L'état du vieux bâti à Alger n'en finit pas de défrayer la chronique. La lenteur des travaux et les multiples obstacles rencontrés ne font que retarder la bonne prise en charge. La capitale est en perpétuelle dégradation. Longtemps limité aux fragiles et vulnérables «douérate» de la vieille médina d'Alger, le phénomène de l'effondrement du vieux bâti semble, en effet, gagner du terrain et toucher, par un effet tache d'huile exponentiel, les immeubles de style haussmannien ayant pignon sur rue des quartiers environnants, aussi bien ceux situés à l'est qu'à l'ouest du centre-ville. Le constat est atterrant rien qu'à faire un tour dans le centre historique où d'innombrables immeubles sont ébranlés par le poids des années. Le phénomène des effondrements, qui était autrefois rare, commence à devenir légion de nos jours. Dans la commune d'Alger-centre, des pans entiers d'habitations s'effritent à vue d'œil, en particulier du côté des quartiers de Debbih Cherif, Ahmed Chaïb (ex-rue Tanger), Abane Ramdane, Larbi Ben M'hidi, Krim Belkacem, avenue colonel Amirouche, Yahia Benaïche, les Frères Benzine, la rue de la Liberté, les Frères Bellili, ou la rue du Docteur Saâdane (ex-Trollard). Au même titre, les habitations situées sur la rue Didouche Mourad et du boulevard Mohammed V ne sont pas épargnées par ce délabrement. Il y a de cela deux ans, des morceaux de balcons se sont détachés et sont tombés sur la tête de passants causant des morts et de nombreux blessés. D'autres quartiers à Bab El Oued, La Casbah et Belouizdad ne sont pas en reste. Il y a des centaines de victimes de ce genre d'incidents et la liste reste ouverte tant que le problème du vieux bâti n'est pas réglé définitivement. De ce fait, plusieurs facteurs sont la cause de l'accélération de la dégradation, comme la disparition des concierges qui étaient autrefois la cheville ouvrière du maintien des immeubles. S'ensuit le facteur de la cession des biens de l'Etat aux particuliers qui rechignent, d'une part, à effectuer les travaux d'entretien, et, d'autre part, à céder l'entretien aux services compétents. D'autres problèmes viennent se greffer, tels que les réseaux électriques et les câbles téléphoniques situés dans plusieurs artères d'Alger-centre, selon de récentes déclarations de M. Loumi, directeur de l'habitat de la wilaya d'Alger. De nombreuses habitations collectives menaçant ruine et répertoriées par les autorités locales sont en mal de rénovation, sachant que le programme de réhabilitation lancé en 2014 par les services de la wilaya semble, eu égard à la réalité du terrain, tarder à sortir de «l'ornière». La réhabilitation en chiffres La réhabilitation du parc immobilier de la capitale compte environ 302 114 portes de maisons sur 19 270 logements répartis à travers 21 communes. Dans un bilan élaboré par les services de la Direction de l'aménagement et restructuration des quartiers (DARQ), il est mentionné dans le volet des travaux achevés que 133 immeubles qui abritent 1696 logements ont été entièrement rénovés, cela concerne les deux communes de Bourouba et Bouzaréah. Quant aux travaux qui sont en cours de finalisation, 225 immeubles totalisant 4095 logements enregistrent un taux d'avancement de 21% dans les communes de Baraki, El Mouradia, Sidi M'hamed, Rouiba, Bir Mourad Raïs, Hydra, Oued Smar et Aïn Taya. Par ailleurs, il est mentionné dans le même bilan que plusieurs immeubles sont soumis à un diagnostic dans le centre historique, ainsi qu'à Bouzaréah et El Madania. Dans ce sillage, il est question de 191 immeubles à travers six communes du centre. S'agissant du volet du traitement des cahiers des charges, il est souligné que 401 immeubles, comptant 7622 maisons, attendent l'approbation de leurs carnets à travers les communes d'Alger-centre, El Madania, Hussein Dey, Kouba, Chéraga, Dély Ibrahim, Rouiba, Bir Mourad Raïs, Hydra et Oued Smar. Pour cette première phase de l'opération, le bilan détaillé fait état de 1097 immeubles.