Le ministre entend ouvrir les portes du gouvernement aux médias. Le ministre de la Communication, Hachemi Djiar, est en passe de gagner son pari. Il s'est donné pour premier objectif d'assainir les relations presse-pouvoir et il faut admettre qu'à force de persévérance, il a réussi à faire «passer le courant» entre les deux acteurs. En effet, lors de la conférence de presse qu'il a animée, hier, il a été aisé de constater que la grande disponibilité, dont il fait montre depuis sa prise de fonction a porté ses fruits, Mieux M.Djiar ne semble pas se contenter de cette reprise de contact qui a tout l'air d'être assise sur des bases solides. Il escompte la fructifier dans l'intérêt de toute la société. Le ministre semble mu par une conviction profonde que la presse est un outil essentiel du développement national. Adepte de «la communication institutionnelle», le ministre entend ouvrir les portes du gouvernement aux médias à travers des rencontres hebdomadaires avec les ministres de la République, avec pour principal objectif de «communiquer» les réalisations des différents secteurs d'activité. Un grand forum en somme, où les professionnels de la presse écrite et audiovisuelle, seront mis au courant, «dans le détail» de l'état d'avancement des projets inscrits dans le cadre de la relance économique et des réformes entreprises dans l'ensemble des structures de l'Etat. Cette initiative, qui marque un tournant dans le style de communication des pouvoirs publics, vise à instaurer une nouvelle démarche qui ne sera «ni une communication politique, ni gouvernementale, mais institutionnelle au sens où l'Etat appartient à tous les Algériens», dira M.Djiar. C'est là l'un des aspects primordiaux d'une stratégie, «actuellement en maturation et qui sera rendue publique, dès sa finalisation», révèlera le ministre qui entend associer le monde de la presse dans la dynamique nouvelle que connaît le pays ces dernières années. La stratégie de Hachemi Djiar qui se veut une démarche à long terme et non pas «une opération limitée dans le temps», sera exclusivement au service de l'intérêt de la nation qui, selon le ministre, a besoin de savoir qu'elle avance. «L'Algérie qui revient d'une tragédie terrible travaille», dira-t-il, tout en soulignant l'importance de communiquer les avancées réalisées par l'Algérie, au même titre que de relever les insuffisances. Conscient qu'une telle démarche a besoin de moyens, le ministre insiste sur l'impérieuse nécessité de réformer le secteur public. Et de relever le fait que cette réforme s'inscrira «sous le signe de la modernisation», en termes de management et de dotation des organes publics en technologies nouvelles. A l'ère de la numérisation, le gouvernement entend saisir cette opportunité au bénéfice de la société. Le ministre annoncera, à ce propos, une réflexion profonde autour de la télévision numérique terrestre et évoque même l'idée de lancer des télévisions régionales, à l'instar du travail qui se fait au niveau du support radiophonique qui tend à connaître une démocratisation effective à travers toutes les régions du pays. A côté des efforts de modernisation du secteur public de l'audiovisuel, le ministre a également annoncé des projets vitaux au bénéfice de la presse écrite, à l'image d'un centre documentaire dédié aux journalistes, en sus d'un centre de perfectionnement pour les journalistes. Mieux, M.Djiar révèlera également avoir fait une proposition aux patrons de presse pour la création d'une coopérative de diffusion. Ces projets seront financés, assure le ministres par le fonds, jusque-là dormant, d'aide à la presse. Le ministre qui affirme s'inspirer du programme du chef de l'Etat, a tenu à signaler qu'à aucun moment, le président de la République n'a pensé remettre en cause l'acquis de la liberté de la presse que bien des sociétés envient à l'Algérie. Il a, à ce propos, rappelé les mesures de grâce présidentielle décidées au bénéfice des journalistes et annoncé solennellement que «la presse est au centre des préoccupations du chef de l'Etat». Cela dit, Hachemi Djiar reste intraitable sur la question de l'ouverture du champ audiovisuel, arguant le fait qu'en pleine phase de transition, l'Etat se doit de garder un contrôle direct sur ce média. Enfin, en ce qui concerne le monopole de la publicité, le ministre a réfuté le concept du monopole sur la publicité, en relevant que beaucoup d'entreprises de publicité privées activent sur le marché. Il tiendra également à signaler que l'Etat soutient directement et indirectement la presse nationale à travers le soutien du prix du papier et la diffusion de la publicité institutionnelle à de nombreux titres qui, sans cette intervention, auraient purement et simplement disparu.