Peut-on mettre en doute la probité scientifique de toute la planète pour cacher nos tares ? L'ensemble de la communauté scientifique - allemande, Harvard, Oxford et autres -, soucieuse de la réputation de ses institutions, avait bel et bien bannis une liste d'éditeurs de revues scientifiques dites «prédatrices». La fameuse liste établie par un bibliothécaire du fin fond du Colorado, la beall's list, fait désormais autorité et comble de honte toute référence à ces journaux. Hélas, il nous apparaît que l'essor de la publication scientifique algérienne dont se targue le professeur Hafid Aoureg, directeur de la recherche scientifique, passe par cette voie douteuse. La publication dans de fausses revues ne serait que l'aspect apparent d'un système de cooptation encore plus pernicieux, qui favorise une nomenclature de faussaires au détriment des plus intègres. Et si l'on considère la facilité avec laquelle des administrateurs parviennent à décrocher le grade de professeur, l'on reste pantois devant le chiffre astronomique de 25 000 doctorants empêchés de graduation faute de publication justement. Un secret de polichinelle ? Il reste, paradoxalement, des mieux gardés par les autorités de tutelle. Pour gravir les échelons, monter en grade et obtenir les privilèges y afférents, certains n'hésitent pas à recourir à des méthodes peu scrupuleuses. Ainsi donc, l'enquête de notre journaliste (ci-contre) met en lumière et révèle l'étendue de ces pratiques devenues la règle au sein du milieu universitaire. Combien sont-ils, ces faussaires, à se targuer du grade d'éminent «professeur», tapis dans l'ombre des arcanes universitaires algériennes, cachés dans les centres de recherche et faisant la pluie et le beau temps dans les administrations de nos ministères ? Cela renseigne sur ce chancre de la corruption qui gangrène le pays et qui a fini par atteindre l'«élite scientifique». Les évidences sont bien là, dans la longue liste de publications affichées sur les sites internet de nos institutions, mais d'autres preuves sur les faux diplômes de hauts responsables sont encore cachés dans les tiroirs intouchables de la «république». Par préméditation ou par ignorance, certains avancent la présomption d'innocence comme argument afin de les épargner d'accusations pourtant véridiques et vérifiables. Un «lettré» de l'enseignement supérieur ne peut pas faire valoir l'argument de «l'ignorance».Mais comme l'avait si bien dit l'éminent sociologue algérien feu Guerid, «les semi-instruits font plus de dégâts que les analphabètes». Un système corrompu et castrateur érigé au sein de l'université, où les amis et les copains font main basse sur les postes-clés de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, faisant valoir pour certains de faux diplômes quand d'autres étalent leurs travaux publiés dans de fausses revues, des «études» du reste médiocres et tout bonnement inutiles. Car si l'on considère les sujets même de cette recherche, l'on verra la stérilité patente de ces vaines dépenses. Et l'on se demande encore que cherchent ces savants qui n'ont jamais rien inventé... Le pouvoir, impunément.