La gestion de ces déchets a, de tout temps, été reléguée au second plan vu que cette wilaya comptait déjà d'autres déchets qu'on estimait plus dangereux et prioritaires dont les rejets industriels estimés à plus de 28 000 tonnes. Selon un rapport de l'APW, dressé au courant des années 2000, la wilaya de Skikda générait déjà plus de 670 tonnes de déchets hospitaliers par an. Aujourd'hui et avec la multiplication des infrastructures de la santé, ce taux dépasserait, à en croire certains acteurs de la santé publique, les 1000 tonnes. Pour se faire une idée plus exhaustive, disons que ce volume représente près de 05% du taux globale de ce type de déchets générés au niveau national et qui est actuellement de l'ordre de 20 000 tonnes. Il est vrai que 05% de déchets générés dans une wilaya qui ne dispose même pas d'un CHU, c'est déjà énorme ! La gestion de ces déchets a de tout temps été reléguée au second plan vu que cette wilaya comptait déjà d'autres déchets dangereux et plus prioritaires, tels, les rejets industriels estimés plus de 28 000 tonnes dont les boues et les scories de mercure, les résidus du pétrole et les askarels.Entre temps, les déchets de 06 hôpitaux, de 42 polycliniques, 178 sales de soins publiques, 300 cabinets médicaux privés et 200 dentistes étaient plus ou moins éliminés dans des incinérateurs dont les performances laissaient tout de même à désirer. L'incinération de tous les dangers Plus grave encore, certains incinérateurs constituaient une source de pollution atmosphérique avec ses fumées noirâtres qui infestaient les lieux à chaque mise en service. Autant dire que l'hôpital se moquait bien de la charité. Donc, il ne suffisait pas de mettre en marche des incinérateurs pour se donner bonne conscience. Encore fallait-il respecter le process même de ces équipements et se mettre au diapason du décret exécutif N° 03-478 définissant les modalités de gestion des déchets d'activités des soins. Mais laissons plutôt parler ceux qui sont en contact directe avec cette problématique. Des cadres du secteur de la santé estiment que les choses ne sont pas si rassurantes que ça. Sous le couvert de l'anonymat, ils en témoignent. «Officiellement, on vous dira que l'ensemble des déchets hospitaliers étaient toujours incinérés. C'est vrai. Mais on ne vous dira jamais comment, dans quelles conditions ni avec quelles conséquences» lancent-ils. Ces sources jugent que par cette pratique anarchique on n'a fait qu'amplifier les risques et de poursuivre «ce qu'on ne vous dira jamais, c'est que ces incinérateurs avaient des limites par rapport à certains produits. A titre d'exemple, certains équipements toléraient un taux de plastique qui ne devait pas dépasser les 20 % du volume globale des déchets à incinérer. Or, des fois, le volume du plastique dépassait les 50 %, ce qui influait aussi bien sur le rendement chimique que physique non sans engendrer d'épaisses fumées noires. Il faut aussi savoir que chaque incinérateur avait ses propres spécificités. On ne pouvait pas brûler des déchets organiques avec d'autres résidus chimiques ou des métaux par exemple. Malheureusement, au niveau des établissements hospitaliers disposant de tels équipements, on y rejetait tout et n'importe quoi jusqu'à la boite de thon acheté au coin croyant que l'incinérateur allait tout régler. Cette pratique a causé beaucoup de dégâts aux incinérateurs sans parler de l'impact sur le milieu» Des salles de soins hors circuit ? Néanmoins l'on admet à dire que les institutions publiques de la santé dans la wilaya tentaient, tant bien que mal, de respecter les consignes relatives à la collecte et la mise en incinérateur de leurs déchets. Cette règle n'était cependant pas respectée auparavant. Ce n'est qu'en 2006, et avec la création de l'entreprise Cleanski (Etablissement public de wilaya de gestion des centres d'enfouissement technique) que les choses ont évolué. «On avait alors saisi les responsables du secteur de la santé pour que le ramassage des ordures des hôpitaux sa fasse dans les normes. On avait relevé à cette époque qu'en plus des déchets de la cantine il y avait également des déchets hospitaliers. On a mis fin à cette atteinte et aujourd'hui le ramassage des déchets des hôpitaux est strictement réglementé» dira Zahi-Tamouza Hafida, directrice de Cleanski. Elle rapportera également qu'au niveau de la décharge contrôlée de Zef-Zef, les déchets hospitaliers sont rarement présents. «Avant de les mettre en décharge les ordures ménagères passent obligatoirement par la phase aiguillage et contrôle». Cependant, Zahi-Tamouza reconnait que des déchets des salles de soins restent assez présents parmi les déchets ménagers, ce qui explique que certaines salles ne respectent pas les consignes de sécurité relatives à ce genre de déchets. Comme quoi, il ne suffit pas d'établir des lois et mettre en place des systèmes de contrôle si les acteurs de la santé publique restent encore en marge du bon geste sanitaire. La santé est aussi une culture. On l'a ou on ne l'a pas.