Les détracteurs du projet de la Grande Mosquée continuent d'alimenter la polémique : l'importante sismicité du site compromettrait la réalisation du minaret à la hauteur projetée au départ (270 m) et ferait fuir les réassureurs. Les autorités sont aux petits soins avec la Grande Mosquée, malgré un contexte financier difficile. Une commission multisectorielle, composée de représentants des ministères de l'Habitat, des Affaires religieuses et de la Culture, a été installée jeudi à Alger, pour examiner tous les détails inhérents à la «forme finale» que devra prendre la Grande Mosquée d'Alger, a rapporté l'APS. Cette commission pluridisciplinaire devra choisir les matériaux de construction nécessaires à la réalisation de l'édifice et ses différentes structures, de manière à refléter l'identité nationale et à garantir une qualité supérieure de réalisation, a indiqué le ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville, Abdelmadjid Tebboune, lors de la réunion d'installation de la commission. Un cahier des charges «détaillé» sera élaboré par la commission pour toutes les opérations de décoration, d'ornementation, de sculpture et de revêtement des sols, des murs et des piliers de cet édifice qui sera construit avec des matériaux produits localement. Les ministères de l'Habitat et des Affaires religieuses, qui avaient installé en mai dernier une commission conjointe chargée de choisir les versets coraniques et les hadiths qui orneront cet édifice religieux, avaient soumis récemment les résultats de leur travail au président de la République pour approbation. Selon M. Tebboune, tous les travaux de miniatures et de décoration seront confiés à des artisans algériens mais, en cas de besoin, il sera fait appel aux spécialistes étrangers. La forme du minaret maintenue ? «Des négociations sont en cours avec l'entreprise China State Construction Engineering Corporation LTD (CSCEC) afin qu'elle puisse, une fois le projet réceptionné, rester une année de plus en Algérie pour former des techniciens algériens», a précisé le ministre. Lancé en 2012, le projet avait accusé un retard énorme estimé à plus de 18 mois en raison de plusieurs problèmes liés à l'instabilité à la tête de l'Anagerma, mais surtout au manque de coordination entre le bureau d'études allemand et l'entreprise chinoise CSCEC. Le ministère de l'Habitat, qui a repris en main le projet, a fini par se séparer de son partenaire allemand, qui a vu son contrat résilié et ses ingénieurs interdits de chantier. Le suivi du projet, confié au bureau allemand KUK, n'aurait pas donné satisfaction à la partie algérienne qui a décidé de le poursuivre avec la CSCEC. La cadence actuelle relevée, selon le ministère de l'Habitat, ne permettra pas de réduire les délais, le chantier ne devrant pas être livré avant la fin de l'année 2016. Et une partie seulement, précisent des sources. Les détracteurs du projet de la Grande Mosquée continuent d'alimenter la polémique : l'importante sismicité du site compromettrait la réalisation du minaret à la hauteur projetée au départ (270 m) et ferait fuir les réassureurs. M. Tebboune, qui se fait fort de faire lui-même une visite d'inspection au moins chaque mois sur le chantier, a répondu, le 14 novembre, à ces allégations qu'il juge «infondées», qualifiant ceux qui font circuler ces rumeurs de «défaitistes» qui remettent en question toutes les grandes réalisations de l'Algérie. Parlant d'un contrôle strict mené par des experts algériens et étrangers, le ministre a affirmé que le minaret, dont une cinquantaine de mètres a été déjà réalisée, «ne connaîtra donc aucune révision à la baisse de sa hauteur». S'étendant sur plus de 20 ha, l'infrastructure compte douze bâtiments indépendants, dont une salle de prière (120 000 fidèles), une esplanade, un minaret, une bibliothèque (2000 places), un centre culturel, une maison du Coran (300 places), un musée d'art et d'histoire islamiques, un parking pour 6000 véhicules, des bâtiments administratifs ainsi que des espaces réservés à la restauration.