L'Algérie a-t-elle retiré le mandat d'arrêt international lancé en août 2013 contre l'ancien ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil ? Si c'est le cas, pourquoi l'Algérie n'a pas rendu publique cette information ? Si ce n'est pas le cas, comment expliquer la présence de Chakib Khelil et de sa femme à la soirée organisée, le 5 novembre, par l'ambassade d'Algérie aux Etats-Unis pour la célébration du 61e anniversaire du déclenchement de la guerre d'indépendance ? Cette présence a suscité des interrogations, mais aussi la colère de citoyens et de plusieurs députés. Ne pouvant faire l'impasse sur ce scandale, le député Lakhdar Benkhalef du Front pour la justice et le développement (FJD) a décidé d'interpeller le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra. Il lui a adressé, hier, une question orale lui demandant de s'expliquer sur ce sujet. Comment, demande le député Benkhalef, une personne poursuivie dans des affaires de corruption et qui a fait l'objet d'un mandat d'arrêt international peut-elle recevoir une invitation à une manifestation officielle organisée par l'ambassade d'Algérie aux Etats-Unis ? Le député qualifie cette démarche de «grave erreur diplomatique» et interroge M. Lamamra sur les dispositions qu'il compte prendre à cet effet. «Comment un responsable du rang de diplomate peut-il commettre une telle bévue ? Comment ose-t-il inviter un homme contre qui un mandat d'arrêt officiel a été lancé ? Cette situation est ambiguë et nous exigeons des éclaircissements», nous a confié le député joint par téléphone. Le député traduit les préoccupations des citoyens qui n'ont rien compris à ce comportement. «Le peuple algérien attend, depuis l'annonce officielle du mandat d'arrêt contre Chakib Khelil, une suite. Quel est le sort réservé à ce dossier», s'interroge le député, qui rappelle la genèse de l'affaire. En 2013, le procureur général près la cour d'Alger, Belkacem Zeghmati, avait annoncé que l'Algérie venait de lancer un mandat d'arrêt international contre Chakib Khelil, sa femme, ses deux enfants et Farid Bedjaoui, principal intermédiaire dans l'affaire des pots-de-vin versés par la société italienne Saipem dans le cadre de l'affaire Sonatrach 2, qui est toujours en instruction. Le procureur général avait indiqué également qu'il a été procédé au gel des avoirs de la famille Khelil et à la mise sous scellés de leurs biens immobiliers. A préciser que M. Zeghmati a été limogé en septembre dernier dans le cadre d'un mouvement restreint dans le corps des présidents de cours de justice et des procureurs généraux. Le ministre des Affaires étrangères répondra-t-il à la question du député ? Ou tournera-t-il le dos, comme le fait souvent le gouvernement, à ces représentants du peuple ? Notons que ce même député avait déjà interpellé le gouvernement sur «le vice de procédure» constaté dans justement le mandat d'arrêt international lancé contre l'ancien ministre de l'Energie, «qui a rendu impossible son application». D'après M. Benkhalef, un mandat d'arrêt international doit être lancé par le président de la Cour suprême et non par le parquet. Seulement, à la déception de tout le monde, le gouvernement avait refusé de répondre à cette question qui a été tout simplement retirée de l'agenda de l'Assemblée.