La mercuriale est en folie dans la wilaya de Annaba. En ce début de Ramadhan, elle a connu une fébrilité rarement égalée. Que ce soit dans les fruits et légumes, les viandes blanches et rouges et les autres produits agroalimentaires, les prix ont été caractérisés par une impudeur excessive. Même les familles aisées qui s'interdisaient de parler argent ont pleuré misère. Et tous de désigner le mal : ces commerçants qu'ils soient du marché couvert, El Hattab, Souk Ellil à Annaba où en activité dans les 11 autres communes. Sont également pointés du doigt, les animateurs du marché de gros à El Bouni, les maquignons et les bouchers. Dans ce contexte, en l'absence d'un contrôle rigoureux par les services concernés, les consommateurs subissent. Ils évoquent la défaillance des structures de l'Etat. Le style est daté, certes, mais dans le comportement des commerçants et des consommateurs, chacun imagine le « libre marché » en fonction de ses intérêts. La disponibilité des produits textiles importés sur le marché a cassé les prix. Contrairement aux précédentes années, cette rentrée scolaire ne nous a pas saignés. Ce qui n'est pas le cas en ce Ramadhan pour les produits agroalimentaires et les viandes dont les prix sont inabordables. « Pour les commerçants, ce mois de piété et de miséricorde s'est transformé en possibilité de s'enrichir », a déclaré Mme S. Mounira femme de ménage et mère de famille. A Annaba, le sens du commerce se perd en ce Ramadhan. Sa seule évocation angoisse la ménagère et le Croissant-Rouge. L'une et l'autre l'entendent comme une mise au pas des salaires. Au Croissant-Rouge, l'on continue à attendre la confirmation des engagements des bienfaiteurs pour l'approvisionnement des stocks. Au 1er jour du Ramadhan, ils étaient peu nombreux. Les mères et pères des familles démunies qui s'y pressent tôt le matin pour prétendre bénéficier d'une aide alimentaire, ne seront pas tous satisfaits. C'est dire que les 8000 couffins que la commune de Annaba a prévu de distribuer, seront bien insuffisants pour une population de plus de 350 000 habitants dont la moitié est au chômage.