Les hausses des prix des différents produits prévues dans le projet de loi de finances 2016, en discussion au niveau de la commission des finances et du budget de l'Assemblée populaire nationale, ne risquent pas de faire l'unanimité au niveau des groupes parlementaires même ceux qui partagent les mêmes positions politiques. Bien que plusieurs députés jugent qu'il est encore «prématuré» de se prononcer sur ce projet, certains considèrent que le pouvoir d'achat des citoyens doit être protégé, surtout que le taux d'inflation risque d'augmenter en 2016 sous l'effet des différentes augmentations annoncées. Selon Hocine Kheldoun, député du Front de libération nationale (FLN), le parti ne peut encore se prononcer et n'a pas encore pris de position par rapport à ces futures augmentations. Les députés de son parti sont libres de débattre les dispositions prévues dans le projet de loi de finances 2016, lors de la plénière. «Actuellement, ils sont en train de préparer un rapport préliminaire qui sera présenté au niveau du parti où le secrétaire général, Amar Saâdani, écoutera les analyses techniques avant de donner des orientations aux élus du parti. En revanche, le Parti des travailleurs (PT) a déjà pris position et s'oppose d'ores et déjà au projet de la LF 2016. «Le groupe parlementaire du PT va rejeter la totalité du projet», a indiqué Smaïl Kouadria, député du PT. Néanmoins, des discussions sont en cours au niveau du groupe parlementaire. Le député soulignera que «les mesures proposées dans ce projet de loi appauvrit davantage les pauvres et enrichit les riches. La hausse des prix de l'électricité, gaz, gasoil et essence super auront un effet d'entraînement sur les prix, ce qui engendrera une hausse de l'inflation, a-t-il prévu. Il appellera, en revanche, le ministre des Finances à réfléchir à d'autres mesures pour optimiser les ressources de l'Etat à la place de ces hausses comme l'instauration d'un impôt sur la fortune. «Pourquoi ne pas imposer une taxe aux 5000 milliardaires que compte le pays», s'est-il demandé, citant l'expérience de l'Espagne qui a collecté 3,7 milliards d'euros grâce à l'impôt sur la fortune. Kouadria considère que la prochaine loi de finances est une continuité de la LFC 2015 du fait qu'elle accorde de nouveaux avantages voire «des cadeaux» aux entreprises au détriment des citoyens. Il reviendra sur le cas de la TAP qui a été révisée à la baisse, dans le cadre de la LFC 2015, alors que 0,66% des revenus de cette taxe est versée dans le budget communal. «Cette taxe constitue le seul revenu pour les communes enclavées», a-t-il déploré. Kouadria invitera en revanche le gouvernement à chercher d'autres sources pour compenser la baisse des revenus pétroliers, en déclin de 50% depuis début 2015. Il attire l'attention sur le fait que «certaines dispositions de la LF 2016 sont plus graves que la hausse des prix de l'électricité, gaz et carburants». En effet, il explique que la suppression «déguisée» du droit de préemption que peut exercer l'Etat en cas de départ d'une entreprise étrangère en est un cas important. Ces entreprises peuvent céder leurs actions via La Bourse, ce qui annule le droit de préemption, a-t-il alerté. Pour sa part, Djelloul Djoudi, député du PT et membre de la commission des finances, a estimé qu'«il est prématuré de se prononcer sur le projet de la LF2016». Mais, il note que les répercussions des hausses des prix de l'électricité, gaz et carburants seront perceptibles sur les transports, les différents produits, le pain. «Tous les prix vont augmenter», a-t-il prévenu. Le président du groupe parlementaire du RND, Mohamed Guidji, a révélé que le groupe parlementaire de son parti pourrait proposer des modifications. «Nous n'acceptons pas que les produits subventionnés soient détournés», a-t-il fait remarquer. Il dit ne pas accepter aussi que le pauvre et le riche soient sur le même pied d'égalité. «La subvention des prix du pain, lait et autres produits profitent à tous. A cet effet, nous ne sommes pas satisfaits», a-t-il noté, annonçant que le RND fera des propositions en vue de réorienter les subventions et cibler les couches défavorisées.