Talaie El Houriat, cette approche «n'est qu'un adjuvant de courte vue tant elle se confine au seul traitement des manifestations comptables de la crise plutôt qu'aux dysfonctionnements fondamentaux de l'économie nationale qui constituent les véritables causes de son extrême vulnérabilité face à cette crise». Et pour ce parti, «le fardeau des ajustements que dicte la crise économique actuelle est inéquitablement partagé». Il prévient contre le fait que la démarche du gouvernement fasse porter le poids «de la lourde pression fiscale décidée à certaines catégories de la population et en exonère les niches clientélistes et rentières, de même que celles de l'argent douteux qui domine de vastes pans de l'économie nationale». Le parti de Ali Benflis continue dans ce sillage à soutenir les efforts de l'instance de coordination de l'opposition pour organiser une autre conférence regroupant toutes les forces vives du pays pour une sortie de crise définitive.