Information ■ Les combattants du pseudo-djihad recrutent en Europe, avec beaucoup d'habileté, des jeunes de milieux divers. Les jeunes Français, issus de tous les milieux sociaux, sont de plus en plus attirés par «un paradis» promis. C'est principalement sur internet que se joue le recrutement des pseudo-djihadistes. Par le biais de vidéos et de conversations sur Facebook, il s'agit de mener des jeunes, en quête de sens à leur vie, vers un engagement total au service de la réinstauration du califat et de la régénération du monde. Les pseudo-djihadistes procèdent par étapes. Il s'agit avant tout de susciter des doutes quant à ce qui se présente comme vrai à l'extérieur. Quelque 1 132 Français sont en effet impliqués dans les filières djihadistes, selon le procureur de la République de Paris, François Molins. Selon lui, 376 Français sont présents en Syrie et en Irak, dont au moins 88 femmes et 10 mineurs. Au moins 184 personnes sont en transit, 199 ont quitté la Syrie, dont 118 sont aujourd'hui de retour en France. 233 ont manifesté des velléités de départ. Ces départs ont augmenté d'environ 82% depuis le 1er janvier, selon le ministre français de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve. Au moins 36 Français ont, par ailleurs, déjà trouvé la mort en Syrie ou en Irak. Les données sur les filières djihadistes en France, composées pour les deux tiers de ressortissants français, montrent qu'il s'agit d'une population jeune et hétérogène, majoritairement issue de familles immigrées, mais comportant une part importante de convertis (20%). Près de la moitié des personnes recensées étaient inconnues des services de renseignements avant leur signalement. Par ailleurs, on estime qu'une dizaine de Français sont impliqués dans les filières jihadistes en Irak. En tout, environ 3 000 personnes sont parties d'Europe pour mener le djihad en Syrie et en Irak, un chiffre également en forte hausse ces derniers mois, avait dit, fin septembre, le coordinateur européen pour la lutte antiterro-riste. Quelque 93 procédures sont aujourd'hui ouvertes, dont 48 enquêtes préliminaires sous l'égide du parquet et 45 informations judiciaires confiées à des juges d'instruction antiterro-ristes. Dans le cadre de ces procédures, 109 personnes ont été mises en examen par les magistrats du pôle antiterroriste du tribunal de grande instance de Paris, dont 76 ont été écrouées et 33 placées sous contrôle judiciaire. Fin avril dernier, dans le cadre d'un plan antidjihad, un numéro vert (08.00.00.56.96) a été mis à la disposition des familles françaises et des proches de jeunes radicalisés afin qu'ils puissent prévenir les services de police de leurs doutes, d'un départ imminent. En incluant les signalements par mail et par un site internet dédié mis en place en même temps, 625 si-gnalements «pertinents et avérés» ont été recensés, selon un bilan établi au 4 novembre. Quelque 55% des personnes concernées ne sont pas «de culture arabo-musulmane», un quart sont des mineurs, 44% des filles. Cent personnes étaient déjà parties lors du signa-lement. Ces signalements ont permis d'éviter «70 à 80 départs pour la Syrie», a affirmé Bernard Cazeneuve.