Les autorités algériennes utilisent les dispositions du code pénal érigeant en infraction l'«outrage», l'«injure» ou la «diffamation» visant des représentants de l'Etat et autres institutions pour restreindre la liberté d'expression sur internet ou dans la rue. A l'occasion de la célébration mondiale de la Journée des droits de l'homme, le bureau d'Amnesty International (AI) en Algérie alerte sur l'intensification, ces dernières semaines à travers le pays, de la répression contre la liberté d'expression non violente en ligne et hors ligne. «Les tribunaux ont prononcé des condamnations à des peines de prison contre un dessinateur à El Meghaïer, dans la wilaya d'El Oued, et poursuivent actuellement un militant pour une publication sur facebook. Douze manifestants pacifiques d'El Oued et de Tamanrasset ont été condamnés à des peines de prison et un militant en faveur des droits humains encourt la peine de mort», indique une déclaration du bureau d'AI Algérie. L'ONG de défense des droits humains demande aux autorités algériennes «d'annuler les condamnations prononcées et d'abandonner les charges retenues contre les militants non violents accusés d'avoir pacifiquement exercé leurs droits à la liberté d'expression et de réunion». Sous le titre «Algérie : il faut cesser de prendre pour cible ceux qui critiquent le gouvernement», la déclaration d'AI souligne que les législateurs algériens «doivent modifier les lois érigeant en infraction l'exercice des libertés civiles et prévoyant des peines de prison contre des manifestants non violents». La déclaration d'AI estime que «la récente série d'arrestations et de poursuites visant des militants pacifiques tend à montrer que les libertés civiles sont de plus en plus menacées en Algérie». Et de préciser que «malgré les obligations auxquelles le pays est tenu en matière de droits humains, au titre du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, et les garanties relatives aux droits à la liberté d'expression et de réunion pacifique inscrites dans la Constitution algérienne, les autorités algériennes recourent au tribunaux pour réduire les dissidents au silence, invoquant diverses lois répressives». Ainsi, les autorités algériennes utilisent les dispositions du code pénal érigeant en infraction l'«outrage», l'«injure» ou la «diffamation» visant des représentants de l'Etat et autres institutions pour restreindre la liberté d'expression sur internet ou dans la rue. Amnesty souligne que «si la loi algérienne 91-19 relative aux réunions et manifestations publiques exige une déclaration préalable, les autorités doivent éclaircir ses modalités d'application afin de garantir que cela n'équivaut pas en pratique à une obligation d'obtenir une autorisation préalable, donnant lieu à des cas où les autorités locales s'abstiennent de donner une confirmation aux manifestations susceptibles d'être critiques à l'égard des autorités». Une conférence de presse est prévue aujourd'hui au siège d'AI à Alger autour de la campagne «Marathon des lettres» pour la promotion de la défense des droits de l'homme.