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Jardins publics : La peur au lieu des roses
Entre sinistrose culturale et incivilité culturelle
Publié dans El Watan le 10 - 12 - 2015

Les jardins publics, ces espaces urbains verdoyants et bigarrés, sont souvent boudés par les citadins qui voient en ces présumés lieux de récréation et de villégiature, des endroits mal fréquentés où l'incivisme a totalement phagocyté l'essence-même de ces lieux destinés à la détente et à l'essor de la socialisation.
Aujourd'hui, les jardins publics sont le reflet d'une société mal dans sa peau et qui a oublié depuis longtemps de prendre du bon temps. Un plaisir tout simple, comme par exemple respirer un bol d'air frais dans des allées bordées d'arbres et de multiples espèces végétales.
En Algérie, comme dans d'autres pays du Maghreb, la plupart des jardins publics ont été réalisés durant l'occupation française pour «habiller» les quartiers coloniaux en vert et améliorer le cadre de vie de leurs concitoyens venus de l'hexagone. C'est d'ailleurs à l'aube de la colonisation qu'a vu le jour, en 1832, le magnifique Jardin d'essai et d'acclimatation du Hamma à Alger, qui s'est agrandi au fil du temps en passant de 5 ha à 58 actuellement.
Or, si ce jardin botanique, classé parmi les 10 plus beaux au monde, est jalousement préservé et entretenu, attirant de très nombreux visiteurs, c'est loin d'être le cas des autres jardins publics que comptent les grandes villes algériennes. Outre l'absence d'entretien censé assurer la pérennité des lieux, les incivilités et la mauvaise fréquentation, parfois, ont relégué ces espaces verts en lieux d'insécurité suscitant une profonde désaffection des citoyens. Ils constituent davantage un refuge pour de jeunes désœuvrés ou de vieux retraités, mais peu de familles à la recherche de nature et de quiétude.
La loi n° 07-06 du 13 mai 2007 relative à la gestion, la protection et au développement des espaces verts dans le cadre du développement durable semble à des années lumière de la réalité. Faire de l'introduction des espaces, dans tout projet de construction, «une obligation prise en charge par les études urbanistiques et architecturales publiques et privées», n'est en fait qu'un vœu pieux !
Non seulement les espaces verts manquent cruellement dans les nouvelles cités, mais les anciens espaces verts qui existent depuis plusieurs décennies, voire plus manquent également d'aménagement et de gestion durable. A Constantine notamment, la plupart des jardins se portent mal. La tentative de réaménagement de certaines de ces aires dédiées à la nature, à l'occasion de l'année de la culture arabe, n'a pas eu l'effet escompté. Le charme n'a pas opéré.
La municipalité a voulu redonner vie à certains espaces verts, flétris par le temps autant que par la désertion des riverains, en élaborant un programme de réhabilitation de certains jardins publics, mais les vieilles habitudes sont difficiles à endiguer. Ce programme visait à réconcilier le citoyen avec les espaces verts en faisant de ces lieux des «open space» naturels, en commençant par enlever les clôtures notamment, mais cela n'a pas suffi à enchanter les citadins, englués dans des concentrations urbaines à perte de vue.
Les familles se font rares
Situé en plein cœur de la ville du vieux Rocher, pris en sandwich entre la maison de l'agriculture et la Grande poste, le jardin Bennacer, appelé en langage populaire Djenane El Morkantiya (Jardin des riches), n'attire pas les foules. Même la «cure de rajeunissement» dont il a bénéficié en 2012, période au cours de laquelle la barrière métallique qui l'entourait a été enlevée, n'a rien changé.
Devenu plus accessible aux passants, aux flâneurs et autres désœuvrés, le jardin Bennacer est resté, malgré certains réaménagements, peu fréquenté par les familles. Remis au parfum du jour à l'occasion de l'Année de la culture arabe à Constantine, le jardin Bennacer abrite des jeunes vendeurs de babioles à la sauvette, des vendeurs de portables et autres objets d'occasion et bien entendu ces étals de fortune affecte l'esthétique de cet espace vert.
A défaut d'un cadre organisé, ces activités informelles lui confèrent un air de marché aux puces miniature qui tranche avec le rôle primaire qu'est censé jouer un espace public urbain. «Datant de l'époque coloniale, le jardin Bennacer s'étale sur une superficie d'un hectare et était essentiellement fréquenté par les négociants de fruits et légumes qui venaient négocier les prix des produits. Il était conçu pour alimenter tous les espaces verts de Constantine grâce à une verrière dotée d'un chauffage central pour assurer l'élevage et la maintenance de toutes les plantes à fleurs et d'ornement. Djenane El Morkantiya était une véritable vitrine culturale et culturelle.
