De nombreuses maladies sont aujourd'hui sources de dépenses avec un impact important sur les budgets des Etats. Le diabète et ses complications, le cancer, les maladies cardio-vasculaires sont autant de pathologies nécessitant des traitements onéreux. La rationalisation des dépenses constitue ainsi le défi que tous les pays doivent relever afin d'assurer et apporter une amélioration des soins de santé. Un challenge que tous les Etats doivent réussir sachant que la faible croissance économique et les niveaux élevés de la dette publique ont pesé négativement sur les systèmes de santé de tous les pays de l'Union européenne, ont expliqué des experts et des économistes à l'ouverture des travaux du 18e Congrès européen annuel de l'International society for pharmaco economics and outcomes research (Ispor) qui s'est tenu à Milan, en Italie, du 7 au 11 novembre dernier, et auxquels ont pris part des Algériens dont des cadres au ministères de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, des membres de la direction de la pharmacie, la réglementation, des ressources humaines et du budget, du Laboratoire national du contrôle des produits pharmaceutiques, des directeurs de santé et des journalistes invités par les laboratoires Novo Nordisk, qui ont également bénéficié d'une formation de deux jours ayant pour thèmesn entre autres «L'introduction aux évaluations sur l'économie de la santé et la pharmaco économie», à «L'analyse des bases des données d'études observationnelles relatives aux effets de traitements», à «L'évaluation des résultats rapportés par le patient, à la modélisation et arrangement basé sur le partage de risques» et «L'analyse d'impact budgétaire». Des cours introductifs à un congrès où des études et des évaluations relatives à des résultats portant sur l'utilisation des médicaments, des dispositifs médicaux, la prévention des maladies, la chirurgie, les procédures de diagnostic, etc. ont été présentées par des experts en économie de santé. Plus de 5000 participants ont assisté à cet événement annuel dont des chercheurs, organismes de réglementation, décideurs et leaders mondiaux, développeurs assesseurs des technologies de la santé et pris connaissance de nouvelles expériences innovantes dans la conduite et l'utilisation des techniques de la technologie de la santé. Un des grands défis justement, selon les experts économistes, qui estiment que «les technologies de la santé constituent la base de toute stratégie à adopter», ce qui a d'ailleurs fait l'objet de la première session plénière sous le titre «Approche actuelle et future fondée sur le cycle de vie et portant sur les prises de décision relatives aux technologies de la santé». Pour Jérome Boehm, directeur général de la santé et de la sécurité alimentaire au niveau de la Commission européenne, toute évaluation nécessite des outils et ce sont ces outils qui aident à prendre des décisions et à travailler. Le modèle Marcov et autres méthodes relatives à l'analyse décisionnelle sous-jacentes aux modèles mathématiques sont, entre autres, les moyens d'aide à la prise de décision. En santé, c'est pareil, les technologies de la santé sont incontournables pour prendre les bonnes décisions et assurer un bon système de santé. «Ces technologies doivent être à la base de toute prise de décision et aller aux méthodologies plus stables pour enfin adopter une stratégie», a-t-il souligné tout en citant l'exemple dans le choix des dispositifs médicaux. Pour ce faire, M. Boehm signale que la collecte des données est primordiale pour pouvoir globaliser les preuves, chose indispensable pour la prise de décision. Il faut constituer toute une bibliographie avant toute prise de décision pour, au final, opter pour les bons produits. Pour lui, il important de lutter contre la disparité et l'urgence. «Nous avons besoin des développeurs de technologie pour aider les responsables à prendre des décisions aux niveaux local et national», a-t-il encore souligné. «Sommes-nous prêts à passer de la théorie à la pratique ?» est la question débattue lors de la deuxième plénière au cours de laquelle trois intervenants ont mis l'accent sur les résultats des évaluations durant une décennie dans le remboursement des médicaments et dispositifs, l'évaluation des interventions de santé publique, les validations des nouvelles technologies et financement des services de santé complexes en Europe et aux Etats-Unis. «Nous sommes passés du champ de la recherche à la pratique», souligne Lorenzo G. Mantovani, professeur associé à la santé publique au centre de recherche sur la santé à l'université de Milan, en Italie. Ainsi, le président de l'Institut national de santé italien, Walter Ricciardi, est revenu sur ce défi de passer de la théorie à la pratique et de s'interroger s'il y a réellement une différence entre la théorie et la pratique ? La différence pour lui est plutôt dans la pratique. L'approche intégrée est donc la solution, selon lui, pour avoir un meilleur système de santé où il faut restructurer les soins intégrés et centrés sur le patient pour arriver à son autonomisation. Pour ce faire, la modernisation des moyens de travail et le partage de données sont primordiaux. Pour Brian O'Roucke, de l'Agence canadienne des médicaments et des technologies, le patient doit être impliqué pour améliorer les résultats des recherches afin de réfléchir sur les besoins des générations futures. «Il faut également instaurer un dialogue précoce entre les producteurs et les payeurs afin de renforcer la valeur du système de santé», a-t-il précisé. La troisième session a été consacrée aux recommandations portant sur l'analyse des prises de décision multicritères, les bonnes pratiques éæmergentes et des controverses restantes. Il est donc admis et recommandé aux Etats de promouvoir les soins intégrés, améliorer les nouvelles technologies de santé (Health Technology Assessment) pour évaluer les systèmes et inclure de nouveaux indicateurs de performance qui sont, entre autres, les éléments d'amélioration de cette approche intégrée. Ce qui permettra une réduction des hospitalisations, l'amélioration de la qualité de vie, l'adhésion des patients aux traitements, lutter contre les facteurs de risque comme l'obésité, le tabagisme, l'hypertension artérielle, etc.