La problématique de l'écriture de l'histoire du mouvement national et de la guerre de libération revient à chaque fois lors des colloques organisés ces dernières années, notamment avec la relance de cette lancinante question «comment écrire la vraie histoire de l'Algérie après 53 ans de recouvrement de l'indépendance ?». Des questions ont aussi été abordées à ce sujet lors du colloque international ayant pour thème «Constantine et sa région dans le mouvement national et la guerre de libération», organisé à l'hôtel Marriott du 9 au 11 du mois en cours, à l'occasion de l'évènement Constantine capitale de la culture arabe. Pour Ouanassa Siari Tengour, historienne et chercheur au CRASC, et présidente du comité d'organisation de ce colloque «les débats sur ce sujet sont toujours ouverts et il demeure important de renouveler les connaissances sur l'histoire de la période 1940-1962 à travers l'ouverture du champ de la recherche aux étudiants en post-graduation à l'université car cette dernière reste quelque peu en retard par rapport aux efforts d'écriture de l'histoire». Lors de son intervention d'ouverture de cette rencontre, Ouanassa Siari Tengour a insisté sur la nécessité d'approfondir les études dans tous les aspects de cette histoire, en exploitant les archives, mais aussi en récoltant les témoignages des acteurs qu'ils soient militants, moudjahidine ou autres. Des témoignages qui peuvent donner de précieuses révélations pour participer à l'écriture de la mémoire collective. «Toutefois, et malgré l'abondance des titres et des études, beaucoup reste à faire pour aboutir à l'écriture d'une histoire, qui fait aujourd'hui l'objet de nombreux affrontements et d'une instrumentalisation de la part d'apprentis sorciers qui servent certains intérêts», dira-t-elle. Dans une critique claire de la façon avec laquelle on continue d'aborder l'histoire du mouvement national et de la guerre de libération, la conférencière a appelé «à dépasser le seuil des descriptions et des évocations et sortir des généralités creuses». L'intervenante ne manquera pas d'évoquer de nombreuses questions lancinantes de l'histoire de cette époque qui doivent faire l'objet d'une étude approfondie pour apporter les éclairages à travers des enquêtes poussées sur le terrain. Elle citera entre autres l'organisation de la résistance à Constantine, l'organigramme du FLN dans cette ville, la manière avec laquelle se faisaient les recrutements, le degré d'adhésion de la population dans les rangs du FLN, l'encadrement de la population, ce qui permettra une évaluation des vrais chiffres des membres du FLN, dont certains estiment qu'ils sont gonflés. D'autres questions ont été également soulevées, notamment celle liée à la défection du groupe de Constantine lors du déclenchement de la révolution, alors qu'une petite bourgade comme El Khroub n'a pas raté son rendez-vous. Plusieurs questions qui demeurent encore en suspens, et qui nécessitent l'ouverture des archives aux historiens et aux chercheurs pour une écriture critique de l'histoire. L'allusion est faite surtout à une importante partie des archives nationales se rapportant à la période de la guerre de libération et qui demeurent encore fermées.