Dans son discours d'introduction, avant que les participants ne travaillent en ateliers, M. Cazeneuve, selon ce que rapporte le site officiel du ministère de l'Intérieur, a apporté des chiffres sur la menace que représentent des personnes radicalisées qui sont nées en France. «571 personnes sont à ce jour présentes en Syrie et en Irak et 141 ont déjà perdu la vie sur le front irako-syrien.» Des chiffres inédits alors que la guerre menée au Moyen-Orient est faite au nom de la légitime défense. Pour le ministre, «parmi les personnes radicalisées figurent de plus en plus de mineurs. 16% des personnes identifiées ont moins de 18 ans et 85 de ces mineurs ont rejoint le théâtre des opérations en Irak et en Syrie. Ces jeunes, bien que parfois très bien insérés socialement et entourés par leur famille, développent une conception fantasmée de la ‘‘révolution islamiste'', nourrie par la propagande habile de Daech sur internet et les réseaux sociaux. C'est le plus souvent l'ignorance qui conduit à ces drames.» Il a insisté sur ce terme d'«ignorance» qui, à ses yeux, est l'un des éléments les plus déterminants des recrues parmi lesquelles «un quart des personnes radicalisées identifiées sont des femmes et 199 d'entre elles sont actuellement présentes dans la zone irako-syrienne» et beaucoup de convertis. Le ministre a enfin parlé des «facteurs d'ordre psychologique, voire psychiatrique. A ce jour, 103 personnes identifiées comme radicalisées ou étant sur la voie de la radicalisation font l'objet d'un suivi médical et 62 d'entre elles ont même dû être hospitalisées». Pour contrecarrer cela, «une grille d'indicateurs du basculement dans le fanatisme et la radicalisation violente a été élaborée». Restant dans le domaine de la prévention, qui aujourd'hui a un air tristement dérisoire, Bernard Cazeneuve a rappelé «à quel point il était absolument indispensable que toute personne dont on est certain ou bien dont on craint qu'elle n'ait basculé dans la radicalité soit signalée aux structures compétentes». Grâce à la plateforme téléphonique nationale regroupant une équipe de professionnels, 3800 signalements ont été recensés. Dans chaque département, une «cellule de suivi et de prévention de la radicalisation» a été mise en place et une équipe mobile d'intervention a été créée. Ces mesures prouvent assez que la menace est prise au sérieux, avec une marge d'erreur essentielle : personne ne peut savoir où et quand frapperont des terroristes inconnus des services ou de n'importe quelle cellule de prévention. Ce qui a eu lieu vendredi.
«Le marché aux illusions» Dans un entretien au journal gratuit 20 Minutes, paru le 11 novembre, Pierre N'Gahane, secrétaire général du Comité interministériel pour la prévention de la délinquance (CIPD), a dressé le bilan de 18 mois de mise en place du numéro vert «Stop Djihadisme»… «A fin octobre, le numéro vert avait enregistré un peu plus de 3000 signalements. A ce chiffre, il faut ajouter les appels passés dans les différentes structures mises en place dans chaque préfecture. Il y en a eu 4000. Au total, nous avons donc enregistré plus de 7000 signalements de personnes soupçonnées de radicalisation (…). Il y a 20% de personnes mineures, 30% de femmes environ et 37% de ‘convertis'.» Pour le fonctionnaire, «le point commun de tous ces jeunes en voie de radicalisation, c'est qu'ils sont en situation d'échec et à un moment de grande vulnérabilité. Par conséquent, ils cherchent une solution. Certains vont se réfugier dans une addiction, d'autres vont être tentés par les sectes ou la délinquance. Malheureusement, les derniers vont se laisser séduire par certaines formes de radicalisme. C'est ce que j'appelle ‘le marché aux illusions'».