Le texte de Nouria Benghebrit invite les enseignants à être exemplaires en matière de civisme, de respect et de ponctualité. «Les éducateurs doivent s'interdire toute discrimination envers tout membre de la communauté éducative, en rapport avec son niveau social, ses croyances, son handicap, sa maladie, comme ils doivent faire preuve d'une totale neutralité politique et idéologique dans l'exercice de leurs fonctions.» Six syndicats du secteur de l'éducation sont prêts à signer la charte d'éthique et de stabilité, selon les premiers échos de la rencontre ayant regroupé, hier, les représentants du ministère et ceux de huit formations syndicales afin d'enrichir le texte mis à leur disposition par le département de Nouria Benghebrit. Il s'agit du Snapest, du Snapap, du Snapep (primaire), du Staef et du Syndicat des corps communs. La Fédération nationale des travailleurs de l'éducation (FNTE), affiliée à l'UGTA, se dit signataire, mais «avec des réserves», indique une source proche de ce syndicat. L'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (Unpef) a, quant à elle, rejeté la charte tel que formulé par le ministère et en propose une autre mouture «plus respectueuse des libertés syndicales et des droits de toute la communauté scolaire», indique un membre du conseil national de cette formation qui précise que la position définitive de ce syndicat sera communiquée par les instances habilitées. Le CLA et le Cnapest ont rejeté l'initiative, estimant qu'elle est contraire au principe de négociation de la liberté syndicale. Le texte proposé par le département de Nouria Benghebrit, dont El Watan détient une copie, s'étale sur huit pages. Il place l'élève au centre de ses préoccupations. Fournir les conditions optimales de scolarité doit être explicité par une charte, soutiennent les auteurs du projet. «Le développement de notre système éducatif comme l'ensemble de nos expériences en matière de politique éducative et de pédagogie ont contribué à établir l'importance de disposer d'une référence explicite à un ensemble de principes d'éthique et de stabilité. Un consensus de fait autour de ces principes a tendu à se former, il s'agit de l'expliciter et de l'élargir et donc de le consolider par son énonciation dans une charte», arguent-ils. En fixant les droits et les devoirs de chaque élément, le texte, dont la mouture finale sera connue et signée le 29 novembre, insiste sur l'impératif de laisser les élèves loin de tous les enjeux et manipulations dont ils pourraient faire l'objet. S'adressant aux éducateurs, aux parents d'élèves et aux syndicats, la charte explicite l'obligation de neutralité. «L'école constitue la cellule de base du système éducatif. Elle est le lieu privilégié de la connaissance des valeurs. Elle doit être impérativement protégée de toute influence ou manipulation à caractère idéologique, politique ou partisan», lit-on dans le document. Le texte de Nouria Benghebrit somme également les enseignants à être exemplaires en matière de civisme, de respect et de ponctualité. «Les éducateurs doivent s'interdire toute discrimination envers tout membre de la communauté éducative, en rapport avec son niveau social, ses croyances, son handicap, sa maladie, comme ils doivent faire preuve d'une totale neutralité politique et idéologique dans l'exercice de leurs fonctions. Les éducateurs ne doivent prodiguer des cours de soutien aux élèves que dans le cadre de la réglementation en vigueur», insistent les auteurs de cette charte. Eviter la grève autant que possible Concernant l'exercice des activités syndicales, le texte stipule que «pour la prévention et la solution des litiges et des conflits, les partenaires sociaux doivent œuvrer à faire prévaloir le recours au dialogue et à éviter, autant que possible, le recours à des formes d'action pouvant influer négativement sur la scolarité des élèves et les perturber psychologiquement». La charte attend de ces partenaires qu'ils fournissent, dans le cadre de la réglementation «et dans la mesure du possible», de l'aide pour l'entretien des locaux et des dépendances scolaires, pour la réalisation d'activités périscolaires et pour la protection des élèves et des personnels éducatifs. Dans un communiqué diffusé hier, le ministère de l'Education nationale souligne que ce texte vise à «sortir» le secteur éducatif algérien de l'«instabilité chronique» qui l'a marquée ces dernières années. La charte a pour objectif de «créer des convergences saines et dynamiques donnant lieu à l'émergence d'une famille éducative, tant sur le plan conceptuel des représentations que des pratiques individuelles et collectives», a souligné le ministère dans une déclaration. Le texte a pour ambition de rassembler la communauté éducative sur des objectifs relevant plus du management public que de la tradition administrative dominante et se veut un cadre de référence méthodologique en matière de refonte pédagogique, de gouvernance et de professionnalisation des personnels par la formation. Les membres de la communauté éducative sont, dans ce contexte, tenus de s'investir dans une démarche qui ambitionne, aux plans éthique et déontologique, les meilleurs comportements et les meilleures pratiques pédagogiques et éducatives, ainsi que d'en combattre les dérives.