La convocation des élections générales, au demeurant attendue, vise à reprendre le contrôle du mouvement palestinien, profondément divisé entre le Fatah et le Hamas, le premier à la tête de l'Autorité palestinienne contrôlant la Cisjordanie, le second s'étant rendu maître de la bande de Gaza. Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a signé vendredi un décret fixant au 24 janvier prochain les élections présidentielle et législatives sur l'ensemble des territoires, c'est-à-dire en Cisjordanie, dans la bande de Gaza et à Jérusalem. La décision a été prise après un nouvel échec de l'Egypte dans sa tentative de réconcilier les frères ennemis du Hamas et du Fatah. En effet, l'accord proposé par les médiateurs du Caire a été ratifié par le parti de Mahmoud Abbas, mais pas par le parti islamiste qui contrôle la bande de Gaza depuis 2007. En vertu de la Loi fondamentale palestinienne, le président Abbas devait annoncer la date des élections générales trois mois avant leur tenue. Le 24 janvier 2010 expire le mandat de quatre ans du Parlement palestinien élu en 2006 et marqué par la victoire du parti islamiste Hamas. Pour sa part, le mandat du président Abbas, élu en 2005, devait expirer en janvier 2009 avant d'être prorogé d'un an par l'Autorité palestinienne, conformément à la Constitution qui prévoit la tenue simultanée des scrutins présidentiel et législatif. La convocation des élections générales, au demeurant attendue, vise à reprendre le contrôle du mouvement palestinien, profondément divisé entre le Fatah et le Hamas, le premier à la tête de l'Autorité palestinienne contrôlant la Cisjordanie, le second s'étant rendu maître de la bande de Gaza. À peine le décret publié à Ramallah, le Hamas a réagi en le dénonçant, le qualifiant d'illégal et d'inconstitutionnel. Fawzi Barhoum, porte-parole du parti islamiste à Gaza, a condamné "une tentative délibérée (…) de renforcer les divisions et d'accaparer la scène palestinienne", avant d'affirmer que le mandat du président de l'Autorité palestinienne a expiré en janvier 2009 et qu'il n'est plus "habilité à émettre de tels décrets". Aussi, le Hamas, qui avait exprimé le souhait de repousser le scrutin jusqu'au mois de juin, menace-t-il d'en empêcher la tenue sur l'ensemble du territoire de la bande de Gaza. La décision de Mahmoud Abbas n'est pourtant pas une surprise puisque dès mardi, depuis l'Egypte où il se trouvait, il a fait part de son intention. Il reste que si le mouvement islamiste persiste dans sa position, la tenue des élections générales à la date fixée se présente comme une gageure, l'Autorité palestinienne n'étant effective qu'en Cisjordanie, la bande de Gaza étant sous le contrôle du Hamas et Jérusalem sous celui d'Israël. Un scrutin sans la participation des électeurs de la bande de Gaza entacherait gravement la légitimité des pouvoirs qui en seront issus et compromettrait dangereusement et durablement l'unité palestinienne. Il ferait, par la même occasion, le bonheur du gouvernement israélien, qui en tirerait la justification de sa fuite en avant et de sa politique de colonisation. Autant dire que dans un tel cas de figure, toute velléité de réanimer le processus de paix serait illusoire. Mahmoud Abbas comme les responsables du mouvement islamiste le savent. C'est pourquoi les deux camps semblent engagés dans ce qui ressemble à une partie de bras de fer, sachant que l'une ou l'autre des parties finira par céder. Pour l'heure, l'Autorité palestinienne, représentée par Mahmoud Abbas, détient les bonnes cartes, dans la mesure où le Hamas est isolé au plan international, mais surtout parce qu'ayant refusé de parapher le compromis proposé récemment par les Egyptiens, ces derniers l'ont clairement désigné comme le responsable de l'échec de la réconciliation nationale. Exception faite de l'Iran et, à un degré moindre, de la Syrie, le reste du monde arabe et musulman devrait partager le point de vue égyptien. C'est pourquoi, semble-t-il, Mahmoud Abbas laisse une porte ouverte au Hamas en promettant de lui donner satisfaction sur la date des élections générales en les reportant à juin, si toutefois il se résout à entériner les accords du Caire. Dans tous les cas, c'est une guerre des nerfs insoutenable qui est engagée entre les deux camps. Et, dans cette épreuve décisive, à moins d'assumer une attitude suicidaire, la marge de manœuvre du mouvement islamiste est quasiment nulle.