Le fardeau des maladies non transmissibles et leur impact sur les coûts de prise en charge pèsent lourdement sur les budgets des Etats à travers le monde. Amsterdam (Hollande) De notre envoyée spéciale La demande en matière de soins est en constante augmentation et les solutions à travers les modèles de gestion ne sont pas toujours aussi faciles à appliquer. La rationalisation des dépenses constitue ainsi le défi que tous les pays doivent relever afin d'assurer et apporter une amélioration des soins de santé. Un challenge que les pays d'Europe sont condamnés à réussir. «La faible croissance économique et les niveaux élevés de la dette publique ont pesé négativement sur les systèmes de santé de tous les pays de l'Union européenne. Bien qu'il existe de grandes différences entre les pays de l'Union européenne, ces derniers doivent tous faire face à une augmentation de la demande en matière de soins de santé. En abordant ce thème, le congrès espère trouver une réponse à la question de savoir comment passer à un système de santé dans lequel les soins de santé dispensés sont abordables tout en étant les meilleurs possibles», ont expliqué les coprésidents, Carin A. Uyl-de Groot et Finn Borlum Kristensen, du 17e Congrès européen annuel de l'International society for pharmacoeconomics and outcomes research (Ispor)* qui s'est tenu à Amsterdam du 8 au 12 novembre 2014 et auquel une délégation algérienne a pris part, dont des universitaires, économistes, journalistes, médecins épidémiologistes, pharmaciens et des parlementaires invités par les groupes Novonordisk et Saidal. Le thème abordé cette année lors de ce congrès annuel, qui a vu la participation de 4000 personnes entre chercheurs, universitaires, responsables politiques, agences de santé, pharmaciens et l'industrie pharmaceutique d'une cinquantaine de pays est : «Nouveaux défis pour améliorer les soins de santé en Europe» qui fait face aujourd'hui à une disparité dans l'accès aux soins, ont relevé les experts, d'où l'importance, ont-il souligné, d'aller vers la création de systèmes de santé durables en Europe. Lors de la première session, les différents spécialistes ont expliqué l'importance de l'enjeu et la nécessité de fournir des soins à des prix abordables aux patients atteints de cancer, comment passer à des systèmes de soins intégrés et comment aligner les systèmes de paiement basés sur la performance avec possibilité de tarifs différentiels à travers l'Europe. En outre, les besoins des pays de l'Europe de l'Est et centrale recevront une attention toute particulière. Richard Sullivan a estimé que les besoins en matière de prise en charge du cancer sont en constante augmentation et il signale que «de nombreuses difficultés sont rencontrées pour la mobilisation des ressources financières à long terme. Il s'agit d'une maladie qui ruine souvent des familles entières». Il signale que dans les pays émergents à la démographie croissante comme l'Inde, cette maladie est l'une des causes majeures de dépenses. Pour lui, il est important de mettre en place des systèmes de financement plus abordables et accessibles. L'experte hollandaise, Maureen Rutten-Van Molken, est revenue sur la réforme des systèmes de santé en Europe en faisant référence au passage à un système de soins intégrés et un alignement des systèmes de paiement basés sur la performance. Elle a souligné que les maladies non transmissibles constituent le tueur numéro un et causeront le décès de 7,9 millions de personnes d'ici 2015. Elle a signalé qu'en dépit de la mobilisation des moyens financiers et matériels pour la prise en charge de ces maladies, beaucoup de patients n'ont pas accès aux soins de qualité, d'autant que la majorité des patients souffrent de plus d'une maladie. «65 % des personnes âgées de plus de 65 ans souffrent de deux pathologies chroniques ou plus, ce qui rend la prise en charge plus difficile. La multimorbidité réduit la disponibilité de la main-d'œuvre et la productivité», a-t-elle indiqué. L'accès aux produits innovants très limité en Europe de l'Est et centrale Elle préconisera l'approche intégrée adaptée à chaque patient, qui permettra une réduction des hospitalisations, l'amélioration de la qualité de vie des patients, l'adhésion des patients aux traitements, avoir une organisation professionnelle en réseau, lutter contre les facteurs de risque comme le tabagisme. «Promouvoir les soins intégrés, améliorer les nouvelles technologies de santé (Health Technology Assessment) pour évaluer les systèmes et inclure de nouveaux indicateurs de performance sont, entre autres, les éléments d'amélioration de cette approche intégrée», a-t-elle encore souligné. Pour sa part, l'expert hongrois, Zoltan Kalo, a estimé que les pays d'Europe centrale et de l'Est enregistrent le plus de difficultés en matière de prise en charge sanitaire. Les tarifs différentiels appliqués à travers l'Europe sont l'impact de la crise économique. L'expert a noté que le prix basé sur la valeur ne peut pas être le même dans tous les pays. «Ce tarif référentiel est non justifié dans les pays à bas revenus tels que l'Europe de l'Est et centrale», a-t-il estimé, et de déplorer : «L'accès aux nouveaux médicaments est très limité et l'efficacité est réduite». Il a lancé à l'occasion de ce congrès un appel aux pays de l'UE pour manifester leur solidarité aux pays de l'Europe de l'Est et centrale, «car on a besoin d'une discrimination positive. Nous demandons l'équité, accroître les financements et inclure les chercheurs des ces pays. On ne peut pas créer un système de santé juste dans une société injuste», a-t-il ajouté. Au cours de la deuxième séance plénière intitulée «Accès plus précoce à l'innovation : cela en vaut-il la peine ?», les thèmes abordés seront l'octroi d'une licence adaptive, la couverture santé et le développement des données, et les différents programmes permettant de traiter l'incertitude des données. Les registres de patients comme outils d'évaluation des technologies de la santé (HTA) dans la recherche des résultats économiques.