A l'époque, il était entouré par une clôture végétale finement ciselée, avant d'être remplacée après l'indépendance par une barrière métallique. Depuis trois ans, il n'y a plus rien, le jardin est ouvert aux quatre vents», raconte M. Kamel Barouche, maître artisan paysagiste, qui se souvient de ses allées ombragées, des pergolas enguirlandées de glycines, ses bougainvilliers et ses rosiers grimpants. Indigné, notre interlocuteur déplore la disparition de la clôture végétale qui représente un atout primordial pour la biodiversité, et pour la pérennité de l'écosystème.
«La peur au lieu des roses»
Nostalgique, M. Barouche se rappelle de son enfance passée dans ce jardin «vitrine des arts et métiers, et de la culture plurielle de la ville des ponts». «Les jardiniers exerçaient leur métier avec amour et dextérité dans l'application de la mosaïculture mobile qui est une façon culturale très élaborée qui consiste à transfigurer le décor du tableau floral d'une plate-bande en jouant sur la mobilité des plantes amovibles en un tour de main. C'est cette pratique arabo-berbère qui a valu au fameux Généralife, jardin de récréation des princes de grenade, l'appellation de Djenet El Ârif (Le jardin de l'architecte).
Aujourd'hui, au jardin Bennacer on cultive la peur et la sinistrose à la place des fleurs et des roses», ajoute-t-il. Le déclin a débuté, selon lui, à partir de 1975, après le départ à la retraite des jardiniers de l'époque qui ont emporté avec eux un savoir-faire que leurs successeurs n'ont pas réussi à acquérir. «La succession s'est faite par des gens complètement hors sujet qui ignoraient tout du métier au même titre que leurs parents», précise-t-il. En clair, ce ne sont pas les descendants des jardiniers qui ont repris le flambeau, mais des personnes pour lesquelles ce domaine était totalement méconnu.
Le jardin des pauvres appelé aussi Djnene Zaoualia, situé à l'opposé de celui des Morkantiya, à l'ouest du square Panis (du côté du Novotel, situé au centre-ville) a d'ailleurs connu un sort similaire. «Il était fréquenté par les porteurs affectés au déchargement des charrettes de fruits et légumes et était composé de 2 ou 3 paliers dédiés à la culture des plantes à bulbe comme les tulipes par exemple. Les bulbeuses se cultivent selon les saisons et n'ont aucunement besoin de verrière. Leur culture se fait par rotation, en récupérant le bulbe pour le replanter. Ce jardin faisait le bonheur des vieilles dames qui s'y rendaient pour tricoter», rappelle M. Barouche.
Absence de volonté politique
Ce dernier évoque aussi le cas des autres jardins de la ville, comme celui de Guessoum Mohamed (situé en contrebas du boulevard Belouizdad), le jardin de Sousse (Bab El Kantra), le square Beyrouth (quartier de Sidi Mabrouk), ainsi que ceux de Belle vue, du musée Cirta, et les plates-bandes en forme d'escaliers sur le chemin qui mène du pont de Sidi M'cid au Monuments aux morts. Une dizaine de jardins en manque d'entretien, qui ne demandent qu'à «revivre» pour peu qu'il y ait, estime ce maître artisan paysagiste, «la volonté politique pour leur redonner vie».
Pour M. Barouche, la situation dans laquelle se trouvent les jardins publics de Constantine notamment «n'est pas irréversible. Mais, d'un autre côté, les artisans jardiniers qui connaissent bien le métier n'existent pas de nos jours. Il y a aussi le problème du maître de l'œuvre qui ne connaît rien à l'ouvrage».
L'Institut de technologie moyen agricole spécialisé (ITMAS) - il en existe d'ailleurs plusieurs au niveau du territoire national - se veut pourtant depuis les années 1980 un acteur incontournable dans la formation aux métiers agricoles et le développement de l'agriculture de montagne en formant des techniciens et adjoints techniciens en agriculture, horticulture ornementale, paysagisme, la greffage et la taille des arbres, la santé animale et des végétaux.
Mais alors pourquoi manque-t-on cruellement de verdure entre les murs de nos cités ? Pour quelle raison n'avons-nous pas en Algérie des techniciens de la nature chargés de l'entretien et de l'aménagement des jardins qui connaissant bien les caractéristiques des végétaux et la préparation des sols ?


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